Traqués 2.0

Chapitre 6

 Sarah prend Léo par le bras malgré ses protestations. Dans une ville qu'elle connaît à peine, elle essaie de retrouver son chemin et de retourner à la voiture. Il faut dire qu'elle a tourné un moment pour trouver Léo.

Les deux commencent à s'essouffler. L'homme est à leurs trousses et il se rapproche.

Pensant avoir trouvé la direction de la camionnette, Sarah presse son jeune compagnon. Selon elle, ils ne sont plus qu'à quelques coins de rue. Ils trottinent tous les deux dans les ruelles. Ce n'est pas très discret mais le moins de temps ils passent ici, le mieux ça sera. Elle sert fort dans sa main celle de Léo. Inconsciemment, elle puise la force de continuer en lui.

À bout de souffle, Sarah voit enfin sa camionnette au loin. Elle jette un coup d'œil à Léo, qui se laisse trimballer sans broncher, en souriant.

Et puis sans prévenir, un homme se dresse entre elle et sa voiture. En une fraction de seconde, elle le reconnait. C'est le même type qui a descendu sa pote et qui traque le petit.

Il se dirige droit dans leur direction, d'un pas décidé. Sarah ose à peine lever les yeux de peur de croiser son regard. À côté d'elle, Léo avance et la regarde paniqué. La respiration de Sarah accélère. Elle se décale petit à petit vers Léo. Son bras autour de ses épaules se transforme bientôt en un bouclier. Elle protégera ce petit coûte que coûte. Elle remonte sa main au niveau du visage de l'enfant. Ce petit geste affectif calme le jeune garçon. De l'extérieur, c'est juste une maman qui caresse la joue de son fils. De l'intérieur, c'est une jeune femme paniquée qui essaye de cacher au niveau le visage de l'enfant pour pas qu'il soit reconnu.

À chaque pas, ils se rapprochent un peu plus de cet homme. Sarah est particulièrement tendue, elle craint le pire. Elle détourne la tête à l'opposé de l'homme en essayant de paraître la plus naturelle possible. Tout se passe au ralenti à travers ses yeux. Elle pourrait presque décomposer chacun des mouvements qui constituent ses pas. Chaque regard de Léo. La démarche de ce type.

Puis ils se croisent. Inconsciemment, Sarah bloque sa respiration. Une fois qu'ils l'ont dépassé, elle déglutit avec difficulté. Le monde se remet à tourner normalement dans sa tête. Sa main descend de la joue de Léo et sa place entre ses omoplates. Elle tapote doucement son dos et d'un signe de la tête, elle lui fait signe d'accélérer. Le petit s'exécute sans poser de question. Discrètement mais rapidement, ils rejoignent leur véhicule. Et ils partent, bien loin d'ici.

Dans la voiture, un vague silence plane. On entend le bruit du moteur, mais eux deux ne disent rien. Ils laissent le paysage défiler derrière les vitres.

C'est Léo qui brise le silence.

«Pourquoi tu m'as pas dit qu'il était mort mon père ?»

Sous la demande du petit, elle se gare sur le bas-côté. Le seul décor à des kilomètres à la ronde est les salins. Eux-deux sont là, à se regarder dans le blanc des yeux. La seule once de mouvement vient de leurs cheveux. Comme paralysés, aucun n'ose dire un mot.

«Désolé, je ne sais pas faire ces choses-là moi... se justifie Sarah.

—Mentir, tu sais.»

Un nouveau blanc s'installe. Peu à peu, ils commencent à douter l'un de l'autre. Plus le temps passe et plus ils s'enfoncent dans leurs problèmes.

«À la radio, ils ont dit que c'était toi qui l'avait tué. Et que t'avais tué ta copine aussi.

—Tu vois bien qu'ils disent n'importe quoi, se défend-elle après un long moment de réflexion, presque blessée par les paroles du petit. J'aurais dû te le dire. Je te demande pardon.