Complètement hagard, le jeune garçon la toise haut en bas. La dernière fois qu'il a vu la lumière du jour, il était dans un parking souterrain avec son papa. Là, il se retrouve face à une inconnue et il n'a aucun moyen de savoir si c'est une des gentils ou une des méchants. Et son père, il est où ? Il a entendu des coups de feu... S'il allait bien, il serait revenu le chercher, non ? Il lui avait promis qu'il reviendrait le chercher bientôt.
Toujours dans le coffre, il essaye de regarder autour de lui. Mais ne reconnait rien. Il n'a jamais entendu ces gamins crier, il n'a jamais vu ces bâtiments.
Avec son arme de fortune, levée au-dessus de la tête, il tient Sarah à distance. Elle, elle ne sait pas quoi faire. Clairement, ça sent pas bon cette histoire. Est-ce qu'elle est censée le faire dégager, le garder avec elle, l'emmener chez les flics ? Elle n'a pas le mode d'emploi pour ça.
Le garçon déglutit et, avec la voix tremblante, lui demande,
«Tu connais mon père ? Il... Il est où ?»
Bien que les enfants ne soient pas sa tasse de thé, elle ne peut s'empêcher d'être touchée par ce petit, qui demande après son père. Il est terrifié.
«Allez, lâche ce truc, c'est ridicule ! l'encourage-t-elle, mais il réagit à peine. Je te veux aucun mal moi, ok ? complète-t-elle avec une voix plus douce»
Léo a envie de lui faire confiance. Même si elle a l'air aussi paumée que lui, elle a l'air sincère. Il la juge du regard, il cherche le moindre indice qui pourrait lui dire si c'est une bonne idée de suivre ses indications. Alors qu'il la jauge, il s'arrête sur son bras. Entre l'épaule et le coude, elle porte un bandage. Du sang à traversé le pansement et commence à en tâcher l'extérieur. Peut-être que c'est elle qui a essayé de faire du mal à son père... Et de toute façon, il lui a dit de ne pas bouger.
«Aller, descends et on va aller chez moi, insiste-t-elle gentiment.»
Le gamin laisse tomber l'objet qu'il a dans les mains et emjambe le rebord du coffre pour se jetter dans les bras de Sarah. Dans un mouvement de recul, la jeune femme essaye de protéger sa blessure mais le petit enroule ses bras autour de sa taille. Heureusement qu'il a évité son bras. Mais elle ne sait pas quoi en faire de ce petit...
Lui s'agrippe au dos de son t-shirt sans se soucier du reste. C'est la première fois depuis le parking souterrain qu'il se sent en sécurité. La tête collée à la poitrine de l'inconnue, il peut entendre son cœur battre. Il n'est pas médecin mais il dirait qu'il bat trop vite. En tout cas, les petits battements rapprochés et réguliers le rassurent Au bout de quelques secondes à enlacer la jeune femme sans réponse, celle-ci vient à son tour poser ses bras autour de son corps à lui.
Sous ses bras hésitants, Sarah sent les muscles de l'enfant se relâcher. Ses doigts câlinent doucement le dos du petit qui se détend de plus en plus. Elle se surprend elle-même en déposant un léger bisou au sommet de son crâne.
Elle finit par le reculer de son étreinte et lui sourit.
«Viens avec moi, j'habite juste derrière, au rez-de-chaussée du bâtiment E.», lui explique-t-elle et tournant la tête vers l'immeuble derrière elle.
Bien que méfiant, il hoche la tête. Sarah passe son bras valide autour de ses épaules en le tenant proche d'elle et le guide naturellement vers l'entrée. Elle aimerait avoir le courage de lui lancer ne serait-ce qu'un petit "ça va aller" mais elle n'ose pas. Elle ne sait pas comment s'y prendre. Est-ce qu'elle doit juste lui dire "ça va aller", commencer par "tu vas voir, ça va aller" ? Est-ce que c'est suffisant pour un gosse traumatisé ? Peut-être qu'elle ferait mieux d'arracher le pansement d'un coup sec et lui dire que son père est mort...
Le temps de réfléchir à tout ça, ils sont déjà face à sa porte d'entrée. Elle laisse le petit passer devant elle et lui indique le salon.
«Tu peux te poser là si tu veux, propose-t-elle en pointant le canapé. Si t'as besoin d'un truc, tu cris, je suis dans la cuisine.
—D'accord»
Incertain, il s'approche du canapé et y dépose délicatement sa veste, de peur de déranger l'ordre, plus qu'approximatif, qui règne dans l'appartement. Il observe tout ce qu'il y a autour de lui, curieux de connaître la femme qui l'accueille. Le mur est couvert de photo d'elle avec une autre fille et de dessins au crayon de papier. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire comme métier ? Quelque chose en rapport avec l'art en tout cas.
Dans la cuisine, Sarah fume une des cigarettes qu'elle a récupéré dans sa voiture. Dans un moment de doute, elle hésite à contacter la police, malgré tout. Nerveusement, elle joue avec son téléphone, le fait tourner dans ses mains, compose le numéro de la police puis raccroche. Et soupire.
Elle essaie d'oublier ça avec un verre... d'eau. Du robinet. Et c'est le moment exact que choisit le petit brun pour pointer son nez.
«Il faudrait prévenir mon père. Il va s'inquiéter pour moi, bredouille-t-il en se triturant les mains.
— Tu veux boire un truc ? offre-t-elle. Moi c'est Sarah. Et toi ?
— Léo. Il faut appeler mon père, il viendra me chercher chez toi.
— D'accord, donne-moi son numéro, feint-elle, coincée dans une situation inconfortable.
— Je l'ai pas. Il est dans mon téléphone mais je l'ai pas.»
Ils sont interrompus par la voisine qui débarque comme une fleur en se plaignant de sa journée. Après un bref discours, elle tourne la tête vers Sarah, et Léo. Puis elle fixe son amie.
«C'est qui lui ? questionne-t-elle en parlant comme si le principal intéressé n'était pas dans la pièce.»
Les deux adultes le renvoient dans la pièce d'à côté. Il se retrouve seul sur le canapé à tripoter le morceau de papier que son père lui a confié.
De l'autre côté du mur, Sarah se lamente sur son sort et sa malchance en faisant les cent pas et tirant compulsivement sur sa cigarette. Pourquoi ça tombe sur elle ? Pourquoi sa bagnole ? Sérieusement... Sur ses doutes et son comportement très agité, la voisine comprend bien vite qu'elle n'a pas dû prévenir les flics. Miraculeusement, elle la convainc de le faire, en dépit de ses expériences passées. Sarah essaye de se persuader que c'est la bonne chose à faire, pour elle et le môme. C'est la solution la plus censée.
En communication avec le standard, elle s'apprête à leur livrer des informations sur ce gamin que tout le monde est en train de chercher quand ce dernier les rejoins.
«T'appelles mon père ! T'as réussi à trouver son numéro ?
— Oui oui, mais il est sur messagerie, s'empresse-t-elle de lui répondre.
— J'vais lui laisser un message, lance-t-il en lui prenant le téléphone des mains, juste à temps pour entendre l'opératrice annoncer qu'elle a "bien contacté la police". Pourquoi t'as appelé la police ? Accuse-t-il paniqué. Mon père a dit de ne pas les appeler, ajoute-t-il quand elle essaye de lui reprendre le téléphone des mains.»
Quelqu'un sonne à la porte et la voisine s'échappe de la discussion tendue pour aller ouvrir.
Sarah essaye de comprendre pourquoi il ne fallait pas les appeler au moment où sa voisine ouvre la porte en mentionnant la rapidité de la police. Un instant après, un sifflement étouffé se fait entendre et elle s'écroule au sol, amorphe.
Les yeux écarquillés, Sarah plaque le petit Léo au mur en lui couvrant la bouche.
L'homme appelle Léo, à plusieurs reprises. Il vagabonde dans l'appartement, assez discrètement pour que personne ne le repère.
Sur la terrasse, une larme au coin de l'œil, le gamin demande à Sarah pourquoi il l'appelle.
« Faut pas qu'on reste ici.» est la seule réponse qu'elle est capable de lui donner.
Et de trois !
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Traqués 2.0
Misteri / ThrillerVoici une fiction interactive. On va réécrire Traqués, un film sorti le 14 mai 2018. Chapitre par chapitre, vous pourrez voter pour les choix des personnages et la suite des événements via mon compte instagram, traqués2.0 Je vous souhaite une bonne...