Traqués 2.0

Chapitre 10

 «Tu crois que je devrais ?

— Il a l'air sincère. Il a dit qu'il pouvait nous aider.

— Je te l'ai déjà dit, on...

— Peut pas leur faire confiance aux flics... Je sais. Mais on a pas vraiment d'autres solutions, on est coincés.

— Et si c'est un piège ?

— Et si c'est pas un piège ?»

Sarah soupire tout en regardant Léo droit dans les yeux. Il a peur, il en a marre de fuir. Lui, il a envie d'appeler, et elle sent bien que si elle ne le fait pas, lui le fera. Alors elle pèse le pour et le contre. Et même si c'est un piège, la situation peut difficilement être pire. Ce tueur est déjà sur leur piste, il va finir par les rattraper et les tuer. Au moins la police ne devrait pas laisser ça arriver.

«Ok... On va l'appeler.» Informe Sarah les mains tremblantes. Immédiatement, Léo esquisse un sourire. Et là, elle sait qu'elle a pris la bonne décision pour lui.

Tout de même hésitante, elle compose le numéro de la police et demande à parler personnellement au commissaire Donatelli. Léo remarque qu'elle est terriblement tendue. Elle ne peut s'empêcher de faire les cents pas, de gesticuler sur place, de jouer avec ses doigts et de ronger ses ongles. Elle sursaute même au moment où le flic prend l'appel.

«A...allo ?

— Sarah ?

— Oui.

— Comment va Léo ?

— Il va bien. Il est en sécurité pour le moment.

— Je crois que vous avez entendu mon message... Je sais pour ce qu'il s'est passé avec Lavier et les autres. Je sais pour le viol et le bébé.»

À ces mots, Sarah se fige. Seul son regard se déplace vers Léo. Il est grand, il sait ce que ça veut dire... Mais elle n'était pas prête à s'exposer à lui comme ça.

«Je... Oui.

— On va trouver une issue. L'important maintenant est que vous rameniez Léo. Ou au moins que vous nous disiez où on peut vous trouver.

— Vous avez déjà essayé de nous tuer. Pourquoi je vous ferais confiance ?

— C'était pas la police Sarah. Plus vite vous nous direz où vous êtes, plus vite vous serez en sécurité. Vraiment en sécurité.

— Nan... Vous allez faire quoi après ? Qui protégera Léo ?

— Sarah, on est les seuls à vraiment pouvoir protéger Léo.»

Dehors, un bruit interpelle la jeune femme. C'est plutôt distinct, une voiture arrive...

« Vous avez tracé l'appel ! Vous vous êtes foutu de nous !»

Sans demander son reste, Sarah lâche son téléphone et ordonne à Léo d'aller se cacher Mais celui-ci refuse. Il n'a plus qu'elle. Et bien qu'elle lui promet de le rejoindre, il n'y croit pas une seconde. C'est exactement ce que lui a dit son père...

«Je te le promet Léo. Je récupère cette fichue arme et je te retrouve. On doit se séparer pour avoir plus de chance de s'en sortir.

À contre-coeur, il s'éloigne. Il sort de la maison et part se cacher. Sarah, quant à elle, fonce dans la chambre. Complètement paniquée, elle commence à voir sa vie défiler devant ses yeux. Surtout les derniers jours, toutes les décisions qu'elle a prises. Pour elle, pour Léo. Son corps, sous pression, ne répond même plus à de simple demande. Ses mains ont perdu toute leur sensibilité. Elle s'y prend à plusieurs tentatives pour fouiller le sac et le renverse sur son lit. Elle saisit l'arme sans vraiment savoir si elle prévoit de l'utiliser...

Sur ses gardes, elle descend les marches une à une, soucieuse d'être la plus discrète possible. La vie de Léo dépend d'elle.

Derrière chaque angle de mur, elle a peur de trouver la menace qui plane sur eux depuis deux jours. Un silence de mort règne dans l'habitation. Concentrée et stressée comme elle est, le seul son qu'elle perçoit est la pulsation régulière de son cœur et sa réverbération dans sa tête. Avec précaution, elle inspecte toute la maison, pièce par pièce et finit par la cuisine. C'est désert.

C'est du coin de l'œil qu'elle repère du mouvement à l'extérieur. Léo est en fuite, et il est coursé par ce type. Ça ne fait qu'un tour dans son cerveau et elle se rue vers la grande porte.

Elle rattrape rapidement les deux quand Léo trébuche et tente de s'interposer. Tous ses mécanismes et réflexes sont à l'arrêt... Le voir pointer son arme sur le petit garçon lui tord les entrailles. Inconsciente du danger, elle fait son possible mais craint que ses efforts soient vains.

Puis la situation se retourne, ce n'est plus Léo, mais elle que cet homme tient en joue. Il est clairement à la recherche de l'argent et il ne laissera personne l'empêcher d'atteindre son but. Il sait que le gamin se soucie de la femme.

Sarah sent le souffle de son geôlier dans ses cheveux. Son visage est ravagé par des torrents de larmes. Elle est terrifiée pour sa vie. Son corps ne fait clairement pas le poids face à ce type. Il la tient avec un bras autour du cou et à chacun de ses mouvements, il resserre un peu plus sa prise sur sa proie. Désespérée, elle veut quand même raisonner ce fou. Ça la brise à l'intérieur d'être emprisonnée contre lui. Elle doit s'appuyer sur lui pour garder l'équilibre. Elle lui est entièrement soumise et sa vie dépend de son bon vouloir à cet instant.

Il la menace une dernière fois de se débarrasser d'elle et un coup de feu retentit. Elle sent son corps s'effondrer vers le sol. Un flash de lucidité lui permet de réaliser que ce n'est pas elle qui est blessée mais le gars qui la tenait si fort. Alors elle s'extirpe de sa prise. À nouveau, son premier réflexe est de chercher Léo. Au loin, elle aperçoit le commissaire de police qu'elle a eu au téléphone. Elle se glisse immédiatement devant le petit.

Les deux flics se montrent rassurants envers les deux fugitifs. Le commissaire semble être de bonne foi. Il est effectivement là pour les aider. Mais il conclut vite que ce n'est pas le cas de son collègue et un nouveau duel voit le jour.

Le méchant de l'histoire est bel et bien un policier. Et lui aussi cherche l'argent. Le premier gars n'était qu'un larbin qui suivait les ordres. En un tour de main, il neutralise la menace que représente son honnête collègue et pointe Sarah du bout de son arme. Ce qu'il veut, c'est le gamin qui est à nouveau parti se cacher. Sa seule cible est Sarah.

Mais lorsque Léo accepte de se montrer, Sarah saisit l'occasion. Elle attrape son arme et presse la détente avec dextérité. Il ne lui faut qu'une balle pour tuer cet homme.

Sarah prend immédiatement conscience de son acte. La violence des dernières secondes entre en collision avec le soulagement. La soudaine décharge d'émotion et l'incompréhension se mêlent à la retombée de la pression. Sarah s'écroule.

Léo, impuissant face aux larmes de Sarah, fait la seule chose qui pourrait potentiellement la réconforter. Il s'agenouille à son niveau et la serre dans ses bras.

Leurs deux corps sont secoués par les sanglots de Sarah. Seuls, perdus au milieu de ce terrain, ils s'appuient l'un sur l'autre pour survivre à cette épreuve.

J'a laissé un mot sur la page insta de la fiction pour vous exprimez mon ressenti vis-à-vis de celle-ci.