Un sentiment étrange

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Un rayon de soleil illumina la pièce. Harry se réveilla doucement. Il s'assit en tailleur sur son lit et regarda autour de lui. Ses amis étaient déjà descendus. Il enfila sa robe et se regarda un instant dans le miroir. Ses cheveux étaient toujours aussi ébouriffés, Harry ne s'épuisa pas à les coiffer désespérément et il se regarda dans les yeux. Les yeux de sa mère, comme on le lui avait si souvent dit. Il mit ensuite ses chaussures cirées et descendit les escaliers. Quelques élèves de septième année révisaient dans la salle commune. Harry passa à côté d'eux et marcha dans les longs couloirs de Poudlard. Les tableaux étaient déjà tous réveillés et ils le regardèrent passer.
Arrivé à l'entrée de la Grande Salle, il aperçut un grand Serpentard aux cheveux bloncs et lisses et au nez pointu. Drago Malefoy se retourna et lui lança :
- Alors, Potter, on vient de se réveiller ? Tu ne crois pas que tu oublies le cours de l'hybride ? Il est dans à peine dix minutes.
Harry sentit son sang bouillir. Il comprit que Drago parlait du cours de divination avec Firenze le centaure. Il sût que ce jeune impertinent avait raison, il trouva donc plus sage de ne rien répliquer.
- J'ai vu Weasley et la Sang-de-Bourbe se lever de table, tu ferais bien de les rejoindre, dit Drago d'un air satisfait.
Harry ne put se retenir fasse à ces insultes. Il saisit Drago par le col et lui marmonna entre les dents :
- Ne parle jamais comme ça de mes amis.
Harry et Drago étaient physiquement très proches l'un de l'autre à ce moment précis. Ils se regardèrent dans les yeux, gênés, puis Drago se dégagea d'un coup de bras en souriant.
Hermione et Ron apparurent soudain au seuil de la porte.
- Allez, va-t-en, on se retrouve en cours, ricana Drago.
Harry se rappela qu'en effet, leur cours de divination serait malheureusement mêlé aux Serpentards.
Une fois que leur ennemi fut parti rejoindre Crabbe et Goyle, Ron tendit à Harry deux tranches de tartine beurrées :
- Tiens, je t'ai gardé ça.
- Je dois aller à mon cours d'étude des moldus, à tout à l'heure, lança Hermione.
Les deux amis se déplacèrent dans le château jusque devant la porte de leur classe. Quelques élèves étaient déjà arrivés et se rangeaient sur le côté gauche. Parvati discutait avec Lavande, que Ron avait quitté quelques semaines plus tôt, Dean rigolait avec Seamus en regardant un objet que ce dernier gardait précieusement dans sa main. Ron et Harry s'approchèrent d'eux et Ron demanda :
- C'est quoi ?
Ron regarda et s'exclama joyeusement :
- Ah ! Ce sont les pastilles Néansang de Fred et George !
- Exactement ! approuva Seamus. Je leur ai acheté cet été pour cent Noises. J'avais bien envie d'essayer, expliqua leur ami. Ça fait longtemps que je les ai dans ma valise en attendant le bon moment. Même si la divination n'est pas la pire des matières, je pense que je vais l'utiliser pendant le cours.
En réalité, Harry n'écoutait plus vraiment la discussion depuis quelques instants. Il était plutôt en train de penser. Penser à la vie, à son destin, à ses parents, à Sirius. Et bizarrement, il songeait aussi à Drago. Il se demandait pourquoi celui-ci était toujours aussi désagréable avec lui et les autres Gryffondors. Harry n'y voyait là que de la pure mauvaise âme. Mais quand il s'était trouvé près de lui, devant la Grande Salle, il avait senti son cœur battre plus vite ses joues rougir. Sûrement sous le coup de la colère, se dit-il.
Soudain, il ressentit une présence derrière lui. Il tourna lentement la tête vers la gauche et croisa le regard de Drago. Harry remit aussitôt sa tête dans le bon sens. Sa respiration s'accéléra. Drago l'observait ? Harry réfléchit et se dit finalement que c'était dû au hasard, un simple élève de la classe qui regardait dans le vide en sa direction.
La porte s'ouvrît alors d'elle même. Les premiers élèves entrèrent, suivit par les Serpentards qui avaient coupé la file, puis Harry et ses amis franchirent à leur tour le seuil de la porte. L'ambiance de la salle les envahit aussitôt. C'était leur premier cours de la matinée, mais la pièce était sombre, comme si c'était la nuit. L'air frais soufflait légèrement dans leurs visages, il n'y avait comme bruit plus que le bruissement des arbres magiques et le claquement des sabots de leur professeur qui s'approcha lentement d'eux. Il ordonna aux élèves de s'assoit par terre, comme à son habitude. L'herbe humide formait un coussin passablement confortable. Harry lança un regard au dessus de lui : un ciel magique semblable à celui de la Grande Salle s'étalait au dessus d'eux. Firenze leur expliqua :
- Aujourd'hui, nous allons étudier ce que signifient les différentes brillances des étoiles. Allongez-vous sur le sol.
Les élèves s'exécutèrent sans discuter. Le centaure continua son discours :
- On peut voir que celles orientées vers le Nord sont plus visibles en ce moment. Ce sont donc aussi celles qui brillent le plus. Par exemple, l'étoile du Nord, elle est déjà généralement étincelante, mais aujourd'hui, elle l'est évidemment encore plus. Ce qui laisse présager que, dans les prochaines semaines à venir, le monde sera plutôt paisible.
Seamus chuchota :
- Ça commence déjà à être ennuyant.
Firenze, qui percevait les moindres sons, répliqua :
- Ce n'est pas ma faute si les sens des humains sont aussi peu développés. Laissez-moi continuer mon cours.
Harry aperçut alors Seamus prendre quelque chose dans sa poche puis en croquer la moitié. Soudain, son nez commença à ruisseler de sang et il cria :
- Professeur ! Je saigne du nez ! Je crois que je dois allez à l'infirmerie !
- Vas-y tout seul, déclara le centaure.
Seamus ouvrit la porte et fila. Firenze déclara :
- Bon débarras. Vraiment des idioties, ces gadgets pour les humains.
Harry comprit qu'on ne pouvait rien lui cacher. Le professeur continua d'expliquer le phénomène de la brillance des étoiles, mais Harry n'était pas très intéressé. Il regarda à sa droite et vit avec effroi que Drago rigolait avec Pansy Parkinson, côté à côte. Harry fut ensuite surpris d'avoir eu cette réaction. Après tout, il s'en fichait que Drago parle à d'autres gens. Ce n'était même pas du tout son problème. Et pourtant, il sentit une pointe de jalousie gonfler en lui. Il continua à les regarder et ressentit de la haine envers Pansy qui gloussait bêtement en compagnie de l'ennemi d'Harry. Mais sa colère n'était aucunement dédiée à Drago. Ce dernier paraissait calme, les bras croisés derrière sa tête et fermant les yeux par moment. Harry regarda ensuite le ciel étoilé et continua à songer. Pourquoi Malefoy semblait-il l'attirer ? Non, c'était tout bonnement impossible, Harry ne pouvait pas être attiré par Drago. Il avait juste était dérangé par le bruit des rires, voilà tout. Harry était désormais perdu dans ses pensées. Soudain, une voix le ramena à la réalité :
- Voilà, le cours est fini. A bientôt.
Les élèves se levèrent lentement, un peu endormis, comme à chaque qu'ils sortaient de cette pièce. Harry pris son sac à dos et marcha vers la porte, regardant ses pieds, sans voir grand chose de toute manière à cause de l'obscurité. Brusquement, il heurta quelqu'un peu avant la porte. Il regarda cette personne venant de sortir. Malefoy lui déclara :
- On ne sait plus marcher droit, Potter ?
Puis il partit en compagnie d'autres Serpentards.
Harry ressentit comme des papillons dans le ventre. Sur le seuil de la porte, la silhouette de Drago à contrejour était gravée dans sa tête. Il ne bougea plus, subjugué. Ron arriva alors par derrière :
- On y va ? Hermione va nous attendre pour le repas.
Ils la retrouvèrent dans la Grande Salle où le menu se constituait d'un gros poulet et de purée de pommes de terre. Ron arracha une cuisse et la dévora à la manière des Cromagnons mais Hermione se plaignit :
- Vous ne trouvez pas qu'ils mettent beaucoup trop de viande dans nos repas ? On en a tous les jours ! Et je trouve ça encore plus horrible depuis qu'on sait qu'elle est préparée par des Elfes de maisons !
- Hermione, tu ne va pas recommencer avec la sale, non ? ronchonna Ron.
- La S.A.L.E, rectifia Hermione. Et je ne te parle pas d'association ou je ne sais quoi, mais juste des plats qu'on nous fait manger.
- Personne ne te force de prendre de la viande, remarqua Ron.
Harry n'écoutait que d'une oreille les disputes de ses amis. En soi, il était plutôt d'accord avec Hermione, mais en ce moment, il pensait à d'autres choses. Le reste de l'après-midi se passa assez vite. La nuit, Harry songeait aux sentiments étranges qu'il avait envers Drago, et qu'il n'avait pas ressenti auparavant. La semaine se passa dans la même ambiance.
Le lundi suivant, Harry se promena dans le parc en compagnie de Ron et Hermione. Son regard fut attiré par des yeux bleus qui l'observaient passer. La respiration de Harry fut saccadée et la chaleur l'envahit, qui n'avait rien à voir avec le soleil. Drago était adossé contre un arbre. Il fit un pas. Lui aussi avait l'air embarrassé. Il ne lui fit pas de reproche ou autre remarque désagréable, ce qui aurait été son habitude. Il s'immobilisa seulement. Harry n'écoutait plus les murmures lointains de ses amis. Il était obnubilé par la personne devant lui. Il lui sembla que celle-ci rougit. Puis Drago fit un pas en arrière et se cacha de l'autre côté de l'arbre. Dommage, dit la petite voix dans la tête de Harry. Il se ressaisit : non, ce n'est pas dommage. On s'en fiche de Drago. C'est même mieux s'il s'en va. On ne l'aime pas. Mais Harry ne savait pas si c'était vrai. Le détestait-il vraiment ? Oui, depuis la première fois qu'on s'est vus, se dit-il immédiatement. Puis une autre pensée surgit : non, les temps ont changés, et Drago aussi. Harry était chamboulé, il ne savait même plus ce que lui même pensait.
- Harry ! répéta Ron. Tu m'écoutes ?
- Quoi ? dit doucement Harry.
- Tu as fait le devoir de Rogue ?
Harry réfléchit un instant :
- Non. Quand est notre prochain cours avec lui ?
- Demain. Il nous a demandé de rédiger un parchemin sur les différents usages de la magie noire. Tu ne te souviens pas ? demanda Ron.
- J'avais oublié, avoua Harry.
- Pour une fois que c'est moi qui me rappelle des trucs à faire, soupira Ron en souriant. Hermione ne m'a pas laissé copier, j'ai dû tout faire tout seul.
Hermione répliqua :
- C'est normal de travailler tout seul pour un devoir. Ça ne devrait pas être un événement. En plus, je t'ai quand même corrigé les fautes.
- Oui, oui, merci, ricana Ron.
Ils rentrèrent alors dans la salle commune de Gryffondor et Harry commença son devoir. Au bout d'un moment, Ron et Hermione allèrent se coucher. Toutefois, il ne termina pas son devoir, car il n'arrêtait pas de penser au comportement bizarre de Malefoy. « Pourquoi il me regarde comme ça maintenant ? Avant il venait vers moi pour m'humilier, maintenant j'ai l'impression qu'il rougit. Non, je me fais des idées, pourquoi rougirait-il ? Pour moi ? Impossible, je ne vois pas pourquoi. Je dois me faire des idées. Mais pourquoi je m'imagine ça, alors ? Quand il est proche de moi, je sens sa présence et je tremble. Est-ce à cause de ma peur de lui et de ses insultes ? Ça dois être ça. Mais je ne suis pas peureux... Et pourquoi mon cœur bat-il plus vite ? Je dois arrêter de me poser trop de questions. C'est juste que c'est épuisant de monter toutes les marches de Poudlard. Pourtant, je crois que j'aime voir Drago. Sa présence me rassure. Pourquoi ? Il est peut-être un Mangemort.
Je ne le vois plus comme avant. Je devrait apprendre à le connaître. On ne s'est parlé qu'en tant qu'ennemi. Normal, c'est ce que nous sommes. Oui, c'est ça. Je crois que j'aime mon ennemi. »

Drarry, Les opposés s'attirent. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant