L'Ennemi Invisible

Chapitre 16 : Retrouvailles

Tsunade, d'un geste assuré, commença à dérouler les bandages qui enserraient les paupières de Neji. Quand celui-ci put à nouveau les soulever, il cligna plusieurs fois des yeux, le temps de s'habituer à la luminosité de la pièce, et parcourut les alentours du regard. La lumière, encore trop forte pour lui, le blessait, mais il distinguait néanmoins la masse sombre de Tsunade et la présence d'une infirmière à ses côtés.

‒ Combien de doigts ? demanda Tsunade en lui présentant sa main.

‒ Quatre, répondit Neji après une brève hésitation.

‒ Tu vois correctement ?

‒ C'est un peu flou par endroits, avoua-t-il, mais je ne suis pas aveugle.

‒ Bien, ta vue revient à la normale, constata Tsunade. Défense d'utiliser le Byakugan jusqu'à nouvel ordre, Neji. Je veux te revoir après-demain pour un examen. En attendant, tu peux sortir. Allez, libère-moi ce lit !

Sur ce, Tsunade sortit, tandis que l'infirmière jetait les bandages et retirait les derniers pansements de Neji. Malgré son ton dur, celui-ci savait qu'elle était heureuse de l'avoir guéri. Tsunade reprenait en main son savoir-faire, si contesté par l'apparition d'Aka.

‒ Est-ce que je peux aller le voir ? demanda-t-il en pointant l'autre lit.

L'infirmière acquiesça et quitta la chambre. Neji se leva et s'approcha avec lenteur du lit de son ami. Bien que Lee ait été ramené trois jours auparavant, Neji n'avait pas encore eu l'occasion de l'approcher, ni même de lui parler. Lee semblait passer ses journées à dormir, et quand ce n'était pas le cas, Neji n'osait pas entamer une conversation, sachant qu'il était encore faible. Les rides d'inquiétude qui avaient creusé son front disparurent quand il découvrit le corps de son meilleur ami. Celui-ci dormait paisiblement et son visage avait une teinte normale, légèrement colorée de rose. Si ce n'étaient les bandages qui lui enserraient le torse et la perfusion plantée dans son bras, on aurait pu penser qu'il était en parfaite santé.

Neji s'empara d'une chaise et s'assit à côté du lit. Depuis trois jours, il mourrait d'envie de parler à Lee. Lui qui d'ordinaire était si taciturne ressentait le besoin irrépressible de se confier à son meilleur ami. Il voulait savoir ce qui lui était arrivé, comment il avait survécu, et lui raconter ce qui s'était passé en son absence : la mort de sa fille Aneko, ses disputes avec Tenten, ses soucis, ses inquiétudes. Il avait tant de choses à lui dire et à lui demander que, lorsque Lee ouvrit enfin les paupières, Neji ne sut que dire. Ainsi, ce fut Lee qui entama la conversation, un léger sourire sur les lèvres :

‒ Ça faisait longtemps, Neji.

‒ Un peu trop longtemps, à vrai dire, approuva Neji en reprenant contenance. Tu as eu une chance inouïe.

‒ Je ne pensais pas non plus qu'on me retrouverait. Je m'étais caché dans le creux de cette rivière pour échapper à mon agresseur et je n'ai pas réussi à aller bien loin. Kami-sama bénisse Ino et Sakura !

‒ Tu... tu le connaissais, ce type ?

‒ Pas du tout !

‒ Dans ce cas, je ne sais pas comment il a fait, mais il t'a observé pendant des mois. Il copiait ton comportement à la perfection ! Une chance qu'on n'ait pas reparlé de ton problème d'alcool depuis des années, sinon il l'aurait su et je n'aurais pu le démasquer.

‒ Heureusement que j'ai un ami qui me connaît si bien, répondit Lee avec un léger sourire.

Neji acquiesça et, pourtant, il n'arrivait pas à poursuivre la conversation. Une boule s'était formée dans sa gorge, comme si tout ce qu'il avait à dire s'était accumulé jusqu'à former un bloc indestructible qui lui obstruait les cordes vocales. Lee n'eut pas besoin de mots. Il savait déjà tout.