L'Ennemi Invisible

Chapitre 17 : La colère d'Ayumi

Les ninjas d'Iwa avaient passé la nuit aux abords des grandes plaines du Pays de l'Herbe. Tandis que le nord et l'ouest du campement s'ouvraient sur d'infinies étendues, le sud et l'est se trouvaient bordés de rochers et de monticules, derniers vestiges d'un relief qui s'aplanissait. Ino avait choisi cette zone pour se cacher et c'est ainsi qu'elle se trouva couchée au bord du promontoire qui surplombait le campement ennemi, parmi quelques buissons secs qui lui écorchaient les bras.

Devant la vue qui s'offrait à elle, elle plissa le nez d'un air dubitatif. La situation se présentait plutôt mal. Ils n'étaient que six contre une armée, l'endroit était tout sauf approprié pour une embuscade et, comble du malheur, Ayumi et Sakura se trouvaient au milieu du campement, poings et jambes liés, sous la bonne garde de quatre ninjas.

‒ Nous courons à la catastrophe, maugréa-t-elle à l'adresse du ninja qui, dissimulé à ses côtés, surveillait les allées et venues de leurs ennemis.

‒ Tu as une meilleure idée ? répliqua Kakashi.

‒ Non.

‒ Tu es prête à abandonner Sakura et Ayumi aux mains de ces ninjas ?

‒ Non.

Ino était sur ce point tout à fait d'accord avec Kakashi : ils n'avaient ni de solution de rechange, ni le cran d'abandonner les deux Haruno à leur triste sort. Ils allaient se lancer dans ce qu'elle appelait une mission suicide.

‒ Il n'empêche que nous sommes bons pour tous y passer, répliqua-t-elle.

La gorge légèrement nouée, Ino pensa à ses deux fils qui l'attendaient à Konoha, à ses amis restés au village, à Temari qu'elle n'avait pas eu l'occasion de revoir depuis si longtemps. Pourquoi le destin devait-il les séparer, juste après ces retrouvailles ? Pourquoi sa vie de famille devait-elle s'arrêter là ? Et qui s'occuperait de ses fils, si Chôji et elle venaient à perdre la vie ?

‒ Nous sommes ninjas, Ino, assura Kakashi en posant une main réconfortante sur son épaule. Nous n'avons pas le droit d'avoir peur.

‒ Malheureusement, nous sommes humains.

Kakashi retira sa main et ne répondit rien. Il connaissait bien le dilemme auquel était confronté la kunoichi. Lui-même se l'était souvent posé et, malgré toutes ces années d'expérience, il n'était pas sûr d'en connaître la réponse.

‒ Bon, et si nous échouons, ce qui a des chances d'arriver, c'est Sasuke qui marchande, c'est bien ça ? voulut-elle vérifier.

‒ C'est la raison pour laquelle je lui ai demandé de se tenir à l'écart.

Ino hocha la tête. Ses membres frémirent. Elle ne pouvait plus retarder le début de leur mission. Le campement s'agitait et les ninjas d'Iwa n'allaient pas tarder à repartir. Il ne restait plus qu'une seule tente dressée, près du centre du campement, sans doute celle de Deidara. Il fallait qu'ils récupèrent Sakura et Ayumi avant leur départ. Ses yeux bleus filèrent d'un ninja à l'autre, en quête d'une cible idéale. Soudain, son regard se fixa sur sa victime. L'homme, apparemment plus jeune qu'elle, ne semblait pas haut gradé et aidait au rangement du campement. Cela faisait plusieurs fois qu'il passait à seulement quelques mètres de leur cachette. Sûre de son coup, Ino plaça ses mains face à elle et visa. Si elle le manquait, son esprit allait errer un temps et il y avait de fortes chances pour qu'ils ratent cette occasion. Comme à chaque fois qu'elle utilisait cette technique, elle n'avait pas le droit à l'erreur.

‒ Transposition ! souffla-t-elle.

La dernière syllabe avait à peine franchi le mur de ses lèvres que son corps retomba mollement. Kakashi la rattrapa avant qu'elle ne se blesse et jeta un coup d'œil au ninja visé. Celui-ci tressaillit un bref instant, avant de reprendre son activité. La technique avait fonctionné. Kakashi recula de quelques pas, puis courut vers leur campement de la veille où Kiba et Chôji attendaient ses ordres.