Chapitre 2 - Aka

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Il pleuvait sur Konoha, en cet après-midi du 25 novembre. Le ciel de plomb pesait comme un couvercle posé sur le monde et un fin crachin humidifiait l'atmosphère. Sakura n'était qu'à peine remise du choc. Elle n'arrivait pas encore à assimiler que ni elle, ni Tsunade n'ait pu trouver ce qui n'allait pas chez Aneko Hyûga.

Une douce pression la sortit de ses pensées. La main d'Ayumi venait de se refermer sur la sienne. Sakura était toujours impressionnée par le comportement de sa fille. Quand elle était rentrée à deux heures et demie ce matin-là, elle l'avait trouvée assise au bas des marches menant à sa chambre, lisant un livre pour patienter. Apparemment, elle n'avait pas réussi à s'endormir.

Sakura et elle s'étaient fixées, sans un mot, attendant que l'autre parlât en premier. Finalement, d'une voix aussi douce que tremblante, Sakura lui avait annoncé l'horrible nouvelle : Aneko Hyûga, la fille aînée de Neji et de Tenten, était morte, suite à une maladie inconnue. Elle avait cru qu'Ayumi allait fondre en larmes, ce qui était normal pour une gamine d'à peine douze ans, mais il n'en avait été rien. Au lieu de cela, elle avait pâli brusquement tandis que sa mère la serrait contre elle. Quand elle avait voulu remonter dans sa chambre, elle avait trébuché sur les premières marches tant elle était perturbée mais, pas une seule fois, elle n'avait versé une larme. Sakura s'était demandée si c'était bon signe.

Le cimetière paraissait encore plus triste qu'à l'ordinaire. D'habitude, quand Sakura y venait, ce n'était qu'une simple nostalgie qui la prenait, en repensant à tous ces ninjas morts au combat. A présent, la sensation était poignante, blessante même, et lui étreignait le cœur avec violence.

Son regard fit le tour des personnes présentes. Aneko Hyûga était morte depuis une douzaine d'heures et il fallait déjà l'enterrer. Sa famille proche était réunie à côté du cercueil : Junya, une gamine si petite malgré son génie, était collée contre sa mère et pleurait à chaudes larmes. Tenten passait une main douce dans les cheveux bruns de sa fille cadette en fixant le trou qui venait d'être creusé d'un regard vide. Neji, quant à lui, avait un bras sur l'épaule de sa femme et une main sur celle de sa fille, espérant par là soutenir tout ce petit monde, cachant qu'il était lui-même effondré.

Le gratin de la famille Hyûga n'était pas là. Peut-être qu'ils n'avaient pas jugé nécessaire d'aller se tremper dans la boue et le froid pour assister à l'enterrement d'une ratée. Cette pensée révolta Sakura. Aneko n'avait que dix ans, les Hyûga n'avaient-ils donc aucun cœur ? Seule Hinata, l'héritière en titre, se tenait près de l'autel. Le reste de l'assemblée était composé d'amis de la famille : Lee était présent, avec sa femme et son fils, Ino et Chôji, qui avaient jugé préférable de ne pas se faire accompagner par leurs deux garçons, puis Kiba, Shikamaru, Shino et, bien sûr, Sai, le professeur d'Aneko. Son visage blanc ne montrait aucune émotion, mais Sakura savait que cela ne signifiait pas qu'il ne portait pas son élève dans son cœur. Sai était le ninja parfait, incapable de montrer le moindre sentiment, mais elle était à peu près sûre qu'il ressentait ce même déchirement commun à tous.

Enfin, sur l'estrade derrière l'autel, se tenait Naruto Uzumaki, leur Hokage depuis neuf ans. Paré de sa tenue officielle, il dirigeait l'enterrement en affichant un visage douloureux mais calme. Naruto avait appris à prendre sur lui avec les années. Lorsqu'il fut temps de mettre le corps en terre, il prononça quelques paroles, comme il le devait :

– Aneko Hyûga est née dans une famille réputée et, pourtant, ne possédait aucun don héréditaire. Cependant, cela ne l'a jamais découragée. Elle a toujours travaillé durement pour devenir une grande ninja et aucune des difficultés qu'elle rencontrait ne lui paraissait insurmontable, du moment qu'elle y mettait toute sa force et sa conviction. Elle faisait partie de ses gens qui nous prouvent chaque jour que nos capacités innées ne sont rien comparées à notre volonté, à notre envie de mieux faire et à notre travail. Elle fut un exemple pour ses camarades à l'Académie et nous la garderons dans nos mémoires comme telle.

L'Ennemi InvisibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant