Chapitre 18 : Sentiments d'un père

63 1 0
                                    

Quand Ayumi ouvrit enfin les yeux, elle eut l'impression d'émerger d'un long et éprouvant cauchemar. Elle se sentait extrêmement lasse, chacun de ses membres lui semblait peser plusieurs tonnes et le simple effort nécessaire pour soulever ses paupières la laissa essoufflée.

‒ Le sceau a marché, Maître Tsunade !

Ayumi mit quelques secondes à reconnaître cette voix. C'était celle de Shizune et, lorsqu'elle tourna la tête, elle aperçut ses cheveux noirs avant qu'ils ne quittent son champ de vision.

‒ Ah, parfait !

Cette seconde voix, plus forte et plus grave, était bien celle de Tsunade. Ayumi la vit se pencher au-dessus d'elle, reconnaissant ses deux couettes blondes et son regard déterminé.

‒ Comment te sens-tu Ayumi ?

Ayumi éprouva quelques difficultés à répondre. Elle avait la langue pâteuse et la gorge sèche, à tel point qu'elle crut que les mots ne dépasseraient pas le seuil de ses lèvres.

‒ Epuisée, lâcha-t-elle en un souffle rauque.

‒ C'est normal, répondit Tsunade en prenant sa température. Après quatre jours de combat intérieur, je ne m'attendais pas à te récupérer en pleine forme.

‒ Quatre jours ?

La surprise était telle qu'Ayumi trouva la force de prononcer ces mots. A ce moment-là, Shizune revint, un verre d'eau à la main. Avec douceur, elle approcha la tête d'Ayumi du gobelet. Celle-ci avait tellement soif qu'elle ne se fit pas prier. Quand Shizune la laissa reposer sa tête sur son oreiller, Tsunade reprit la parole :

‒ L'équipe chargée de te récupérer a mis quatre jours pour rentrer. Sakura n'avait pas le matériel pour te soigner sur place, aussi ils ont fait aussi vite que possible. Mais tu n'as plus à t'inquiéter, tout va bien se passer maintenant. Shizune, trouve-lui une chambre et, surtout, pas un mot à qui que ce soit !

‒ Bien maître.

Aussitôt, Tsunade s'écarta pour ranger le matériel, tandis que Shizune s'approchait du lit d'Ayumi pour le pousser. Ce ne fut qu'à ce moment-là que cette dernière s'aperçut qu'elle était dans un bloc opératoire de l'hôpital de Konoha. Alors, une foule de souvenirs afflua jusqu'à son cerveau, tel un raz-de-marée insoutenable.

Ayumi sentait à peine le monde extérieur. Elle avait repéré les bruits d'un combat, le choc froid du métal contre le métal et la chaleur et les tremblements dégagés par les techniques ninjas. Pourtant, pas un instant elle n'avait craint pour sa vie. Elle percevait aisément la force des bras qui la soutenaient, leur attitude protectrice et le chaos de la bataille s'était vite éloigné. Mais Ayumi n'était pas tranquille pour autant. Au plus profond d'elle-même, une présence s'était réveillée : c'était un être d'une aura brûlante, puissante, phénoménale, réconfortante et en même temps inquiétante.

« Brûle-les tous ! »

La voix était rauque et puissante, une voix de géant. Ayumi pouvait ressentir jusque dans la moindre parcelle de son corps à quel point cette voix avait besoin de sang, de vengeance. Elle était impatiente de sortir, de laisser exploser toute sa rage pour un si long enfermement, une si longue répression. Elle voulait détruire, c'était un besoin vital. Ayumi sentit ses doigts se crisper et ses ongles la brûlèrent. Elle devait déchiqueter quelque chose, n'importe quoi. Cette souffrance était intenable.

‒ Ayumi...

La voix était d'une grande douceur, une douceur presque insupportable quand on bouillonne de violence. Néanmoins, Ayumi sentit le contact ferme et chaud d'une main sur son front, glissant dans ses cheveux. C'était une main d'une douceur maternelle.

L'Ennemi InvisibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant