Mon cœur gronde dans ma poitrine sous la rumeur du stade. Les acclamations résonnent, extensions de la chanson qui vient de s'évaporer. Les hauts-parleurs vibrent. J'essaie de rester maître de ma respiration. Au bout du sombre couloir, Fleur me rejoint, et son sourire entraîne naturellement le mien. Ses yeux brillent, et il ne m'en faut pas plus pour être rassuré. Notre hochement de tête communique tout ce qu'il faut entre nous. À l'entente de nos noms, nous faisons ensemble un pas vers la lumière, le sourire de ma partenaire flottant dans mon esprit.
Accueilli par le bruit des applaudissements, je vois une grande masse nous suivre des yeux. Nous la saluons, lui sourions avant de nous figer au centre de tout, face à face. Je prends le temps d'admirer Fleur pendant des secondes interminables durant lesquelles la tension monte inlassablement en même temps que la musique. Elle me fixe de ses yeux si profonds, sombres et puissants. Pourtant, son sourire en coin ne m'emplit que de gratitude, de bonheur.
Enfin, je libère mon corps, brisant la glace et mes doutes. Je sens l'air frais assaillir mes poumons et ma peau ; mes jambes s'élancent, et le public n'est plus qu'une boucle infinie au coin de mes yeux. Je regarde Fleur et le flamboiement de ses mouvements. Nous nous tournons autour quelques instants, et sommes de nouveau réunis. À son contact, je me remémore toutes nos répétitions, et je laisse mon corps danser à sa guise. Nous tournons ensemble, puis moi autour d'elle, elle sur elle-même. Je la regarde autant que je peux, autant que cet envol enflammé me le permet.
Lorsque je ne la fais pas tournoyer, je flotte sur la glace, je tends mes bras, les resserre et les déploie, tel un oiseau déjà haut dans le ciel. Mais toujours, je reviens à mon phœnix de grâce pour mieux nous libérer. Elle brille, embrase l'eau gelée et ensemble, nous parcourons le stade de toute sa longueur, se séparant et revenant à l'autre, mais toujours, mon corps semble être attiré par les yeux de Fleur.
Au dénouement de chaque figure, mon cœur explose et je prends conscience de notre présence ici. À l'approche de la fin grandiose de notre performance, je suis plus confiant que jamais et je te porte, te brandis au ciel. Nous tournons, tournons, tournons dans les bras de l'autre et les dernières notes de musique nous figent à nouveau.
Nos respirations sont profondes et les acclamations reviennent. Je te prends dans mes bras et inspire ce moment d'euphorie. Je ris face à ton sourire éclatant, à tes yeux pleins de vie. Je te transmets toute ma fierté, ma reconnaissance dans notre étreinte, ne voulant jamais m'arrêter. Ensemble, nous avons déployé nos ailes pour atteindre le plus haut, et j'espère ne jamais redescendre, du moins sans toi.
