Dans le flot des saisons, vont et viennent les vies

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Au temps des pluies, il y a beaucoup à observer

À son habitude, le petit garçon sortait du grand bâtiment pour se diriger vers sa colline. Sur le long chemin, il pouvait regarder les couleurs flamboyantes naissantes danser et voler au gré du vent. Les feuilles s'accrochaient et s'envolaient des branches par milliers pour laisser place à un renouveau. À cette période de l'année, Elio aimait se vêtir de sa veste aux mille couleurs pour s'accorder au paysage nuancé.

Il monta sa petite colline jaunie aux feuilles brunes, oranges, rouges. Il entrait dans une ère de chaleur venteuse, de flamboiement d'inspiration. Chaque pas était différent, sur le motif inégal de la terre. Ce jour-ci, le Soleil était resté caché, mais Elio le savait en train de le regarder, derrière les grands nuages gris. Il prit un temps pour admirer les arbres vêtus de leurs plus belles robes, avant de sortir son carnet et une multitude de crayons colorés, des outils de diverses tailles, rouges, oranges, jaunes, bruns ou verts, avant de les faire glisser sur son papier jauni. Un oiseau caché dans le feu ou les arbres eux-mêmes, le jeune artiste laissait parler sa main pour gentiment déposer un reflet de l'automne sur son précieux recueil de croquis.

Entre un instant de pause et de reprise de ses traits, le jeune garçon sentit sur sa main couler une larme du ciel. La pluie commençait à se déposer sur sa feuille et ses vêtements. En rangeant ses affaires pour les protéger, Elio souriait. Il revoyait finalement son amie la pluie après plusieurs semaines d'absence. L'eau fraîche tombait un peu plus fort, faisant résonner la nature. Il descendit de sa colline en regardant l'eau se déposer dans la paume de sa main. Sous la pluie chantante, il n'hésitait pas à regarder autour de lui les arbres se dénudant de leurs feuilles pleines de nuances. Il s'amusait à écouter ses pas vifs claquer sur le sol humide, en harmonie avec le chant de l'averse.

Sur le chemin, il voyait passer quelques têtes baissées, aux pas précipités. Il s'arrêta un instant pour regarder une fille qui avait du mal à garder ses yeux ouverts. Elle les clignait frénétiquement fixant ses pieds, les bras croisés. Était-ce à cause du vent ? Elle ne regardait pas le ciel lumineux, ni le chemin qui s'offrait à elle. Elle n'avait pas l'air d'apprécier le spectacle automnal, et personne ne semblait vouloir lever la tête face au souffle de la nature. Elio en était désolé. Il rentra chez lui, ses questions en tête.

Au deuxième jour de pluie, il avait décidé d'emmener son vieux parapluie avec lui sur la colline. Cette fois-ci, il écoutait les gouttes tapoter sur le tissu et les imaginait couler de son long pour s'imprégner dans la terre. Face au sombre océan, il regardait les deux extrémités d'eau se rejoindre en une symphonie venteuse.

Le ciel se faisait plus sombre et l'observateur devinait le Soleil caché descendre peu à peu. Il entama son retour chez lui sous les étoiles naissantes. Sous son parapluie jaune, il pouvait lever les yeux assez haut pour regarder ce qu'il voulait dans le paysage qui l'encerclait.

Il aperçut une silhouette frêle s'approcher progressivement de lui. Il reconnaissait les mêmes épaules recourbées de la veille. Impulsivement, il déposa son parapluie au pied d'un grand arbre rougeoyant, ouvert et à l'endroit, pour signifier qu'il ne l'avait pas perdu. Il reprit sa course et croisa finalement la jeune fille aux yeux fatigués au tournant de leurs chemins. Quelques mètres plus loin, il osa se retourner, et sourit à la vue d'un grand parapluie jaune s'éloignant.

Quand les étoiles tombent du ciel, de nouveaux amis apparaissent

Au temps des fêtes, Elio aimait observer les enfants jouer dans le blanc éclatant du sol par sa petite fenêtre. Il apprenait de ses yeux comment faire ce que les autres appelaient des « Bonhommes de neige ». Sur la buée que la nature aimait offrir au verre, le garçon s'amusait à dessiner la silhouette simple mais si unique du Bonhomme de neige. Seulement, il devait soupirer dessus pour le faire réapparaître, et les lendemains, ils disparaissaient toujours.

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