Chapitre 42

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Publié le 05/06/21 (non corrigé)

—Nous avons besoin d'un nouveau baril de bière, Derren, peux-tu le prendre s'il te plais ? demanda Ariella en traversant l'auberge. Je serai de retour dans quelques minutes, j'ai besoin de quelque chose.

Elle sourit avant de quitter le bar et de se diriger vers l'ancienne grange. Regardant autour d'elle, Ariella eut un sourire triste. Elle regardait le bois et la roche sur lesquels elle travaillait. Autant qu'elle essayait, elle ne pouvait pas arrêter de penser à Loki, jour et nuit, elle avait l'impression qu'être loin de lui la déchirait, mais elle pensait aussi aux commentaires, aux railleries et même aux regards qu'elle avait en retour, et cela blessait presque aussi profondément.

Ariella avait essayé, pendant des jours entiers, de se convaincre que c'était ici qu'elle appartenait, que c'était bien mieux qu'elle devrait en être reconnaissante, mais elle ne pouvait pas l'être, elle voulait seulement Loki. Mais là était le problème, elle ne voulait que Loki. Pas son titre et pas le rôle qu'impliquait le fait d'être sa partenaire. Elle prit un drap sur une statue et regarda la silhouette qu'elle avait sculptée. Inspirant profondément, elle le couvrit à nouveau, soupirant en se ressaisissant pour se diriger vers son auberge.

—Madame ?

La jeune femme se tourna pour voir l'une de ses serveuses l'appeler.

—Oui, Heidi ?
—Il y a des gens à l'intérieur qui demandent des chambres et de la nourriture.
—Eh bien, c'est une auberge, ce n'est pas surprenant, rit-elle.
—Oui, mais ils veulent de la nourriture maintenant, continua la serveuse.
—La cuisine est fermée pendant une heure supplémentaire.
—Je leur ai dit cela, ils ont dit qu'ils souhaitaient vous parler à ce sujet.

La façon dont la jeune femme parlait en disait beaucoup à Ariella.

—Des hauts nés bornés, merveilleux, gémit-elle.

Elle avait rapidement appris que ceux qui avaient de l'argent supposaient qu'ils pouvaient avoir un traitement de faveur et en quelque sorte le droit d'agir comme ils le souhaitaient.

—Je vais m'en occuper dans un instant.
—Ils sont dans leurs chambres, quatre et sept, informa la jeune fille soulagée de ne pas avoir à faire face à de telles choses.
—Merci.

Ariella sourit en prenant un moment pour essayer de reprendre ses esprits avant de rentrer à l'auberge. Fronçant les sourcils, elle avait l'impression d'être surveillée, mais en regardant autour d'elle, elle ne pouvait pas comprendre pourquoi elle ressentait cela. Secouant la tête, elle retourna à l'intérieur.

—Le tuyau du fût est bloqué, fit Derren.
—Comme c'est surprenant, dit Ariella en levant les yeux au ciel. Procures-toi des outils, tu as besoin de la clé pour desserrer l'écrou sous le robinet, ça devrait le faire.

Le barman essaya de le faire mais la regarda penaud alors que la bière refusait toujours de sortir du robinet.

—Honnêtement, si quelqu'un me dit à nouveau qu'il y a des rôles pour les hommes et des rôles pour les femmes et dont l'un est que les hommes sont faits pour diriger une auberge, je vais enfoncer cette pipe si loin dans leur corps qu'ils pleureront salement.

Ariella soupira en prenant la clé et se pencha pour s'occuper de la pipe. En un instant, la bière commença à couler.

—Tu vois, c'était pas si difficile que ça.

Elle tendit la clé à Derren qui la regardait avec admiration.

—Y a-t-il autre chose, ou est-ce que tu prévois de m'avoir ici à tes côtés toute la journée ?
—Tu m'as eu, c'était mon plan, plaisanta-t-il en passant un bras autour d'elle.
—Je le savais, rit-elle.

[FR] Across the divideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant