Tu m'as sauvé la vie...

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Les deux anciens soldats d'HYDRA, bloqué dans un monde qui ne voulait pas d'eux, au milieu de cette rue tranquille de Londres, se scindèrent du regard. Bucky, qui était, il y a une seconde, aux anges d'avoir retrouvé sa petite déesse nocturne, se voyait en présence d'un être irrémédiablement changé, une tueuse. La tueuse qu'il avait eu tant peur que Zola fasse d'elle, était bien là, face à lui. Lana, quant à elle, n'était plus l'agent sans âme d'HYDRA, elle était lion d'être la déesse de la nuit, elle était la porteuse de la rédemption indispensable de ses parents, la déesse d'une vengeance séculaire. Sentir la chair se sectionner sous sa lame affutée, de l'homme au bras de fer qui avait brisé la nuque de sa mère sous ses yeux il y a vingt-trois ans, avait quelque chose de salvateur. Mais bien vite, sa gorge se noua, la lueur meurtrière de ses yeux s'évanouit et elle vit le visage terrifier et désolé de Bucky sous ses doigts assassins.

« Non ! Non ! Non ! Non ! s'écria-t-elle en lâchant la dague et en rattrapant le corps de James à bout de bras. Debout soldat ! »

Elle le prit avec elle et le conduisit à l'appartement qu'elle lui connaissait. Dans ce petit studio de la capitale britannique, Lana, qui avait déposé Bucky sur le lit, s'occupait de minutieusement refermer la plaie béante qu'elle avait elle-même formée. Elle n'était pas vraiment là, ses doigts mouvaient l'aiguille tous seuls, tandis que son esprit était comme mit en pause. Il n'y avait plus de déesse de la nuit, plus de fillette de dix ans dans cette cellule miteuse du fin fond de la Sibérie, plus rien. Elle savait qu'elle devait le tuer, mais elle en était incapable, elle savait qu'elle avait toujours voulue le faire, mais encore une fois, ça lui était insupportable. La jouissance de sa dague dans sa chair, avait été remplacée par une vive douleur à la gorge et une nausée insoutenable. Elle serra le dernier nœud et sectionna le fil de fer à l'aide des ciseaux. Lana voulu se relever pour aller nettoyer les instruments, mais une main la retint dans son élan. Bucky rouvrait à peine les yeux, il posa ses iris turquoise, endormis, sur elle et ceux-ci la sondèrent au plus profond de son âme. C'était trop dur, trop dur de le voir dans cette état, ni mort, comme elle voulait le voir depuis des années, ni vivant, comme elle souhaitait qu'il soit, là, maintenant, tout de suite. Elle se défit de sa prise et se rendit dans la cuisine.

Quelques heures plus tard, le soldat se réveilla. Il se trouvait dans son appartement, il était sensé être mort, elle l'avait tué, il avait vu la lueur dans ses yeux grive, ébène. Bucky se leva et s'avança un peu dans son une-pièce de centre-ville. Sur le canapé, contre le mur en face de lui, elle dormait, sa poitrine se soulevant régulièrement, son visage d'une sérénité parfaite. Il s'approcha à pas de souris, comme on s'approche d'une biche en forêt. Il s'accroupit à son niveau, approcha son visage, laissant leurs souffles se mêler. Il détailla scrupuleusement chaque parcelle de son visage, puis divagua doucement vers son corps. Elle était bien là, elle était bien vivante. Elle était tel une œuvre d'art que l'on ne touche qu'avec les yeux, un cadeau des dieux, le cadeau de la nuit.

Bucky se releva et se dirigea vers la cuisine. Il prépara un petit déjeuné, et bientôt, l'odeur du bacon grillé, des œufs brouillés et des toast embauma toute la pièce. Lana, toujours profondément blottit dans les bras de Morphée, fut happée par se parfum, un parfum doux et chaleureux qu'elle n'avait plus connu depuis si longtemps. Ses paupières papillonnèrent doucement, puis elle rouvrit enfin les yeux. Ceux-ci se posèrent sur le plateau, sur la table face à elle. La jeune femme se redressa et attrapa, d'une main hésitante, scrutant la pièce autour d'elle, un toast. Au moment où elle s'apprêtait à en croquer un morceau, la porte de la salle de bain s'ouvrit sur un Bucky torse nu, seulement vêtu d'un bas de survêtement, et encore dégoulinant. Ses cheveux bruns goutaient doucement sur ses épaules, et chacune d'elle s'écoulait lentement sur sa peau dénudée. Lana sursauta, se releva brusquement, dégaina son arme et la pointa sur James, en laissant tomber le toast qui alla se briser en mille morceaux sur le parquet moisi.

« Wow ! Wow ! Calme-toi, fit Bucky en levant les mains en l'air.

-Qu'est-ce que tu m'as fait ? vociféra-t-elle, en raffermissant sa poigne sur son pistolet. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? hurla, encore plus fort, Lana en pointant son doigt vers le plateau de déjeuner.

-Absolument rien, la rassura James, que des œufs, du bacon, du pain grillé et un peu de confiture, expliqua-t-il.

-Menteur ! cracha-t-elle.

-D'accord, avoua-t-il, il y a peut-être du café aussi.

-Je ne plaisante pas ! affirma-t-elle. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que tu m'as fait ? questionna l'agent d'HYDRA.

-Moi rien, répondit, toujours aussi calmement, Bucky, mais toi, tu m'as sauvé la vie !

-Non ! hurla-t-elle. Non ! je te hais, tu es ma mission ! Jamais ! Jamais je ne t'aurais sauvé de quoi que ce soit ! rétorqua Lana, son arme tremblotant de plus en plus entre ses doigt. »

James rabaissa ses mains et tenta un pas vers elle.

« Recul ! s'écria-t-elle, resserrant tous ses doigts autour de la cross de son arme, laissant sa rage prendre le dessus et ses vaines se remplir de ce liquide inhumain.

-Lana... murmura James, je ne te veux aucun mal, laisse-moi t'aider.

-Et moi je veux te voir mort ! cracha-t-elle, une haine sans nom emplissant chaque note de sa voix. Je veux... je veux jus... je veux... se désespéra-t-elle, tentant encore et encore d'appuyer sur la gâchette, ses doigts refusant d'obéir à ses ordres. Je veux... je le veux... je... j'y arrive pas... s'écroula-telle au sol, en laissant son révolver glisser d'entre ses phalanges, pour venir s'effondrer au sol avec elle, dans un vacarme assourdissant. »

Tout se brouillait autour de Lana, sa vision se floutait, ses yeux se mouillèrent de larmes, la pièce se mit à tourner en rond de plus en plus vit autour d'elle, ses mains, puis tout son corps, tremblaient comme une feuille. Elle était agenouillée sur le parquet, les yeux dans le vide, comme sortie d'elle-même, son arme à ses pieds, lamentable. James s'approcha d'elle, il posa sa main sur son épaule, elle n'émit aucune résistance, elle en était incapable. Il la releva et l'assit sur le canapé. Quelques minutes passèrent, Lana ne revenait toujours pas à elle. Quelques flash lui apparaissait, des souvenirs qu'elle reconnaissait plus ou moins. Un regard noisette, une banquette arrière, un bras en métal, un regard noisette, une cellule froide, un bras en métal, un regard noisette, une salle d'entrainement, un bras en métal... puis plus rien... le noir... le vide... la mort qui ne veux même pas venir... un regard noisette... un bras en métal...

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Hey!

Mon dieu, mais dites moi, est-ce que je serais pas un peu poète sur les bord moi? Bref, j'espère que ce chapitre vous à plut, il est un peu plus long que d'habitude c'est vrai, mais les suivants... le sont tout autant... merde! C'est pas grave.

Voili, voilou, l'histoire avance plutôt bien je trouve, j'ai déjà commencer à écrire le combat en Sibérie, donc c'est qu'on est sur la bonne route ;) Aller, à la prochaine et la biz!

♥ 


Ma déesse NaopteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant