Éros et Psyché

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Il y a bien, bien longtemps vivaient une reine et un roi qui avaient trois filles.  L'aînée était belle, la seconde encore plus, quant à la troisième, elle était plus ravissante que les astres du ciel.  Elle s'appelait Psyché.

Les gens venaient de pays très lointains, traversaient des mers, escaladaient des montagnes dans le seul but de l'admirer. Lorsqu'elle sortait du palais, ils la regardaient avec émerveillement et s'écriaient :

«C'est la déesse de la beauté et de l'amour, Aphrodite, qui a quitté l'Olympe pour venir nous voir. "

Et ils se prosternaient, l'adoraient, lui offraient des sacrifices.  Lorsque Psyché marchait dans la rue, celle-ci s'animait comme pour une fête et son chemin était jonché de fleurs.

Pendant ce temps les temples consacrés à Aphrodite étaient désertés par les fidèles.  Les araignées y tissaient leur toile, la cendre sur les autels était depuis longtemps refroidie et personne n'immolait plus de victimes à la déesse déchue.  Les marches des sanctuaires se recouvraient peu à peu de mousse et de mauvaises herbes.  Tous étaient occupés à adorer Psyché et oubliaient Aphrodite.

Voyant sa renommée en péril, celle-ci ne put supporter une telle humiliation et convoqua son fils, Eros, pour l'aider à punir la folle princesse.  Le fils ailé de la déesse s'envola aussitôt pour la rejoindre.  Sa main droite tenait un arc et il portait sur son dos un carquois rempli de flèches.  Celles-ci, bien qu'invisibles à l’œil humain, atteignaient à coup sûr la victime choisie et la blessaient d'amour.  Or l'amour, s'il procurait à certains un bonheur ineffable, pouvait être aussi source de grands malheurs.

« Mon enfant, » dit Aphrodite, «il y a sur la terre une princesse du nom de Psyché.  Elle est assez imprudente pour se permettre de se faire adorer telle une déesse.  Tu vas m'aider à la châtier en transperçant son cœur d'une flèche.  Mais celle-ci ne doit pas lui apporter la joie, bien au contraire. je veux quelle épouse l'homme le plus mauvais qu'elle pourra rencontrer.  Personne ne s'occupera plus d'elle lorsqu'elle sera malheureuse et humiliée.  Le feu sacré s'élèvera à nouveau sur mes autels et le parfum des sacrifices s'élèvera jusqu'aux cieux. »

Eros acquiesça et s’envola.  Il se cacha au sommet d'un arbre devant le palais royal et prit une flèche dans son carquois.  Tout autour de la demeure seigneuriale s'étaient rassemblés des pèlerins qui attendaient la sortie de la ravissante princesse.

Elle apparut bientôt, rayonnante de beauté comme un arc-en-ciel.  La main d'Eros qui tenait l'arc retomba et il regarda Psyché avec admiration.  Puis il remit la flèche dans le carquois et s'envola.  C'était la première fois qu'il désobéissait à sa mère Aphrodite.

Or, bien qu'elle soit révérée par tous, Psyché n'était pas heureuse.  Ses sœurs, moins jolies qu'elle, étaient déjà mariées et étaient parties avec leurs époux.  Mais personne n'osait faire la cour à une si jolie princesse.

Aussi le roi pensait-il que c'était là une punition des dieux, et c'est pourquoi il demanda à l'oracle ce qu'il fallait faire.

Voici ce qui lui fut répondu :

«Habille Psyché de vêtements funéraires, ce sera sa parure de mariage.  Emmène la au sommet de la falaise qui est derrière le palais.  C'est là que son fiancé viendra la chercher : ce n'est pas un être humain et il sait des choses terribles. »

C'est en pleurant que le roi accueillit cette prédiction.  Sa fille préférée n'était donc pas née pour l'amour humain et un monstre allait s'en emparer sur la falaise!  Pourtant il n'osa pas désobéir à la volonté des dieux.

Il prépara donc une fête funèbre, convoqua des musiciens et leur ordonna de jouer leurs airs les plus tristes, puis il vêtit sa fille comme s'il allait l'enterrer.  Lorsque la lumière des torches se fut éteinte et que le silence fut revenu, Psyché sortit du palais pour la dernière fois.

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