Midas

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Il y a bien longtemps régnait en Phrygie, pays de l'Asie Mineure, un grand adorateur du dieu Dionysos. Il était immensément riche et habitait un splendide palais. De plus, il se croyait très intelligent et capable de comprendre et de décider tout mieux que n'importe qui. Et, comme il était le roi, personne ne pouvait défier sa vanité.p>Un jour, des paysans lui amenèrent un vieil homme qui pouvait à peine tenir sur ses jambes. Ils dirent qu'ils l'avaient trouvé dans les vignes royales en train de voler les grappes les plus grosses et les plus belles. Et en vérité, ce vieillard chauve, gonflé par l'alcool, avait le menton et les mains tachés par le jus des raisins mûrs. Même l'espèce de couronne verte qui oscillait sur sa tête laissait tomber des gouttes sombres.

Midas reconnut immédiatement Silène, vieux compagnon de Dionysos. Il avait élevé le dieu lorsqu'il était enfant et depuis ne l'avait pas quitté. C'est pourquoi le roi Midas accueillit le visiteur avec des transports de joie et ordonna un magnifique festin en son honneur.

Il commanda les mets les plus fins et de pleines outres du vin le meilleur. Il fit aussi venir des musiciens et des chanteurs.

Pendant dix jours et dix nuits Silène festoya avec le roi et ses invités. Tant que dura la fête les coupes d'argent ne furent jamais laissées vides et, au lieu de vin mélangé d'eau, ils burent du vin pur qui rendit joyeux tous les convives. Sans arrêt, les serviteurs entretinrent les feux et les braises ne cessèrent de réchauffer les broches qui tournaient sans relâche. Les tables fléchirent et craquèrent sous le poids des plats chargés de nourriture, tout le palais bourdonna comme une ruche et, jour et nuit, les flûtes et les lyres accompagnèrent les chants joyeux qui traversaient les murs du palais.

Le onzième jour, le roi organisa une procession avec les joyeux convives. Il proposa un âne à Silène, sachant que c'était sa monture préférée. Les autres accompagnèrent l'invité d'honneur à cheval, en char ou à pied, et, tout en chantant avec entrain, ils gagnèrent le pays voisin où Dionysos se trouvait à cette époque.

Ils rencontrèrent le dieu dans un char d'or tiré par des tigres. Il était parti à la recherche de son tuteur.

Heureux de retrouver celui-ci paré de fleurs et de feuilles et suivi d'un aussi somptueux cortège, il dit au roi :

"En récompense du service que tu m'as rendu, j'exaucerai n'importe lequel de tes vœux. Quel don aimerais-tu recevoir?"

Midas s'inclina devant Dionysos et tenta de se donner un air intelligent.

"Je voudrais que tout ce que je touche devienne de l'or," dit-il.

Le souhait du roi fit sourire le dieu :

"Tu aurais pu mieux choisir, mais, qu'importe ! Ton désir s'accomplira. "

Tout joyeux, Midas prit le chemin du retour. Il se flattait de son intelligence : il n'y aurait jamais sur terre de roi plus riche que lui. Dans son impatience, il voulut éprouver sur la route le don divin.

Il cassa une brindille d'un arbre et put à peine en croire ses yeux la tige et les feuilles jetaient une lueur jaune; elles s'étaient changées en or pur. ramassa un caillou, qui entre ses mains devint un morceau de métal précieux. Il toucha une motte de terre, et elle aussi se transforma en or. Dans un champ qu'il longeait il arracha quelques épis de blé mûr et l'or résonna entre ses doigts. Une pomme du jardin royal subit le même sort.

Fou de joie, Midas se précipita dans son palais : à peine avait-il touché une porte que celle-ci se mit à briller. Il tira un rideau, celui-ci devint rigide : à la place, il y avait un mur doré.Pour célébrer sa chance, le roi ordonna un grand festin. Il se rinça les mains et vit avec un sourire béat l'eau se transformer en or liquide. Mais à table, quand il voulut prendre un morceau de pain et qu'il le sentit se durcir et se transformer en lingot, quand la viande grillée se mit elle aussi à étinceler dès qu'il la saisit, il appela ses serviteurs et leur ordonna de le nourrir. Ils obéirent. Pourtant, malgré ses précautions, dès que les mets avaient atteint ses lèvres, l'or résonnait entre ses dents. Quant au vin, il se figeait lui aussi dans sa bouche.

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