Leçon n° 7 - N'accordez pas trop d'importance au premier baiser

37 4 10
                                    

L'horloge du salon indiquait bientôt une heure du matin.

Lysandre n'osait même plus penser à ce qui pouvait retarder Nathaniel et Eileen.

- Un dîner ne prend tout de même pas quatre heures, marmonna-t-il en tentant de se concentrer sur son livre.

Sans succès.

Des images lancinantes de Nathaniel embrassant passionnément la jeune fille avant de l'entraîner dans sa chambre d'étudiant venaient le hanter et lui labourer le cœur, à chaque seconde qui passait.

Et chaque nouvelle seconde, chaque nouvelle image mentale augmentait l'irritation de Lysandre. Alors qu'il n'avait eu aucun problème particulier avec Nathaniel à l'époque du lycée (contrairement à Castiel), il commençait à comprendre l'agacement et même la fureur qui animait son meilleur ami, chaque fois qu'on mentionnait l'ancien délégué principal devant lui.

- Qu'est-ce qu'ils font ? grogna-t-il pour la énième fois entre ses dents.

La tête dodelinant en arrière sur le dossier du canapé, Rosalya dormait à poings fermés. Lysandre attrapa un plaid qu'il étendit sur elle avant d'éteindre la TV ; il laissa toutefois la lumière allumée au cas où Rosalya se réveillerait et se leva le plus doucement possible.

Une fois debout, il se dirigea vers la fenêtre et plongea son regard dans la rue sombre : après d'interminables minutes, la lumière des phrases d'un taxi troua l'obscurité et le véhicule surgit au détour de la rue en se dirigeant vers la demeure.

Le jeune homme le regarda s'arrêter à la hauteur du numéro 16 et vit que deux silhouettes s'en extrayaient.

*

- J'aurais mieux fait de te raccompagner chez toi directement, estima Nathaniel en contemplant la maison endormie.

- Rosalya ne m'aurait pas pardonné, plaisanta Eileen avec un sourire. Ne t'inquiète pas, il était prévu que je passe la nuit ici.

Resserrant la veste de Nathaniel autour de ses épaules, elle appuya sur l'interphone, en ayant quelques remords de devoir réveiller John.

Le visage ridé et ensommeillé du gardien apparût dans l'écran du visiophone puis ce dernier redevint noir. Presque aussitôt, se fit entendre le déverrouillage de la porte de la loge.
En pantoufles et enroulé dans une robe de chambre en flanelle, le vieil homme se dirigea vers la porte et ouvrit aux jeunes gens en bâillant :

- Vous avez passé une bonne soirée, miss ?

- Oui, merci John. Désolée de vous tirer du lit.

- It's okay. Good night, marmonna John en retournant à sa loge.

Nathaniel et Eileen échangèrent un regard avant de pouffer joyeusement.

Arrivés sous le porche, devant la porte d'entrée, une gêne s'immisça soudain entre eux. Eileen brisa le silence en premier :

- Merci Nath, j'ai passé une excellente soirée.

Mon Dieu, que c'est cliché comme phrase !

Nathaniel sentait également une certaine tension l'envahir. Un peu maladroitement, il s'éclaircit la gorge pour déclarer :

- C'est rien... Je suis ravi... euh, ravi que... Enfin, ravi quoi !

Le silence prit le relais.

Un silence un peu pesant

Pour ne rien arranger, le taxi attendait toujours devant la grille. Nathaniel jeta un regard dans sa direction avant de revenir à Eileen :

- Alors, euh...

Séduction en quinze leçonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant