Séduction en quinze leçons

Leçon n°10 - Ne restez jamais jusqu'à l'aube

Deux ans plus tôt

Eileen sortait du C.D.I d'un pas lent.

Elle avait hâte que cette journée se termine... De toute façon, depuis trois mois qu'elle avait mis les pieds dans ce maudit lycée, elle avait hâte que toutes ses journées se terminent.

C'était l'heure du déjeuner et tout le monde mangeait au self ; elle parcourait les couloirs vides en essayant d'ignorer les grognements de protestation de son estomac.

Oui, elle avait faim mais elle ne voulait plus subir l'humiliation de traverser la cantine, seule avec son plateau pour aller s'asseoir ensuite dans un coin isolé, pendant que tout le monde la dévisageait et chuchotait dans son dos, en ricanant.

Elle prit la direction de la sortie d'un pas lourd lorsqu'elle entendit une petite voix chantonner méchamment sur sa droite :

« Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin... »

Elle sentit ses jambes se dérober sous elle en sachant très bien qui était cette personne et ce qui allait suivre : Ambre et ses deux pestes d'amies. Celles qui l'avaient prise pour cible depuis le début et s'employaient à faire de sa vie, un enfer.

Les ricanements dans son dos se rapprochèrent.

Ignore-les, continue de marcher et surtout ne réponds pas !

Le cœur battant à toute allure, elle continua donc sa route mais derrière, les trois pestes la suivaient :

- Bah alors Bibendum, on ne dit plus bonjour ? commença Ambre.

Eileen accéléra le pas, passa le premier couloir et dévala les marches aussi vite qu'elle le pouvait. Sachant que les trois filles étaient sur talons hauts, ça lui donnait peut-être une chance de s'échapper avant qu'elles ne la couvrent d'horreurs.

Sauf qu'elle n'atteignit jamais la sortie.

Arrivée au rez-de-chaussée, elle se retrouvée agrippée par la manche et tirée dans un recoin sombre.

- On ne t'as jamais dit que c'était mal élevé de ne pas répondre aux gens ? ricana Li.

- Toute une éducation à refaire, soupira dramatiquement Ambre.

- Sans compter la garde-robe, conclut méchamment Charlotte.

Elles se rapprochaient d'elle, avec des sourires de prédateurs. Eileen déglutit et tenta de se redresser mais la peur la clouait sur place : sac arraché, poussées dans les escaliers, blocage de son casier, croche-pieds à toute venant... Elle connaissait la sanction si elle osait se rebeller.

Elle tenta le dialogue :

- Qu'est-ce que tu veux, à la fin ? Je t'ai dit que je m'approcherais plus de Castiel.

- Encore heureux !

- Alors pourquoi..., commença Eileen d'une voix chevrotante.

Ambre claqua sa main sur le mur, à côté de son souffre-douleur et la jeune fille se ratatina :

- Tu crois que je ne t'ai pas vue ce matin ? Je veux que tu arrêtes de tourner autour de mon frère.

- Mais je... J-J'avais un papier de retard ce matin !

- Menteuse !

- Ouais, arrête de mentir ! cracha Li.

- A partir de maintenant, je t'interdis de l'approcher, compris ?

Bien que désemparée, Eileen hocha frénétiquement la tête.

Ambre se rengorgea :

- De toute façon, aucune fille de ce lycée n'a le droit de l'approcher.