Séduction en quinze leçons

Leçon n°11 - La plus sûre façon de garder un secret est de ne rien dire

Rosalya était figée sur le seuil, une main sur la poignée de la porte et les yeux arrondis comme des soucoupes.

Lysandre fronça les sourcils, ouvrit les yeux... et son regard tomba directement sur Eileen, pétrifiée dans les draps à quelques centimètres de lui avec un sourire forcé sur le visage :

- Salut..., murmura-t-elle, gênée.

Choqué, il se redressa dans un mouvement de recul puis eut un second sursaut en apercevant Rosalya, changée en statue sur le pas de la porte. La bouche sèche, Eileen constata qu'il était torse nu, la couverture lui tombant à hauteur des hanches.

Abasourdi, son regard allait d'une jeune fille à l'autre, la bouche ouverte.

- De deux choses l'une, déclara-t-il enfin. Ou je suis en train de rêver ou Castiel a mis quelque chose dans mon verre, hier soir.

- Je peux tout expliquer, Lys-chou.

- J'apprécierai ! commenta le jeune homme en s'asseyant sur son lit et posant ses paumes de main contre ses yeux.

Il reporta ensuite son regard sur Eileen tandis que Rosalya expliquait :

- On a fait une soirée pyjama et comme tu n'étais pas là, je... je lui ai proposé de dormir dans ton lit.
Voyant les sourcils du jeune homme se froncer, elle répéta précipitamment :

- Tu n'étais pas là et je n'allais quand même pas la faire dormir par terre, non ?

Lysandre amena une main fatiguée à son front et soupira :

- Et j'imagine qu'un SMS pour me prévenir était trop te demander ?

- C'est ma faute, commença Eileen mais sa meilleure amie l'interrompit :

- Lys-chou, tu n'étais pas censé rentrer hier soir.

Il se rejeta en arrière contre la tête de lit :

- J'ai le droit de changer d'avis ?

Rosalya s'approcha du lit :

- Ce n'est pas un si grand drame que ça... D'ailleurs, tu ne t'es même pas aperçu qu'elle était là, visiblement.

Eileen n'était pas sûre de savoir comment prendre cet état de fait.

De son côté, Lysandre n'était guère en meilleur état de décider : le réveil brutal suivi du choc de voir la fille qu'il désirait en secret depuis des semaines dans son lit était un peu trop pour un dimanche matin qu'il avait espéré plus calme.

La vérité était qu'il n'était pas complètement sobre lorsqu'il était rentré cette nuit-là et avec l'obscurité, il ne s'était rendu compte de rien. D'ailleurs, pourquoi aurait-il pensé à vérifier s'il y avait quelqu'un dans son lit ?

Mais maintenant qu'il réalisait qu'Eileen avait été présente toute la nuit, son esprit ne pouvait s'empêcher de divaguer. Que se serait-il passé s'il avait découvert la jeune fille au moment de se coucher ?

S'il devait être honnête avec lui-même, il connaissait parfaitement le scénario. Il l'avait déjà déroulé plusieurs fois dans sa tête : avec une Eileen consentante dans son lit, sa nuit aurait été bien différente...

- Vous venez, les filles ? Ça refroi...

Leigh venait de faire irruption sur le palier, juste derrière Rosalya.

Il s'interrompit lorsqu'il aperçut son frère et termina par :

-... dit. Mais qu'est-ce que tu fais, là, toi ?