Chapitre 10

17 4 0
                                    

Lorsque survint le cours de physique le lundi matin, Gwen tenta de se frayer un chemin jusqu'à Peter, mais celui-ci l'évita habilement jusqu'à ce que le cours ne commence. Il n'oubliait pas qu'il s'était enfuit sans donner d'explication la semaine dernière, mais il valait mieux pour Gwen qu'elle l'oublie un peu. Harry également voulut obtenir des explications, mais Peter ne put supporter de soutenir le regard de son meilleur ami sans y voir l'aura terrifiante de Norman Osborn. Il s'assit donc seul à une table et se concentra sur les exercices que le professeur Warren leur confia. Alors qu'il s'attelait à la résolution d'un problème sur l'énergie cinétique, il entendit un « Psst ! » provenir de la table devant lui. Quand il leva les yeux, MJ lui tendait un bout de papier, puis pointa Gwen, qui le regardait fixement. Il déplia le message.
« Musique ce soir. Tu nous rejoins ? »
Peter froissa le papier en une boule qu'il glissa dans sa poche avant de replonger le nez dans sa copie. Le déroulé du cours reprit normalement en son absence. Mary Jane passait son temps à bavarder avec Liz ; Gwen, seule assise à sa table, mâchouillait pensivement son stylo ; Peter la fixait aussi discrètement que seule la rockeuse blonde ne s'en était pas encore aperçue, et Flash essayait de toucher Peter avec sa sarbacane faite maison. Quarante minutes de cours étaient écoulées ; Flash sortit une douzième boulette de papier de sa bouche et l'inséra dans ce qui fut autrefois un stylo effaceur. Il ferma un œil, plaça sa bouche contre l'extrémité de son arme, et projeta le papier humide en direction de la nuque de Peter Parker. Celui-ci, perdu dans ses contemplations, fut prévenu par un picotement dans la nuque. Il baissa discrètement la tête pour apercevoir le dangereux projectile atterrir dans les cheveux de Liz, assise un rang devant lui. La jeune fille poussa un cri strident et hystérique qui fit se retourner toute la classe. Flash, qui avait jeté sa sarbacane sous la table, haussa les épaules, et Peter soupira.
« Monsieur Parker, toussota le professeur Warren, voulez-vous bien aller vous asseoir à côté de Mademoiselle Stacy ? »
« Tout mais pas ça... » supplia Peter en son for intérieur. Voyant que Monsieur Warren le fixait patiemment, il ramassa ses affaires, traversa la classe et s'assit à côté de Gwen. Il tira la chaise vers l'extrême bord de la manière la plus discrète possible puis laissa son professeur reprendre le fil de son cours et se plongea littéralement dans son manuel de physique-chimie. Il pria de toutes ses forces pour que sa voisine oublie sa présence.
« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé vendredi soir ? lui chochota-t-elle pourtant.
-Rien du tout. »
Silence.
« Tout va bien, reprit Peter, merci de t'inquiéter.
-D'accord. Tant mieux alors. »
Lorsque sonna la cloche à la fin de la journée, MJ, Liz et Harry se levèrent et se tournèrent vers la table de Gwen et Peter. Avant que qui que ce soit puisse l'en empêcher, Peter attrapa son sac et pris la fuite, tête baissée.
« Peter, attends ! l'appela vainement Gwen.
-Parker s'est dégonflé ? » plaisanta Flash, attrapant sa petite amie par l'épaule.
Gwen lui lança un regard noir, puis lui frappa le bras.
« T'es vraiment trop con Flash. »

« Tante May ? appela Peter, en franchissant le seuil du 20 Ingram Street.
-Peter, tu es déjà rentré ? Tu ne m'avais pas dit que tu rentrerais tard ?
-J'ai changé d'avis, je dois réviser.
-Oh Peter, je connais cette tête, quelque chose ne va pas ? Tu veux qu'on en parle ?
-Non, rien de grave. Je suis juste un peu fatigué.
-Peter Benjamin Parker, insista sa Tante, se plantant bien droite devant lui. Je te connais comme si je t'avais fait, et tu ne me feras pas croire que tout va bien quand tu fais cette tête ! »
Peter resta un instant silencieux, puis soupira. May lui indiqua le canapé d'un geste de la main, et s'assit aux côtés de son fils.
« Il y a cette fille, Gwen Stacy, qui m'a proposé de sortir avec elle et ses amies.
-Mon Peter a une petite copine ! s'écria Tante May, un brin sarcastique. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
-Arrête May, se renfrogna Peter. Depuis ce qui est arrivé à Oncle Ben, nos disputes.... Avec tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps, je ne suis pas prêt pour ça. Je ressens beaucoup de choses que je ne devrais pas ressentir ; de la peur, de la colère... Qu'est-ce que Ben penserait s'il me voyait ? Et si je lui causais du tort ? Il vaut mieux que je...
-Peter, l'arrêta Tante May, Peter. Tu réfléchis beaucoup trop. Tu es un garçon sensible et très intelligent, tu t'inquiètes pour tout le monde et te sens toujours obligé de porter le poids du monde sur tes épaules. Tu es le portrait craché de ton père, et c'est une bonne chose ! Mais tu es aussi le fils de ta mère, et tu devrais prendre exemple sur elle un peu plus souvent. Ta mère s'accrochait de toutes ses forces aux choses qui comptaient pour elle, et ne tournait jamais le dos à ceux qui l'aimaient. Quelquefois, il faut arrêter de réfléchir et simplement savoir écouter son cœur, quitte à se battre pour les choses qui en valent la peine. Hm?
-May, je... les mots ne venaient pas à Peter, il se contenta de répondre : merci. J'aimerais qu'ils soient encore là, tu sais...
-Oui, murmura-t-elle, prenant son neveu dans ses bras, je sais. À moi aussi ils me manquent, tous les trois. »
Peter s'abandonna à l'étreinte de sa tante et, quelques instants, ils savourèrent leur chance. Malgré toutes les épreuves qu'ils avaient dû traverser, l'une avait la chance d'avoir un fils et le fils une mère.
« Ah, reprit finalement May, j'ai retrouvé ton argent posé sur la table. Tu n'abandonnes jamais, n'est-ce pas ? Une vraie tête de mule. D'accord, je vais l'accepter, cet argent ; mais à une condition. Tu garderas au moins la moitié de tes revenus pour toi. Est-ce qu'on est d'accord ?
-D'accord, lui sourit Peter, satisfait.
-Super, répondit May, lui rendant son sourire. Maintenant dis-moi, est-ce que tu comptes vraiment poser un lapin à cette jeune fille ?
Peter sourit.
-J'ai quelques préparatifs à faire. »

Sa Tante avait raison, et bien que ces dernières semaines n'aient pas étées faciles, tout n'était pas noir non plus, non, Peter avait trop de choses à perdre pour baisser les bras. May a besoin de moi, Harry est mon ami, et il faut que je parle à Gwen... Tout ça valait la peine de se battre. Après tout, il était Spider-Man, « celui qui se bat pour protéger les gens », comme avait dit Flash ! Mais tout héros qui se respecte doit porter un costume digne de ce nom... Peter monta dans sa chambre, ressortit la vieille machine à coudre de Tante May et attrapa quelques rouleaux de tissu. Il y pensait depuis quelque semaines déjà. Il lui fallait quelque chose d'iconique. Un costume rouge et bleu, de grands yeux blancs, un motif de toile, et surtout, une grande araignée noire sur le torse!

Spider-ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant