Spider-Man

Chapitre 6

Quand Peter rentra chez lui, il aperçut sa tante dans le salon. Elle n'avait pas entendu l'arrivée de son neveu et pleurait à chaudes larmes. Sur la table était posée une lettre du propriétaire. La situation financière de la famille Parker était... compliquée. Oncle Ben lui permettait de vivre grâce à son salaire d'ouvrier, mais May n'avait jamais conservé un emploi très longtemps. Maintenant que Ben n'était plus là... Il resta quelques instants sur le palier, hésitant, puis prit son manteau et sortit dans la rue pour réfléchir un peu. L'air commençait à se réchauffer en cette période de l'année, la brise printanière qui soufflait dans les rues du Queens était agréable. Alors qu'il avançait le long d'Ingram Street, Peter se questionnait. Avec ses pouvoirs, il pourrait facilement braquer une banque, voire même voler de grosses sommes d'argent sans que personne ne s'en aperçoive. Mais Oncle Ben n'aurait pas approuvé. Il n'avait pas le droit d'utiliser ses pouvoirs de la sorte. Peter passa devant un kiosque. Par curiosité, il attrapa le dernier numéro du Daily Bugle et parcourut des yeux la première page. Un article retint alors son attention : « Deux cents dollars seront offerts à quiconque pourra fournir des photos de qualité de Spider-Man. » Peter sourit, amusé. Voilà un travail qui devrait être dans ses cordes !

*

Le lendemain matin, le cours de physique était annulé. Parfait, Peter aurait le temps de passer au Daily Bugle vendre les photos qu'il avait prises pendant la nuit. Avec un peu de chance, le patron, J. Jonah Jameson, serait tellement ravi des photos qu'il lui proposerait de repasser régulièrement pour lui acheter plus de photos ? Mais à peine entré dans les bureaux du journal, Peter déchanta.
« Minable ! hurlait une voix à l'autre bout du couloir. Minable, minable, minable ! Dehors ! »
Un homme sortit en trombe du bureau, manifestement exaspéré. Il bouscula Peter sans même lui prêter attention.
« Tiens, l'apostropha une voix féminine au guichet. C'est la première fois que tu viens ici ? Ne t'inquiète pas, il est toujours comme ça. Jonah crie beaucoup, mais il ne mord pas. Tu t'appelles ?
-Peter... balbutia-t-il, Peter Parker.
-Betty Brant, lui répondit la jeune femme, tout sourire. Enchantée. Et tu es là pour ?
-J'ai des photos de Spider-Man.
-Oh ! Dans ce cas, ça se passe directement avec Jonah. Va le voir dans son bureau. »
Peter hésita, quelque peu intimidé. Il tenait beaucoup trop à la vie pour passer cette porte !
« Bonne chance ! » ajouta Betty Brant avec un clin d'œil amusé.
À peine Peter passa-t-il la porte que Jonah Jameson commença à crier.
« T'es qui, toi ? Qu'est-ce que tu veux, gamin ? Sa moustache carrée, sa petite carrure et son air hystérique arrachèrent un léger sourire à un Peter tétanisé.
-Jonah, soupira un homme plus âgé, Afro-Américain, aux cheveux d'un blanc immaculé, depuis son ordinateur.
-Je m'appelle Peter. Peter Parker. J'ai des clichés de Spider-Man.
-Vraiment ? grogna le directeur. Montre-moi ça. » Jonah lui arracha ses photos des mains et les regarda attentivement pendant deux bonnes minutes. Son cigare empestait dans tout le bureau. Il releva lentement la tête et le fixa, un sourcil levé.
« C'est toi qui les a prises ? demanda-t-il finalement.
-Euh... oui.
-Combien tu en veux ?
-L'annonce disait deux cents...
-Je t'en donne cent dollars ! l'interrompit Jonah. Il gribouilla sur un bout de papier, le tendit à Peter et lui dit : Donne ça à Mademoiselle Brant, à l'entrée. Elle te donnera ton argent. Maintenant, sors d'ici, j'ai du travail.
-Mais...
-Dehors ! Et ne reviens pas à moins d'avoir de meilleures photos à me proposer ! »

« Comment ça s'est passé ? demanda Betty, un sourire désolé en coin.
-Il m'a dit de vous donner ceci, expliqua Peter, lui tendant le bout de papier.
-Ne bouge pas, je vais chercher ton argent. Si jamais tu prends d'autres photos, n'hésite pas à revenir ! Le premier article sur Spider-Man a été un carton ; depuis, le patron n'a qu'un mot à la bouche. »
Peter empocha son argent et sortit de l'immeuble, plutôt satisfait. Ça n'était pas les deux cents dollars promis, mais ça aiderait tout de même à payer le loyer. Et puis, il pourrait ramener plus de photos. En activant le retardateur de son appareil, Peter pouvait se prendre en photo comme si de rien n'était, l'illusion était parfaite. En regardant les photos, n'importe qui penserait qu'il avait simplement eu de la chance en voyant Spider-Man passer, se balançant d'immeuble en immeuble. Peter rangea l'argent dans son sac et reprit le chemin du lycée.

*

Lorsqu'il arriva en cours, Harry était visiblement absent. Peter soupira, puis s'assit seul à une table au fond de la salle de classe. Son téléphone vibra : « Je ne viendrai pas en cours aujourd'hui. Mon père est introuvable depuis hier soir. Je te tiens au courant. »
Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Monsieur Osborn...
La journée sembla se dérouler au ralenti pour Peter à partir de ce moment. Les cours : ennuyeux. Les élèves : ils ignoraient toujours autant Peter quand ils ne se moquaient pas de lui. Pour s'offrir un peu de tranquillité, ils se réfugia à midi sur un siège dans l'amphithéâtre et se plongea dans la lecture d'un livre emprunté à la bibliothèque, lui aussi ennuyeux. Au bout d'une demi-heure, trois filles entrèrent dans l'amphithéâtre. Peter n'eut aucun mal à les reconnaître : les trois membres du groupe The Mary Janes. Parmi elles, la superbe Gwen Stacy. Si seulement Peter avait obtenu le pouvoir de plaire aux filles... Il fit mine de se replonger dans sa lecture et écouta le groupe jouer, persuadé de ne pas avoir été remarqué. Quand l'heure du prochain cours approcha, il ramassa son sac et se dirigea le plus discrètement possible vers la sortie.
« Peter ? » l'interpella alors Gwen.
La jeune fille quitta sa batterie pour rejoindre Peter.
« Tu étais là depuis longtemps ? Je ne t'ai pas entendu entrer. Tu nous as écouté jouer ?
-Je suis arrivé avant vous. J'étais occupé à lire, je ne vous ai pas vraiment écouté jouer. Enfin, ce n'est pas que je m'en fichais, mais je ne veux pas que tu penses que je vous espionnais...
-C'est dommage, sourit-elle, j'aurais bien aimé avoir ton avis...
-Enfin, se corrigea Peter, ça avait l'air bien. De ce que j'ai entendu, c'était super.
-Je suis désolé pour ce qui s'est passé avec Flash, au fait. Il n'est pas comme ça d'habitude...
-Ah bon ? On ne connaît pas le même Flash alors.
-Je t'assure, c'est quelqu'un de gentil au fond, seulement...
-Désolé, répondit Peter, un peu agacé et mal à l'aise, je dois y aller. Je suis en retard.
-Ah, oui, bien sûr. File ! »
Alors qu'il prenait ses jambes à son cou, Peter poussa un soupir de dépit. Pour la première fois qu'il parvenait à parler avec Gwen Stacy sans se faire ignorer, le voilà qui prenait la fuite ! Il repensa à ce que la rockeuse avait dit de Flash.
Un idiot, voilà ce qu'il est. Elle se laisse attendrir par ses beaux yeux bleus. S'il est si gentil, Flash n'a qu'à venir me voir en personne.
Peter claqua la porte du couloir et fonça rejoindre sa salle de cours.

*

« Mmmh... grommela Robbie Robertson. Pas terribles, les photos de ce garçon. Sombres, plutôt floues... Le Jonah que je connais l'aurait envoyé paître. Ne me dit pas que tu t'es laissé attendrir par ce gamin ?
-Pour commencer, répliqua Jonah, ôtant son cigare de la bouche, c'est le premier à nous proposer de véritables clichés de l'homme-araignée. Et puis, tu n'as pas suivi les infos ? Peter Parker, c'est le neveu de Benjamin Parker, qui s'est fait abattre il y a quelques jours dans le Queens. Le garçon s'est retrouvé seul avec sa Tante. Un enfant qui perd un parent, je connais ça. C'était le moins que je puisse faire pour ce petit. Maintenant, au travail, et si tu parles à qui que ce soit de tout ça je t'étouffe avec le numéro de demain ! »
Robbie reposa les photos en souriant et se remit au travail.