Chapitre 2

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Peter se réveilla en sursaut ; il était bouillant. Combien de temps avait-il dormi? Sept heures quarante-six. Le bus était déjà passé. Peter bondit de son lit, attrapa des vêtements dans sa penderie, dévala les escaliers quatre à quatre et se rua dans le salon chercher son cartable.
« Tiens, s'étonna Ben, qui lisait le journal confortablement installé dans le canapé, tu es réveillé finalement ? Comment tu te sens ?
-Je vais très bien, je n'ai pas le temps de parler, je suis en retard !
-Attends, tu n'as rien mangé !
-À ce soir ! »
Peter avait déjà claqué la porte. Il courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient le long d'Ingram Street à la poursuite du bus. Plus vite que d'habitude. Étonnamment vite ! Peter n'était pas encore totalement réveillé. Ses lunettes ! Il les avait oubliées sur la table de chevet... Cela dit, outre le brouillard matinal, Peter voyait étonnamment bien pour un myope ! Les bruits de la ville, les klaxons des voitures et les discussions des passants résonnaient douloureusement dans sa tête ; le monde semblait tanguer autour de lui. Soudain, un klaxon résonna tout près des oreilles de Peter et une voiture passa à moins d'une dizaine de centimètres de lui. Surpris, l'adolescent fit un bond prodigieux en arrière. Le temps de récupérer ses esprits, il se rendit compte qu'il était accroché au mur du bâtiment d'en face. Ses doigts semblaient y coller magiquement. La stupeur le fit aussitôt tomber par terre. Par quelle espèce de maléfice une telle chose était-elle possible ? La terreur commençait petit à petit à l'envahir.
« Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ??? »
Peter devait se ressaisir, il était toujours en retard pour le lycée... Aussi pressé que terrorisé, il rattrapa son sac et reprit sa course, tentant de semer tant son retard que ses nouveaux problèmes.

*

À son arrivée, les portes du lycée de Midtown High étaient fermées. Peter n'avait jamais été en retard à un cours, et encore moins absent, sauf en cas de maladie grave. Comment allait-il se justifier ? Non, le professeur Warren ne lui en tiendrait sûrement pas rigueur. Le plus gros problème, c'était...

« Parker ! » rugit une voix grave depuis l'autre bout du couloir.
Flash, qui n'avait pas pu rendre son devoir, que Peter n'avait pas rédigé. Le grand blond se rua vers lui à travers le couloir.
« T'étais où ? le menaça le footballeur, l'attrapant par le col. J'espère au moins que tu as apporté mon devoir !
-Écoute Flash, j'ai eu un accident hier, je ne me sentais pas bien et...
-Je me fiche de ta vie, je veux juste mon devoir. Tu l'as, oui ou non ?
-Non, je suis désolé Flash... »
Flash lâcha le col de Peter et recula d'un bon pas.
« Tu as bien fait de ne pas ramener tes petites jumelles aujourd'hui. »
Il ferma les yeux puis prit une profonde inspiration. À cet instant précis, Peter ressentit un picotement dans la nuque, comme s'il avait la chair de poule. Instinctivement, il baissa la tête. Le poing de Flash s'abattit alors à l'endroit précis où la tête de Peter se trouvait une fraction de seconde plus tôt.
« Comment tu as fait ça ? »
Peter, stupéfié, resta figé, sans rien répondre. Flash asséna alors une série de coups que Peter esquiva sans difficulté. Laissant parler son instinct, il sauta sur le côté puis frappa son harceleur derrière le genou. Celui-ci s'effondra immédiatement par terre, gémissant de douleur. À la fois impressionné et empli de fierté, Peter contempla la vue de son adversaire vaincu au sol. C'est alors qu'il aperçut l'attroupement de lycéens qui s'était formé autour d'eux. Ils affichaient tous une tête effrayée, regardant Peter avec incompréhension. Parmi eux, Gwen Stacy. Cela faisait deux ans que Peter et Gwen étaient dans la même classe, et jamais la belle adolescente ne lui avait manifesté le moindre intérêt ; jusqu'à aujourd'hui du moins. Elle se précipita aussitôt au service de Flash, qui gémissait au sol.
« Peter ! s'esclaffa Harry. Comment tu as fait ça ? »
Harry Osborn, le seul ami que Peter n'ait jamais eu. Le seul à le soutenir quand tout le monde se moquait de lui.
« Qu'est-ce que ça signifie ? demanda le professeur Warren, arrivant sur place. Monsieur Parker ? » bégaya-t-il, affichant la même mine hébétée que les élèves. Un affreux sentiment de rejet et de colère envahit Peter. Il tourna les talons et s'enfuit aussi vite que possible avant de pleurer devant tout le monde. Il sortit du lycée et se réfugia dans la première ruelle à l'abri des regards. C'était tellement injuste ! Tous les jours depuis des années Flash se moquait de lui, le bousculait et le menaçait sans que personne ne s'en soucie, mais la première fois que lui se défendait, tout le monde le regardait comme si c'était lui la brute ! Et puis, ses mains qui collaient au mur, ce sixième sens l'avertissant du danger, cette vitesse et cette force exceptionnelle, tout ça depuis ce matin... Non, depuis la morsure de l'araignée ! Peter se remémora les paroles de Norman Osborn.
« Le sérum Oz peut réécrire l'ADN d'un individu. La durée de vie de l'individu est doublée, et celui-ci développe de nombreuses facultés lui permettant non seulement de se protéger contre ses prédateurs, mais aussi de se hisser au sommet de la chaîne alimentaire. »
Se pourrait-il que l'araignée... non, impossible. Et pourtant... Peter savait ce qu'il avait vu. Il n'y avait qu'une seule façon d'en avoir le cœur net. Il s'essuya les yeux d'un revers de la manche, se releva et fit face au mur. Il prit une profonde inspiration, puis posa une main contre le mur. Il était bel et bien accroché ! Il posa sa deuxième main, puis un pied, et après une courte hésitation, le deuxième. Incroyable, il restait accroché au mur, comme une véritable araignée ! À la fois terrifié et surexcité, Peter retomba durement sur le sol. Il regarda le sommet de l'immeuble d'un air pensif. Une telle chose serait-elle vraiment possible ? Peter s'accrocha une nouvelle fois au mur, respira profondément, puis continua son ascension et s'éleva jusqu'au toit de l'immeuble. Parvenu à son sommet, il admira la vue sur Midtown et laissa échapper un hurlement victorieux.

*

Une semaine était passée depuis la morsure de l'araignée. Depuis lors, Peter n'avait cessé d'essayer de comprendre les capacités dont il avait hérité. Qu'allait-il en faire ? Comment les exploiter au mieux ?
« Peter, insista Harry, tu m'écoutes ?
-Pardon, tu disais ?
-Pour le projet d'électronique, notre système de géo-localisation fonctionne super bien, mais il y a ce bug dont je n'arrive pas à me débarrasser. Si tu pouvais jeter un coup d'œil...
-Oui, bien sûr. Pas de souci. »
Harry s'écarta pour laisser Peter s'installer devant l'ordinateur. Il voyait bien que son ami était mal à l'aise. Des deux, Peter avait toujours été le plus doué en informatique, et même en sciences en général. Or, Norman, le père d'Harry, rêvait que son fils excelle en sciences afin qu'il puisse un jour lui confier les rênes d'Oscorp, l'entreprise qu'il avait lui-même fondé. La crainte de décevoir son père avait toujours été la bête noire d'Harry, qui cherchait toujours à se montrer digne d'affection aux yeux de son géniteur.
« Eh, reprit Peter, ne t'en fais pas, tu as fait la plupart du travail, je peux bien faire ça. »
La cloche sonna, annonçant l'heure du déjeuner.
« On devrait aller manger un chawarma. Je sais que tu en as autant envie que moi ! »

*

« Je suis rentré ! cria Peter, jetant son sac dans l'entrée.
-Ne t'en fais pas, le propriétaire à toujours été patient, murmurait Oncle Ben à Tante May. Je suis sûr qu'il comprendra.
-Tiens ! s'écria May, apercevant son neveu. Déjà ? Assieds-toi, je t'ai cuisiné des crêpes.
-Ne le gave pas, plaisanta Ben, il est déjà presque aussi fort que moi !
-Peter, commença May, nous avons quelque chose à t'annoncer...
-Ah oui ?
-Nous avons reçu ton bulletin de fin de trimestre. Nous pensions attendre la fin de l'année, mais vu tes résultats excellents, expliqua Ben, nous avons décidé de t'offrir ce microscope optique dont tu nous parles depuis des mois.
-C'est vrai ? Mais il a dû coûter une fortune !
-Ne t'en fais pas, le rassura May. Ça fait quelques temps que nous économisons, et puis tu le mérites bien !
-Merci, merci beaucoup ! » cria Peter, se jetant dans les bras de ses parents d'adoption. La seule famille qu'il n'ait jamais eu depuis que ses parents l'avaient abandonné, la seule qui l'ait jamais aimé. Oncle Ben et Tante May étaient les seuls à apprécier Peter tel qu'il était et non à le regarder comme une brebis galeuse. Si gentils, si généreux...
« Je vous rembourserai, promit Peter.
-Ne dis pas de bêtise, se vexa Tante May. Nous te l'offrons en cadeau, et on ne rembourse pas un cadeau. Accepte-le et va donc t'amuser avec ! »
Sans plus insister, Peter monta dans sa chambre. Voilà à quoi serviraient ses nouveaux pouvoirs. Il allait les utiliser pour aider les personnes qui le méritaient vraiment.

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