08.nov.1948 : l'égoïsme du cœur

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_Journal de bord- huit novembre 1948_

*dix-neuf heures*

— Bon, nous devons établir un plan. Nous expliqua Giselle, assise en face de moi. Si nous voulons aider Joséphine à quitter Littlewood campus, il va falloir s'organiser!

— Bien dit! Répondit Mary en accord avec Giselle.

— Moins fort! Les sermonna Lucille, à ma droite, en désignant les professeurs qui soupaient sur la table à côté de la nôtre.
Nous nous étions installées en coin de tables pour pouvoir discuter loin des regards mais la cafétéria était bondée à cette heure-ci.

C'était Giselle qui était venue à moi, un peu plus tôt dans la journée, pour se débarrasser de la leçon de littérature antique qui trônait entre mes mains, et y déposer à la place un petit bout de parchemin sur lequel était écrit :

— « Ce soir, Cafétéria seconde table à droite, les filles sont déjà au courant »

Giselle et ses petits papiers était une longue histoire d'amour, mais je devais reconnaître que ses méthodes fonctionnaient. C'était comme cela que nous nous étions retrouvés ici après la prière obligatoire du souper.

— Hum, on commence par quoi? Nous demanda Mary se rendant compte de la difficulté de la chose.

— Ne vous inquiétez pas, j'y ai déjà un peu réfléchis...
« Un peu » était un euphémiste, j'y pensais constamment depuis plusieurs nuits, mais j'avais le regret de reconnaître que la majorité de mes idées étaient irréalisables.

— J'avais prévu de retourner chez moi un Week-end avant le départ, histoire de prendre quelques affaires en plus. Continuais-je.

— Oui, c'est bien logique, me dit Mary, mais ta mère sera là, non?

— Que nenni, je vais m'arranger avec Père pour qu'il regarde son emploi du temps, apparemment elle travaille quelques fois pour l'hôpital en tant qu'infirmière.

— Donc ton père sera au courant? Me questionna Giselle.

— Il faut bien qu'un adulte soit dans la confidence, mais je ferais le reste seule, je voyais bien qu'elles étaient encore sceptiques alors j'ajouta, tout va bien se passer, je vous le promet!

— Je ne m'inquiète pas pour ta fuite, Jo, me répondis Giselle en ayant utilisé mon surnom d'enfance dont j'vais presque oublier l'existence, je trouve juste cela trop soudains.

— Enfin, tu as dit que tu étais d'accords avec ça, vous aviez l'air enthousiastes pour moi il n'y a de cela que quelques secondes!

— Nous le sommes. M'informa Mary sur un ton plus calme.

— C'est juste que: tu vas nous manquer. Termina Giselle.

— Évidemment, et vous allez me manquer aussi, mais je ne peux pas vous emmener avec moi, vous le savez.

— Nous ne voulons pas partir, nous voulons juste passer plus de temps avec toi, c'est tout. Dit Lucille.

— Mais vous savez que les trains ne partiront plus après novembre à cause de la neige, il faut que je me dépêche si je veux en attraper un!
Je les regardais à tour de rôle pour essayer de leur faire comprendre cela, mais a la place de voir les visages habituellement souriant de mes amis, je me retrouvais devant des faces fermées et froide. Même Mary dont j'évitais le regard ces dernier de temps, avait les yeux tristes, comme si elle essayait de me dire désolé.
Giselle pris soudainement la parole, attirant mon attention sur elle.

Journal de bord|¹⁹⁴⁸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant