_"Fuir pour construire"_
C'est en septembre 1948 que nous rencontrons Joséphine Sinclair dans son journal de bord, retraçant les événements qui l'ont amené à se faire une place dans le combat d'une révolution autant sociétale que poétique. À vingt...
Ma curiosité prit le dessus et avec une grande respiration, je l'ouvris pour y lire les quelques mots inscrits dessus : "...
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" Si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le cœur, on pourra lire en lettres d'or: je t'aime encore."
— Shakespeare. Souri-je à moi-même. Mary aura toujours eu cette douceur poétique au fond de son cœur. Je suis heureuse d'avoir pu connaitre cette partie d'elle-même.
Je lis et relis ces quelques mots gravés à l'encre sur du papier déchiré, et plus ils s'empreignent en moi, plus une boule se crée au fond de mon estomac. Elle me donne envie de suffoquer et je m'oblige à respirer calmement, mais je ne peux empêcher la triste pensée de venir se frayer un chemin en moi : Mary ne sera sûrement plus qu'un souvenir à partir de maintenant. Je ne suis pas dupe, nos routes s'éloignent inexorablement l'une de l'autre à l'instant présent. Nos destins se sont croisés, se sont fait la cour, et se sont aimés, mais nos destins viennent de repartir dans leur sens initial. Rien n'aurait pu changer la façon dont nos histoires sont écrites, et je crois qu'au fond, elle le savait aussi.
J'ai peut-être pris la décision de partir du village vers de nouveaux horizons, mais cela faisait déjà des années que mon esprit s'était envolé les rejoindre. Mon âme est déjà sur les lieux où mon avenir me mènera, et mon corps ne fait que suivre cette trace avec excitation. Mary-Thérèse n'aurait jamais pu m'en stopper. L'amour n'est pas assez fort pour contrer cette détermination qui s'éveille en moi.
J'ai tenté de faire mes preuves dans cette bonne vieille académie, mais les mentalités qui n'ont jamais connu de nouveauté, ne peuvent apparemment pas changer. Et dire que tout à commencé à cause, ou grâce à un article écrit de ma plume, et dont j'espérais qu'il soit ma porte d'entrée vers une rébellion féministe... Finalement, cette démarche a fini par une charmante discussion dans le bureau de la rectrice. Je pense que c'est ce qui m'a aidé à réaliser que ma place n'était plus là-bas.
Je veux pouvoir marcher dans l'herbe fraiche qui n'a pas encore été piétiner, je ne veux pas suivre les pas de quelqu'un d'autre que moi. J'en ai des frissons rien qu'a penser à ce qui m'attend au bout de ce chemin de fer. Je transformerais ce monde à la façon des poètes, ivres de rimes et de lignes ; je dépasserais ce qui n'a jamais été atteint par une autre femme auparavant, me comportant comme un homme s'il le faut ; j'apprendrais plus que ce que le savoir sait, et peut-être qu'un jour, je volerai au-dessus du ciel avec la fierté de pouvoir enfin admiré ce monde dans lequel les libertés ne seront plus restreintes par des vêtements grossiers ou des chapeaux hauts de formes, un monde dans lequel les gens seront tous heureux de naître.
J'en fais le serment, tel est ma vocation.
Alors, avec résolution, je me lève de mon siège et m'approche de la fenêtre que j'ouvre le plus grand possible. Je prends le poème dans ma main, je fais bien attention à ce qu'il soit déplié, avec les derniers mots d'une relation pécheresse vers les cieux pour que tous les dieux puissent en lire les lettres, et je le lance par la fenêtre. Je le regarde ensuite voler quelques instants avant que le train ne s'éloigne à grande vitesse.
Ceci est ma provocation pour l'univers. Qu'il sache que j'arrive à sa rencontre et qu'il en soit préparé.
Car je m'appelle Joséphine Sinclair et je suis prête à me battre pour mes idées.
_Journal de bord- dix-huit novembre 1948_ : "Le commencement de l'odysée... "
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