CHAPITRE 4 : Guérison

170 3 0
                                    

PDV Bree :

J'étais là, j'attendais. Cela faisait presque un mois que Billy m'avait accueillie chez lui, malgré le manque de place. Carlisle s'était proposé également car il pensait que j'aurai été plus à l'aise chez des vampires qu'entourée de loup-garous mais curieusement je me sentais bien chez Billy, certes j'avais mis du temps à m'adapter mais tout le monde s'était habituée à moi, il faut dire que je ne suis pas le genre de personne qui prend trop d'espace. Je me faisais le plus petite possible - déjà que je n'étais pas grande - et j'aidais un maximum. Bien sûr il me fallait chasser souvent car ma soif de nouveau-né m'empêchait d'être pleinement satisfaite et je me joignais souvent aux Cullen dans ces occasions, mais je n'oubliais jamais de revenir chez Billy car pour rien au monde je n'aurai laissé Jacob. Je m'étais énormément attachée à lui. J'avais du mal à le montrer car dévoiler mes sentiments restaient une chose difficile et inconnue pour moi, mais je le ressentais intensément. Nous étions tel deux aimants. Je veillais sur lui le jour comme la nuit, et le fait de ne plus avoir besoin de dormir n'y était pour rien : je me serai certainement épuisée à rester à son chevet si j'avais encore été humaine. Je ressentais simplement le besoin de me trouver près de lui. Pourtant, ma conscience n'était pas tranquille : je me sentais coupable d'aimer un autre garçon que Diego. J'avais l'impression de le trahir. Et ce sentiment me rongeait de l'intérieur.
De son côté, je sentais que Jacob tenait à moi mais je ne savais pas encore à quel point, tant il souffrait au quotidien. Mais sa blessure fut guérie étonnamment vite et un mois plus tard, il pouvait gambader comme bon lui semblait.
J'étais justement assise sur le canapé en lisant un bon vieux roman lorsqu'il débarqua dans le salon à toute jambes - comme d'habitude fringué de son seul short - et annonça une sortie prévu à La Push (en un mois j'avais réussi à apprendre les quelques lieux que la meute fréquentait souvent). Je ne fus pas très enjouée à l'annonce de cette nouvelle : me retrouver entourée de beaucoup de personnes était toujours difficile pour moi. Je m'étais habituée à Billy et Jacob, ainsi que quelques uns de leurs amis mais c'était là tout. Je ne me sentais jamais très à l'aise en public. Je sentis le stress monter mais je n'en fis rien paraître pour ne pas inquiéter Jacob. Pourquoi fallait-il toujours que je me prenne la tête pour rien ? J'allais aller à cette sortie et je m'y amuserai. J'espère...

PDV Jacob :

Enfin ! Ma première sortie à La Push depuis ma guérison ! J'allais enfin pouvoir gambader à sur le bord de plage et reprendre les concours de vitesse avec la meute. Je n'attendais que ça.
Il était environ dix-sept heures lorsque nous partions de la maison. Bree était bien évidement avec moi. Je m'étais adapté à avoir une vampire comme petite amie et son odeur ne me dérangerait pas le moins du monde, au contraire. Elle était tout pour moi à présent. Pourtant quelque chose clochait. Je ne la sentais pas à l'aise. Elle était comme... renfermée sur elle-même. Elle ne montrait jamais ce qu'elle ressentait, ne donnait jamais son avis. Elle était pourtant on-ne-peut-plus serviable mais elle ne parlait quasiment pas. J'aimerai tant la comprendre, savoir ce qu'elle ressent vis-à-vis de tout et... de moi.
Pendant un moment, j'ai même hésité à demander à Edward de décrypter ses pensées mais je m'y suis résigné : cette méthode était trop puéril et c'était comme la trahir. Nous avions besoin de fonder notre relation sur des bases plus solides, sur une véritable confiance. Mais pour cela nous devions chacun faire un effort et nous confier l'un à l'autre.

PDV Bree :

Nous étions sur la plage. Jacob et ses amis couraient un peu plus loin près du rivage tandis que je m'étais assise sur un tronc d'arbre mort couché sur des galets de différentes couleurs dont le paysage était jonché. Je jouais d'ailleurs avec l'un d'eux entre mes pieds. À côté de moi, Emily, la petite amie de Sam ainsi que ce dernier étaient collés l'un à l'autre. Je n'avais pas besoin de les regarder pour comprendre le sentiment fort qui les liait. En entendant leurs respirations saccadées qui s'accordaient parfaitement, mon cœur se serrait. Il était certain que je pensais encore à Diego. Je mettrai certainement un moment avant de l'oublier complètement mais je ne voulais pas gâcher la relation que j'avais avec Jacob.
Emily et Sam se roulaient maintenant des pelles. J'avais pris soin de me mettre à l'écart pour leur laisser de l'intimité et je ne faisais aucun bruit. De loin, j'observais le groupe joyeux qui se lançait des défis en me demandant ce que cela faisait d'avoir un groupe d'amis aussi soudé même si je savais bien qu'un lien plus complexe que l'amitié les unissait. Parfois, je me demande simplement ce que cela fait de se sentir intégré.
Je me souviens qu'un soir, en cherchant de quoi manger dans une poubelle près d'un fast-food blindé, j'avais vu ressortir un groupe d'amis enlacés les uns aux autres qui partageait leurs burgers. Je les enviais tellement que j'en avais oublié mon estomac qui criait famine pendant une bonne demi-heure.
Mais bon, qu'aurais-je pu y faire ? Je n'avais jamais été douée pour la sociabilité ni la communication.
Ma seule expérience fut Diego, mais cela me faisait trop de mal d'y penser, je voulais enfouir son souvenir douloureux dans les bas fonds de ma mémoire et l'y enfermer à double-tour sans plus jamais avoir à en réouvrir la porte.

Le doux contact d'une main sur mon épaule m'extirpa de mes pensées pour me ramener à la réalité. Jacob s'assit près de moi.
« Tu vas bien ? »
Je hochai la tête et lui lançai un sourire que j'espérais convaincant.
« Tu es sûre que tu te sens à l'aise ici ? Tu ne veux pas aller marcher un peu avec moi ? »
J'allais lui répondre que tout allait pour le mieux quand je décidai de prendre mon courage à deux mains et de profiter de cette soirée au moins l'espace d'un instant.
« Je veux bien que nous marchions. »
Jacob parut ravi et m'entraîna contre lui, ses bras étaient chauds et costauds - contrairement aux miens, et je me sentais mieux que jamais en sa présence.
Nous longions le rivage depuis déjà quelques minutes, main dans la main, quand il s'arrêta soudainement puis se tourna vers moi afin de me regarder droit dans les yeux.
« Bree. J'ai besoin de savoir, de comprendre, ou plutôt de te comprendre. Pourquoi te renfermes-tu autant ? »
J'hésitai. Je ne savais pas quoi répondre. C'est vrai ça : pourquoi étais-je à ce point incapable de m'ouvrir aux autres ?
Devant mon silence, Jacob prit une profonde inspiration et lança : « Qu'est-ce que je représente pour toi ? »
Je fus profondément touchée et chagrinée du fait qu'il pensait être le problème. Mais c'était moi.
J'inspirai fort et commençai ma tirade :
« Jacob, je t'aime. Vraiment. C'est juste que... je suis comme ça. J'ai l'impression d'avoir été conçue de travers. Je ne me suis jamais sentie à l'aise nulle part et la seule personne de ma vie avec laquelle j'ai été proche est parti à jamais. Je me sens en permanence à côté de la plaque. En fait, j'ai l'impression d'être... de trop. »
La fin de ma phrase avait du mal à passer tant elle représentait ce que je ressentais au fond de moi. J'avalai ma salive. Je n'avais jamais dis cela à quelqu'un - pas étonnant car hormis Diego je ne m'étais jamais confiée à personne.
« Mais voyons, tu n'es pas trop ! Et tu ne le seras jamais. Tu es tout pour moi.
- Excuse-moi mais j'ai du mal à y croire. Il n'y a pas fille plus ordinaire que moi. Je suis même plutôt coincée. Qu'est-ce que tu peux bien me trouver ?
- Tu es... incroyable. Tu fais passer les autres avant toi, tu es intelligente, serviable, adorable et tant d'autres choses encore. Et puis flûte, je t'aime quoi ! »
Et sur ces mots il se pencha pour m'embrasser. Je ne refusais pas, au contraire, mes bras, qui jusque-là étaient restés le long de mon corps finirent par remonter jusque dans son dos. J'étais sur la pointe des pieds tant notre différence de taille était grande mais je m'en fichais royalement. Lorsqu'il s'en rendit compte, il me porta - et sembla d'ailleurs n'y mettre aucun effort - et nous continuèrent à nous embrasser ainsi pendant de longues minutes.
Nous avions finalement passé la soirée à parler sur le bord de mer, la nuit était tombée depuis un moment. Nous nous confions mutuellement, lui me parlait de son amour impossible pour Bella et moi de Diego, de ce qui lui était arrivé, de mes quelques mois en temps que nouveau-né dans l'armée de Victoria. Il m'étais finalement plus facile de parler à Jacob qu'à n'importe qui. J'avais réussi à avouer mon passé compliqué plus facilement que je ne l'aurai cru. Mon père violent, la mort de ma mère, ma vie dans la rue. Tout. Absolument tout. Et il m'écoutait. Attentivement. Amoureusement.
Et je l'aimais.

Lorsque nous eûmes expiré le stock de souvenirs, nous nous tûmes pendant plusieurs minutes. Et alors, sans éprouver la moindre gêne, je me mis de nouveau sur la pointe des pieds et l'embrassai.

𝐋𝐞 𝐒𝐞𝐜𝐨𝐧𝐝 𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 [JACOBREE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant