18. ◇ Chapitre spécial ◇

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Une douzaine d'années plus tôt.

Corée du Sud.

PDV San :

Mon pied sale plonge une nouvelle fois dans une flaque d'eau. Mon ventre gargouille à nouveau mais je n'y prête pas attention. Les déchets tapissent la ruelle autour de moi. Je me gratte machinalement la tête, puis découvre un pou coincé entre mes ongles lorsque je passe la main devant mes yeux. Je soupire et continue mon chemin pieds nus. Après quelques minutes de marche, j'arrive près de quelques poubelles. En cette fin d'après-midi, les rues sont désertes, mais je vérifie quand même les alentours, avant de m'en approcher prudemment. Je soulève le couvercle, ce qui laisse s'échapper une odeur nauséabonde de l'intérieur. Je me soulève sur la pointe des pieds afin d'en découvrir son contenu. Le couvercle s'échappe de mes mains humides et tombe au sol avec fracas. Pétrifié, je ne bouge plus, de peur qu'on ne me découvre. Je regarde lentement autour de moi en tournant la tête. Après être sûr de ne voir personne, je reprends ma besogne. Je défais rapidement les sacs plastiques à la recherche de quelque chose d'encore bon. Les déchets glissent de mes menottes et s'amoncellent autour de la poubelle. Je monte une dernière fois sur la pointe des pieds afin d'attraper encore un sac car les autres sont trop loin pour moi. Je farfouille à l'intérieur lorsque mes yeux s'illuminent. Mes doigts viennent de trouver un paquet de biscuits pas encore ouvert. Je m'empresse d'en déchirer l'emballage et d'engouffrer trois ou quatre gâteaux à la fois. Leur goût sucré se répand dans mon estomac, ce qui me fait sourire de bonheur. Après avoir mangé plus de la moitié du paquet, je décide de garder les deux derniers pour plus tard. Je me retourne en emportant ma trouvaille, puis je poursuis ma route dans les ruelles silencieuses. Le ventre plein, je me sens enfin repu. Au bout de
quelques rues, je tourne vers la droite et traverse un terrain vague rempli de ronces et d'orties. Quelques griffures déchirent la peau claire de mes bras mais je continue mon chemin, impassible. Un peu plus loin, je saute dans des escaliers en contrebas, afin de rejoindre un souterrain sous une route
quelques mètres après. Quelques mendiants dorment sur leur bout de carton et l'odeur d'excréments me prend à la gorge. Ils ne prêtent pas attention à ma présence alors je continue mon chemin. Je m'apprêtais à ressortir du tunnel de l'autre côté lorsque trois ombres se dressent devant moi. Je recule de quelques pas, intimidé par leur taille. Leur visage malveillant se révèle dans la faible luminosité. Le premier affiche un sourire sur sa peau grisâtre et s'approche de moi en sortant une longue dague de sa ceinture.

- Allons San, tu devrais connaître les règles du coin quand on trouve à manger ? Commence-t-il d'une voix menaçante. Tu sais bien que c'est nous qui récupérons tout ce qu'on trouve sur
notre territoire, pas vrai les gars ? Lance-t-il aux deux autres hommes, qui sourient d'un air malsain. Allez, donne-moi ce que tu caches.

Je ne lui réponds pas et continue de le fixer sans sourciller. Il ricane.

- Ah mais c'est que ce gamin est insolent ! On va t'apprendre comment respecter tes aînés sale môme, annonce-t-il en s'avançant davantage.

Je recule encore de quelques pas sans perdre mon sang-froid, et j'en profite pour plonger ma main gauche dans la poche de mon short. Agacé, l'homme en face de moi finit par se lancer dans ma
direction, son couteau à la main. Au dernier moment, je ressors de ma poche un briquet que j'allume en un instant, puis que je jette sur mon adversaire, toujours aussi impassible. L'objet retombe au sol en un cliquetis métallique, pendant que des flammes s'accrochent sur les vêtements de l'homme. Elles grandissent rapidement dans les hurlements de leur victime. Je m'en approche lentement, et en profite pour récupérer le couteau tombé au sol. La chaleur vient piquer mes joues, dans une odeur de peau brûlée. Horrifiés, les deux hommes derrière restent figés sur place. Je n'attends pas davantage et m'éloigne en courant. Malheureusement, un des deux reprend ses esprits et s'élance à ma poursuite en hurlant de rage. Je fais volte-face au dernier moment et lui donne un croche-patte. Il s'étale de tout son long devant moi et, avant qu'il n'ait eu le temps de bouger, je lui plante mon couteau dans sa nuque. Du sang gicle sur ma main et coule le long de mon poignet. Je n'y prête pas attention et me relève lentement afin de quitter le tunnel.

Looking for star... Looking for love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant