S I X

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L Y N A

C'est en ouvrant la porte de mon appartement que je me suis rendue à quel point je me suis foutue dans la merde. Inviter Benjamin n'est clairement pas quelque chose que j'aurai fait en temps normal, mais pour une fois, j'ai l'impression d'être enfin honnête avec moi-même. Ma main tremble et ma respiration se fait de plus en plus haletante. J'ai beaucoup de mal à ouvrir la serrure sous la pression et je fais tomber deux fois les clés de ma main avant de pouvoir finalement ouvrir.

J'accueille mon invité en silence. Je me sens presque envahie, l'ayant invité dans mon espace intime, mon cocon. Il inspecte les yeux calmement sans faire aucun commentaire. Une certaine nervosité s'empare de moi et je semble avoir dessoûlée d'un coup. Je redoute fortement la suite des événements et comme à chaque fois que Benjamin est dans les parages, je perds le contrôle de tout.

Mon appartement n'est pas immense, même si mes sous me le permettraient largement, mais je préfère investir mon argent dans de grands voyages ou dans des projets et des causes qui me tiennent à cœur.

Mon appart' est assez cosy, on s'y sent bien dès qu'on pose les pieds et honnêtement, je suis assez fière de ma déco. Les murs blancs ne paraissent pas fades et ennuyant mais apportent une touche d'éclat et permettent d'illuminer mon chez moi. J'ai accroché plusieurs cadres le long des murs et j'ai disposé de quelques fausses plantes un peu partout. J'ai opté pour une décoration assez minimaliste donc j'ai plusieurs petits objets de déco posé par ci et par là.

J'invite Benjamin à s'installer sur mon sofa couleur crème, toujours avec cette foutue boule au ventre et ces battements au cœur beaucoup trop rapides. J'essaie de me calmer discrètement, sans alarmer Le Brun en effectuant quelques exercices de respiration.

- C'est très joli chez toi. Ton odeur est partout et on sent que cet endroit te tient à cœur.

- Merci. Je sourie timidement. Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci. Par contre, j'aimerai beaucoup discuter avec la Lyna bourrée puisque la Lyna sobre n'est pas décidée à répondre à mes questions. Honnêtement, ça me fait très bizarre de te voir silencieuse à cause de ta nervosité. D'habitude tu es silencieuse parce que tu évite d'en dire trop.

Il a donc remarqué. Sur le coup, je ne sais pas quoi lui répondre. Je me contente de le fixe de mes grands yeux marrons et il me renvoie mon regard avec autant d'intensité. Je ne sais plus ce que je fais depuis le début de soirée et habituellement, cette perte de contrôle m'aurait effrayée et je me serai enfuis, mais là, je me sens sereine et ça fait du bien de léguer les rênes de temps à autres.

- Dis, est-ce que ça te blesse quand je me montre détestable avec toi ?

Il semble d'abord surpris par ma question. En même temps, on ne peut pas dire que je l'ai vraiment aidée à me faire une belle image de moi. Et lui poser cette question renverse totalement tous mes fondements.

- Disons que j'arrive à ne pas le prendre personnellement. Je ne sais pas ce qui te pousse à être comme ça, et honnêtement j'ai arrêté d'essayer de réfléchir et je veux juste profiter du temps que tu m'accordes. Je veux juste profiter des derniers instants que je passe avec toi avant de retourner à ma vie en Allemagne.

Je hoche la tête après avoir écouté attentivement ce qu'il a eu à me dire. D'un côté, je suis soulagée qu'il ne le soit pas aussi blessé que ce que je pensais, mais d'un autre, je me demande si il dit la vérité pour ne pas me faire culpabilisé. Il veut juste profiter avec moi.

- Qu'est-ce qui te pousse à venir me parler, à continuer à me côtoyer ? J'ai beau me montrer détestable, tu sembles réjouis à chaque fois.

Him&I [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant