S E V E N

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L Y N A

- Mademoiselle Gonzales ? Monsieur Gonzales aimerait vous voir dans son bureau tout de suite. Je lève la tête vers l'assistante de mon père et hoche la tête en sa direction.

Tout en me levant de ma chaise de bureau, j'essaie de deviner ce que pourrait bien m'annoncer mon père. Quand il m'interpelle dans son bureau, c'est pour m'informer d'une nouvelle importante. En général, il m'évite de faire le long trajet à cause de ma "santé fragile ". Ça m'énerve de voir que peu importe mon âge, il me traite encore comme un bébé.

En acceptant de travailler avec lui, j'ai espéré pourvoir faire mes preuves à ses côtés et lui prouver que je suis capable de faire ce qu'on attend de moi, et bien plus même mais aussi que je suis bien plus qu'un cœur malade. Je suis une personne, j'ai des sentiments, des pensées, des ambitions, des objectifs et j'ai l'impression que dès que quelqu'un est au courant pour ma maladie, tout ce que j'ai fondé ne compte plus et seule l'inquiétude immerge dans leurs yeux.

En rentrant dans son bureau, j'aperçois mon père debout, les bras grands ouverts et le sourire aux lèvres. Je m'empresse de le prendre dans mes bras. Notre relation a longtemps été tumultueuse. Petite, j'ai été bien plus proche de ma mère que dans mon père. A cette époque, il était très sévère et stricte. Il voulait à tout prix nous donner la meilleure éducation que possible, à ma sœur et moi. Mais en grandissant, petit à petit, il s'est montré bien plus clément et j'ai tellement appris de lui pour ma vie adulte.

- Ma puce, comment ça va ? J'ai l'impression que tu es fatiguée.

Des flash-back de la veille me heurtent en pleine conscience et je dois faire un effort pour masquer ma honte.

- Rien ne t'en fais pas. Tu m'as appeler ?

- Oui, j'ai une annonce à te faire, mais d'abord je t'en pries, assieds-toi.

Il me guide à son bureau et je m'assois sur une des chaises qui lui font face. J'appréhende légèrement son annonce. Il semble un peu perturbé et pas très convaincu par ce qu'il se prépare à dire. J'ai l'impression qu'il n'ose pas sortir les mots de sa bouche, m'inquiétant.

- Ma fille. Tu sais très bien que nous ouvrons ce week-end des sièges de notre entreprise dans les pays voisins. Et comme tu le sais aussi, j'envoie mes meilleurs employés pour assurer nos affaires là-bas. Même si ça me coute de te le demander parce que je ne veux pas que tu sois aussi loin, j'aimerai te proposer un siège à toi aussi.

Très surprise, j'arque des sourcils et recule mon visage. Mon père attend impatiemment une réponse, lui aussi inquiet. Il aimerait que je le rassure, que je refuse son offre, pour qu'il puisse dire qu'il a au moins essayé. J'ai deviné que l'idée ne venait pas de lui. Mon père n'aurait jamais pensé à m'envoyer dans un autre pays.

Dès mon premier jour dans cette entreprise, j'ai su que mon père m'avait proposé de job pour avant tout de chose me surveiller et me protéger au cas où il m'arriverait quelque chose. Que ce soit de prêt ou de loin, mon père m'a toujours couvée parce qu'il est conscient qu'à n'importe quel moment, au moindre effort de trop, je peux flancher.

Me proposer ce travail n'a pas été une tâche facile pour lui. Cependant, je considère son offre d'un point de vue professionnel. C'est vrai que mon but premier au sein de cette entreprise, c'est de gravir les échelons. Depuis que je travaille ici, je me suis donnée à fond et ça a bien payé puisque je suis passée d'une employée qui gérait de petits dossiers au vingtième étage, à la directrice de communication avec toute une équipe à mon service. Ce poste pourrait m'aider à gagner de l'ampleur et me préparer à mon futur statut de PDG.

Him&I [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant