Scène 7

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                              Arnaud, 8 ans auparavant (23 ans pour lui, 20 ans pour elle)

J'avais bossé dur pour en arriver là et j'avais réussi. Reprendre la direction de l'entreprise de mon père était mon but depuis mes 16 ans, quand il avait été réembauché et que j'avais compris l'impact que l'emploi et l'argent pouvaient avoir sur une vie.

J'avais eu les meilleurs moteurs : l'envie d'avoir une vie de famille égale à celle que j'avais eu, des parents stables et le pouvoir d'aider les autres et par les autres j'entendais surtout Juliette.

Bien qu'elle ne m'ai jamais rien demandé, bien qu'on ne se soit pas vu depuis bien trop d'années, pas un jour n'était passé sans que je pense à elle. Pas un jour sans me sentir coupable de l'avoir abandonné à son sort, seule avec ces tarés.

Une vie de violence depuis la plus tendre enfance, je me demandais encore comment elle avait pu survivre... J'avais essayé de la revoir, mais chaque fois que je me rendais dans mon ancien immeuble, je ne la trouvais pas. J'avais tenté les réseaux sociaux mais avait fait choux blanc. Pareil pour les lycées ou FAC qu'elle aurait pu fréquenter... Juliette n'avait jamais eu que moi comme ami, aussi je n'avais personne auprès de qui me renseigner. Une sombre partie de mon esprit me soufflait qu'elle avait peut-être fini par s'éteindre mais je la repoussais toujours. Juliette était forte, bien plus que son corps abîmé ne le laissait paraître.

Depuis, je faisais mes courses dans un supermarché différent toutes les semaines dans l'espoir de la croiser. Je changeais régulièrement de bar, de restaurant, de boite de nuit, de boutiques de vêtement : rien.

Nous n'avions déménagé qu'à une demi heure de route de l'ancien immeuble, il était probable que je la croise pourtant, elle restait invisible.

J'étais tombé amoureux d'elle à son entrée en 5ème alors que je passais en seconde juste avant que je ne déménage. Elle se transformait en une belle jeune femme sans absolument aucun artifice, puisqu'elle ne possédait rien. Sans aucun jeu de séduction, Juliette ne se voyait pas comme je la voyais moi, cette année là : son âme avait percuté la mienne et le choc avait été si brutal en moi que je m'étais éloigné d'elle bien avant que mes parents ne déménagent. Je sais qu'elle en avait souffert mais j'étais plus vieux de 3 ans quand on est adolescent, c'est beaucoup t surtout je n'avais pas asse à lui offrir. Juliette méritait plus.

Je m'étais donc démené au lycée puis à la Faculté sortant major de ma promotion. Ayant fait tous mes stages dans l'entreprise de mon père, on m'avait naturellement offert un poste au sein de la boite à l'obtention de mon diplôme. J'avais gravis tous les échelons, m'améliorant de mois en mois et à 23 ans, j'étais sous directeur de «Global exchanges ».

Après avoir fêté la nouvelle avec mes parents, le soir était venu de fêter çà avec mes amis.

J'avais connu certains d'entre eux au lycée et ne les avais jamais perdu de vue, d'autres à la FAC et d'autres encore au boulot. Mes salaires étant déjà confortables, j'avais réservé un carré VIP dans le boite la plus branchée de la ville en ce soir de réveillon du jour de l'an. Un taxi-bus nous avait amené et nous ramènerait chez nous quand nous l'aurions décidé. Aucun risque.

A notre arrivée dans la boite, l'ambiance était déjà à son comble, il était difficile de circuler devant le flot des danseurs. J'étais bien content d'arriver dans notre alcôve. Située quelques marches au dessus de la piste de danse et des bars, nous disposions d'un banc en "U" et d'une table au centre sur laquelle j'avais fait amener des magnum de champagne. Après quelques coupes, je scrutais les danseurs du soirs, m'amusant des chorégraphies délirantes et des tenues de fêtes plus ou moins dans le thème.

Toujours deboutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant