Juliette, de nos jours (24 ans)
Début août, Lucia et moi, folles de joie à l'annonce des résultats du concours d'entrée à l'ENM sautions comme des puces devant le tableau d'affichage.
Il y avait du retard dans l'annonce des retenus, la tension avait été au maximum mais c'était bon, nous étions toutes les deux admises après quatre ans d'étude et un an de prépa.
Le soulagement était d'autant plus important pour moi en sachant que ma vie entière allait changer.
Quasiment deux ans que je supportais Adam dans un but bien précis. Presque deux années de ma vie à endurer ce que je ne connaissais que trop bien afin d'assurer mes arrières, afin d'atteindre mon but et j'y étais presque.
Il me restait deux ou trois choses à régler et ma vie serait alors comme je l'avais voulu. Je profitais de la belle après-midi pour faire les boutiques et boire un smoothie avec Lucia dans le but de fêter notre réussite.
Puis entamais seule mon dernier périple dans les hôpitaux de la ville.
Récupérer et former un dossier médical n'est pas une mince affaire quand on a été soigné dans pas moins de huit hôpitaux différents. N'ayant pas les moyens d'avoir une voiture, c'est en métro que je m'y rends. Il m'en reste trois. La rengaine est toujours la même :
— Bonjour, j'ai envoyé une demande de récupération de données médicales en recommandé et j'ai reçu un appel m'annonçant qu'il était prêt. Mlle Juliette CONTA née le 05/04/1993.
On présente sa carte d'identité, on explique qu'on déménage dans un autre pays et voilà l'affaire.
Au vu de l'heure, je n'ai pas le temps de tout numériser ce soir, il faut que je rentre avant Adam pour éviter une crise, aussi je prends mon dernier métro dans la gare qui abrite mon trésor. Casier n°325 avec cadenas à code pour ne pas avoir de clef qui pourrait se perdre ou être trouvée par la mauvaise personne. Une fois les documents en sureté, me voilà repartie vers la "maison".
Dire que je n'ai pas peur qu'il me surprenne, de faire une erreur, ou que mon plan tombe à l'eau serait mentir mais j'ai tout organisé pour que cela fonctionne et si je n'y crois pas, personne ne le fera à ma place. J'en ai ma claque d'être la victime, je me débat depuis ma naissance, j'ai droit à la paix, je ne demande même pas le bonheur, mais la paix ...
Je n'avais pas prévu qu'il serait violent, au début il semblait juste assez imbu de sa personne pour ne pas avoir peur d'être floué - J'avais failli abandonner mais finalement, ça rendait les choses encore plus facile pour la suite.
Adam était si peu intéressé par ma personne qu'il ne savait pas que j'avais passé un concours ni même où je m'en trouvais dans mes études, je n'avais donc pas à faire l'effort de lui en parler avec engouement.
Je passais à l'épicerie en bas de l'immeuble achetant des légumes frais pour faire un tian et un carpaccio de bœuf chez le boucher. Il serait ravi, il me laisserait donc tranquille.
Etant surveillée par les caméras de l'entrée du building, Adam saurait que j'étais rentrée, la vue des courses le rassurerait sur mes faits et gestes, ainsi je ne fus pas surprise d'entendre mon téléphone m'annoncer son appel grâce à la sonnerie personnalisée.
Me débattant avec mes sacs, je me hâtais de répondre pour qu'il voit combien j'étais pressée de lui parler, l'importance étant dans tous les détails du quotidien:
— Bonjour mon chéri!
— Bonjour Juliette, je vois que tu as fait les courses c'est bien! Tu pourras manger sans moi je rentrerais tard du boulot. Je t'embrasse.
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Toujours debout
RomanceLes cheveux emmêlés, des vêtements sales, des chaussettes trouées, elle attend sur une marche d'escalier dans cet immeuble glacial. Les larmes ont laissé des sillons sur son visage crasseux. Du sang séché sous le nez, elle à ce regard vide, usé, cel...