Arnaud, 13 ans auparavant
A 13 ans, j'eus ma première petite copine. Elle était douce et sentait la vanille. J'étais un jeune ado et la moindre attention m'émoustillait. L'arrivée au collège m'avait fait grandir et m'avait un peu éloigné de Juliette.
Le fait de ne plus aller dans la même école, de ne plus avoir les mêmes horaires avait compliqué les choses. Elle venait souvent à la maison, comme si elle faisait partie de la famille mais gardait toujours ses manières réservées sauf avec moi.
Elle était devenue collante, elle me suivait partout, me demandait mon avis sur tout, elle avait 3 ans de moins que moi et ne comprenait pas pourquoi je m'éloignais.
Aussi, ce jour là dans le parc quand elle me vit en train d'embrasser Elodie, elle n'avait pu s'empêcher de foutre la merde.
— C'est qui elle Arnaud, et pourquoi tu l'embrasse sur la bouche?
Je soupirais déjà usé des conversations à venir, j'espérais surtout qu'Elodie ne se vexerait pas. Juliette était spéciale, elle était très jolie mais tellement toujours mal coiffée et habillée que personne ne la voyait vraiment. Elodie ne faisait pas cas à part, aussi quand elle la vit elle me regarda et me demanda:
— Tu connais cette clocharde?
Juliette ne se vexait plus des insultes des gens, elle avait tellement l'habitude aussi le jeune homme égoïste qui voulait avoir la côte auprès des filles que j'étais répondit:
— Pfff non mais elle est seule au monde et sous prétexte que je lui filais mon pain en primaire elle me colle tout le temps aux basques!
J'avais vu la peine dans les yeux de Juliette, la surprise que je puisse penser d'elle ce que tout le monde pensait, et sur le moment je m'étais juste dit que ce n'était rien, après tout, je n'étais pas son père.
Je ne l'avais pas revu pendant des jours et je n'y avais même pas pensé. Un soir quand je rentrais d'une sortie avec Elodie, maman me demanda si j'avais des nouvelles de Juliette car elle ne l'avait pas vu depuis une quinzaines de jours. Je haussais les épaules mais me souvenant de l'épisode du parc, je culpabilisais. C'était vrai qu'elle était seule au monde, elle n'avait que moi. Je décidais d'aller la voir le lendemain.
Et, quand je tapais à sa porte, c'est sa mère Angela qui me répondit qu'elle ne l'avait pas vu depuis quelques jours, impossible de se rappeler combien mais que ça l'arrangeait elle avait un nouveau copain chez elle.
Mon sang n'avait fait qu'un tour, Juliette n'avait nulle part où aller et , si elle n'était pas rentrée depuis plusieurs jours c'était un problème. Je la cherchais tous les jours, dans les endroits où elle aimait aller et ne la trouvais nulle part.
Maman avait alors appelé les hôpitaux et l'avait trouvé.
Nous nous étions rendu d'un endroit qui n'aurait pas dû avoir le droit de s'appeler hôpital tellement il était délabré et avions trouvé ma Juliette défigurée, une cheville dans le plâtre.
Elle avait eu ce regard en nous voyant, le regard des gens tellement surpris qu'on pense à eux... Je m'étais senti minable. Elle avait sourit, avec les yeux aussi.
Elle était sale, pleine de terre et de sang séché. Ce n'était pas un hôpital mais un dispensaire pour les SDF, les soins minimums étaient dispensés mais pas de toilette, pas de nourriture. Juliette était là depuis 8 jours, nous étions ses premiers visiteurs, elle était encore plus maigre que d'habitude et pourtant elle me souriait comme si j'étais son soleil.

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Toujours debout
Roman d'amourLes cheveux emmêlés, des vêtements sales, des chaussettes trouées, elle attend sur une marche d'escalier dans cet immeuble glacial. Les larmes ont laissé des sillons sur son visage crasseux. Du sang séché sous le nez, elle à ce regard vide, usé, cel...