Chapitre 33 : L'enfant Rescapé

156 14 0
                                    

Attention, ce chapitre contient un passage qui peut heurter la sensibilité de certains : je mettrai donc le symbole ******* pour vous prévenir quand ce passage commence.

3 avril 1944,

Point de vue Konrad :

Cela fait bien une bonne demi-heure que l'on marche à travers Paris. Je sens que plus on avance vers les lieux de l'explosion, plus l'air devient irrespirable. Je porte mon coude à mon visage pour essayer de respirer le moins possible de fumée dû à la catastrophe. Nous continuons notre chemin malgré tout et tournons au coin d'une rue assez sombre.

La vue qui s'offre alors à nous m'enfonce une aiguille dans le cœur. Devant nous se dresse un amas de poussière, dans lequel s'étendent des décombres d'immeubles et d'habitations. J'observe les alentours en ne pouvant m'empêcher de penser que si des gens se trouvaient dans ce quartier, la mort les a emporté à leur tour.

Je regarde alors Philippe à ma droite dont une larme coule sur sa joue. Il l'essuie en disant ce que tout le monde pense tout bas :

-C'est terrible... Comment des personnes peuvent être aussi haineuses à en faire exploser tout un quartier ! C'est une véritable tragédie...

Son oncle s'approche de lui puis pose sa main sur son épaule afin de le consoler.

-Je sais Lipo je sais...

Je regarde alors Folker et David qui sont en état de choc eux aussi. Ils regardent la scène comme s'ils étaient spectateurs de la fin du monde, l'apocalypse, le néant. Peut être qu'on y est proche après tout... Je reprends mes esprits et décide de m'approcher afin de mieux voir. Je n'ai même pas le temps de faire dix pas qu'une voix s'élève à mon encontre.

-N'avance pas malheureux !

Je stoppe ma marche et tourne la tête vers la voix. Mon regard tombe alors sur un vieil homme qui possède une canne pour s'aider à marcher, le visage et les vêtements pleins de poussière. Il lève sa canne et me pointe avec :

-Tu veux te tuer ou quoi ?!? Certains murs ne se sont pas tous écroulés, ils peuvent tomber à tout moment et t'écraser par la même occasion !

Je fais abstraction de ses propos et pose la question qui me brûle les lèvres.

-Qu'est ce qu'il s'est passé ici ?

-C'est ces maudits allemands ! Je l'ai vu moi, je l'ai vu le bombardier ! Il est passé au dessus de nos têtes et a largué sa bombe ne nous laissant même pas le temps de réagir !

-Je vois... Vous savez s'il y a des rescapés ?

-Bon sang regarde autour de toi ! Tout le monde est mort, pas un seul n'a survécu ce n'est pas possible ! Ou alors si il y en a un qui a survécu dans un premier temps, il s'est pris un mur alors...

Je lui coupe la parole.

-Ça va merci j'ai compris.

Je continue ma marche malgré les mises en garde du vieillard. Je constate alors que mes compagnons ont décidé de me suivre puisque je les vois à mes côtés en train d'observer tout autour de nous. Une pensée me vient alors en tête : même en ces temps durs, il y aura toujours quelqu'un à mes côtés, j'en suis certain, je ne serai plus jamais seul.

Je sors de mes pensées lorsque j'ai l'impression d'entendre des sanglots.

-Vous entendez ?

Mes compagnons tendent l'oreille jusqu'à ce que Folker me réponde.

-Oui allons voir !

L'ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant