Chapitre 5 : Philippe

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29 février 1944

Point de vue Nelly :

Le soleil vient à peine de se lever. Je ferme la porte derrière nous et suis Konrad à travers les arbres, en direction opposé du crash ne voulant pas risquer de croiser des allemands. Je me retourne une dernière fois et regarde l'auberge puis ma robe. Une question me vient en tête : la robe que je porte appartenait-elle à celle qui habitait ici ou à une simple roturière ? Est-elle morte aujourd'hui? Ces questions resteront sans réponse. La voix de Konrad à mes côtés me fait sursauter :

-À quoi vous pensez ?

-Oh hum... À rien de spécial...

-On peut y aller alors ?

Je hoche la tête puis nous reprenons notre route. Je manque tomber plusieurs fois à cause de ronces et de branchages. Après une demi-heure de marche, nous arrivons à une petite clairière. Je file m'asseoir sur un rocher tandis que Konrad observe les alentours. N'en pouvant plus de ce silence oppressant, je prends la parole :

-Dites Konrad, comment ça se fait que vous parlez aussi bien français ?

Il rigole en venant s'asseoir à côté de moi.

-J'habitais à la frontière Allemagne Alsace, du côté allemand.

-D'accord je vois...

-Nelly?

-Oui?

-Est-ce que l'on pourrait se tutoyer ?

-Oh hum oui bien sûr.

Il me sourit puis se passe une main dans ses cheveux. Je l'observe attentivement : Konrad est un très bel homme, ses cheveux bruns se mariant parfaitement bien avec la couleur de ses yeux... Je me reprends en secouant la tête : je ne dois pas penser à ce genre de chose, surtout ces temps-ci. Après s'être perdu dans ses pensées,Konrad me demande :

-Dis moi Nelly, tu as prévu d'aller où ? Tu as de la famille autre part ou d'autres personnes chez qui aller ?

-Non personne mais...

Je me stoppe me perdant dans mes pensées. Puis-je seulement lui parler de mes projets ? Ne va-t-il pas retourner sa veste ? Je le regarde et vois qu'il me sourit, me rassurant peu à peu.

-À vrai dire, j'avais l'intention d'aller en direction de la Suisse. Une fois que je passerai la frontière, je commencerai une nouvelle vie.

-Très bonne idée je...

Un craquement de branche le coupe. Il me prend la main et m'entraîne derrière un arbre, la clairière toujours en vue. Des pas se rapprochent, suivi d'un bruit sourd et d'un juron. Il y a quelqu'un c'est certain. Soudain, un homme déboule dans la clairière et s'assit sur le rocher où je m'étais moi-même assise quelques minutes auparavant.

Je regarde Konrad, en commençant à trembler à cause de la peur. Il essaye de me rassurer tant bien que mal puis sort un pistolet. Mais qu'est ce que... Il a ça sur lui depuis le début ! Je l'interroge du regard et il me fait comprendre qu'il m'expliquera plus tard. Il se dirige pas à pas vers l'inconnu en silence, me faisant signe de le suivre. Je reste derrière lui en observant les alentours, méfiante.

Lorsque Konrad sort de l'ombre et braque son arme sur l'inconnu, ce dernier sursaute et tombe en arrière. Il se redresse difficilement sur ses genoux et place ses avant bras devant lui, en signe de protection. Dans un murmure, il supplie Konrad :

-Ne me tuez pas, s'il vous plaît...

Konrad s'approche de lui, son arme toujours menaçante. Le voir comme ça me provoque un frisson. Je préfère nettement le savoir gentil que méchant comme il en a l'air à cette instant... Mais je sais qu'il fait ça pour nous protéger alors j'y fais abstraction et me concentre sur l'inconnu. Je sors de l'ombre et m'approche discrètement. Konrad s'adresse à lui d'un ton sec :

L'ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant