Chapitre 51 : Course Poursuite

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28 mai 1944, à l'aube.

Point de vue Philippe :

Il est actuellement sept heures du matin. La Cour des Miracles bénéficie des premiers rayons du soleil, dans un silence assez paisible malgré la situation. Dans moins de deux heures, nous serons en train de quitter Paris, à bord d'un avion. J'avoue que l'idée de piloter me plaît énormément mais je n'arrive pas à m'imaginer quitter la Cour des Miracles et tous ses résidents, surtout mon oncle et Adèle. Je soupire en mettant ma valise dans la voiture. J'entends des pas s'approcher. Je me retourne et vois Robert, qui s'approche en me regardant tristement :

- Ça va Lipo ?

J'évite sa question en changeant de sujet :

- Nous allons pas tous passer dans la voiture... Comment va-t-on faire ?

- Regarde à ta gauche.

Je tourne la tête et vois une voiture se garer. Rosemay descend alors de la voiture en souriant. Robert lui fait un signe de main puis rigole devant mon incompréhension.

- Rosemay s'est gentiment proposée d'amener certains d'entre nous à l'entrepôt : on va donc se diviser en deux groupes.

Je hoche la tête en regardant Rosemay s'approcher. En arrivant à notre hauteur, celle-ci sourit en donnant deux grands sacs à Robert.

- Qu'est ce que c'est ?

- Ce sont des couvertures pour eux. On ne sait jamais, ils pourraient avoir froid dans l'avion.

Mon oncle se met à sourire.

- Merci Rosemay tu nous es toujours d'une grande aide.

- Oh je t'en prie !

Robert reprend vite son sérieux.

- Bien. Rosemay tu m'amèneras à l'entrepôt où sont les avions avec Folker et Maddie. Les autres prendront l'autre voiture. Nous nous retrouverons là bas.

Rosemay hoche la tête ayant compris tandis que Robert se tourne vers moi.

- Tout est bon pour toi ?

J'acquiesce malgré la douleur qui me ronge le cœur. Non, tout n'est pas bon non... Je soupire puis me retourne, voyant déjà tous les autres arriver. De loin, je remarque Père Benoît et Lucien en train de nous faire des signes, nous souhaitant un bon voyage. Robert fait un signe de tête :

- Allez en voiture !

***

La voiture roule depuis une bonne demi-heure maintenant, et je prie intérieurement pour qu'un obstacle nous barre la route, ne voulant pas que le trajet se termine. Lorsque nous arriverons là-bas, cela voudra dire que je devrais me séparer encore une fois de mon oncle mais également d'Adèle et je ne peux l'accepter, pas comme ça... Je reprends mes esprits et me mets à regarder Frantz qui est au volant, parlant à son fils à côté de lui. D'après ce que j'ai compris, ils parlent d'un livre qui s'est fait interdire en Allemagne dès sa publication, étant maintenant introuvable. Je fronce les sourcils puis lâche l'affaire, ma tête étant trop remplie de pensées pour pouvoir comprendre quoi que ce soit. A ma gauche, Nelly est en train de regarder sa poupée avant de relever la tête vers le paysage qui défile par la fenêtre.

Une main prend alors la mienne, je tourne la tête à ma droite et tombe sur le visage radieux d'Adèle en train de me sourire. Je sers délicatement sa main en me calant contre son épaule, soupirant d'aise. Elle me chuchote alors à l'oreille :

- Je ne veux pas que tu partes...

- Moi non plus, je veux rester à tes côtés...

L'ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant