C H A P I T R E | 12

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« Life is too short to hide your feelings. Don't be afraid to say what you feel ! »
— Unknown

KATERINA

Que répondre à ça ?

Aaron avait rapidement su prendre une grande place dans ma vie. Jamais je n'aurais cru pouvoir à nouveau rigoler et passer du bon temps avec quelqu'un d'autre qu'Élise, m'attacher si vite à un homme, faire confiance à une personne que je connaissais depuis peu. Tout cela était tellement nouveau pour moi.

Après la mort de Mélodie, j'avais eu longtemps l'impression d'être une coquille vide, de survivre. Son décès m'avait détruite, anéantie. Je ne vivais pas ma vie à fond comme le faisaient les jeunes de mon âge. Au lieu de ça, je restais enfermée dans ma chambre à écouter de la musique et regarder les albums photos en pleurant. Les seuls moments où je sortais, c'était pour aller en cours et lorsque je voyais Bethy. Je n'avais pas d'amis, je ne faisais pas de sport et mon physique le confirmait. Mais quand mon regard avait croisé celui d'Aaron, ç'avait été comme un électrochoc. Ses yeux reflétaient la même noirceur, il était aussi brisé que moi. Malgré son aura brutale, je savais au fond de moi qu'il ne me ferait jamais de mal.

Lorsque j'étais avec lui, mon cœur battait vite, j'avais envie de me blottir contre lui quand je n'allais pas bien, je voulais l'entendre me dire que tout irait bien, que la douleur allait partir, qu'avec le temps ça ne ferait pas aussi mal. Je jalousais toutes les femmes qui avaient eu la chance d'être aimées par Aaron. Je pensais constamment à lui. J'avais envie de lui montrer le meilleur de moi-même et de lui en raconter le pire. Quand on y pensait, c'était ridicule : qui voudrait d'une âme aussi dévastée que la mienne ?

Et si deux âmes détruites pouvaient se réparer mutuellement ?

Le temps nous le dira. La seule chose dont j'étais certaine, c'était que j'étais très attachée à Aaron et que je n'avais pas que des sentiments amicaux à son égard.

— Je vais y réfléchir, dis-je en omettant volontairement de répondre à ses mots.

C'était lâche de ma part de ne pas me dévoiler alors qu'il venait de le faire, mais je ne voulais pas me montrer maladroite sous l'émotion que ses paroles avaient suscitée en moi.

Vivre avec lui...

Je ne savais pas si c'était une bonne chose de nous retrouver sous le même toit. D'un côté, ça nous permettrait de nous rapprocher, d'apprendre à mieux nous connaitre, d'entrer dans l'intimité de l'autre. Mais d'un autre, même si je désirais partager avec lui mes plus sombres côtés, je ne m'en sentais pas encore capable. J'avais bien trop peur des conséquences. Je ne supporterais pas de le voir me regarder avec des yeux remplis de pitié.

Un silence prit place. Nous regardâmes la rue, les gens passer, entrer dans la pâtisserie et en ressortir les bras chargés de bonnes choses. Il faisait beau pour le début du mois d'avril. Le ciel était entièrement dégagé. Le vent était doux, agréable.

— Est-ce que tu es libre ce week-end ? me demanda-t-il en brisant le silence.

— Oui, pourquoi donc ?

Il me regarda avec un petit sourire au coin.

Oh oh.

— J'ai envie de t'emmener camper quelque part. Tu es partante ?

— Où ça ?

Il se leva, épousseta son jean et me tendit sa main.

— Viens avec moi et tu le sauras, me répondit-il les yeux pleins de douceur.

Ma curiosité prit le dessus alors j'acceptai de partir avec lui. Je pris sa main et me levai à mon tour.

— On va juste passer chez toi prendre quelques affaires.

Nous étions arrivés chez moi depuis quelques minutes. Nous nous trouvions dans ma chambre, à remplir mon sac pour deux jours. Je désirais savoir où il prévoyait m'emmener camper. C'était complètement fou d'accepter de partir en week-end sur un coup de tête, mais je prenais toujours de folles décisions en sa présence et ne le regrettais jamais. J'avais hâte de découvrir ce qu'il mijotait !

— J'ai fini. Je vais juste me changer, tu peux descendre boire quelque chose si tu veux en attendant, proposai-je.

Il hocha la tête et sortit de ma chambre en emportant mon sac avec lui. J'entrai dans la salle de bain et mis des vêtements plus adaptés à la vie en pleine air. Mon regard s'attarda sur mon reflet dans la glace. Je ne me reconnaissais plus. J'étais différente. Mes joues étaient moins creuses, mes yeux moins vides. J'avais pris des couleurs et du poids. Je ne ressemblais plus au zombie d'il y a quelques mois. Tout ça grâce à une seule personne.

Aaron Smith.

Je m'attachai les cheveux et partis le rejoindre. Avant de franchir la porte du manoir, je pensai à ma mère et à l'inquiétude qu'elle avait ressentie lorsque j'étais sortie sans la prévenir. Je ne voulais pas lui faire revivre ça alors j'allai dans la cuisine et griffonnai un mot.

« Je suis partie avec un ami, je reviens demain. Ne t'inquiète pas pour moi. Bisous, Katerina. »

Je posai mon crayon à côté du post-it et sortis de la demeure. Aaron était déjà prêt, assis nonchalamment sur sa moto. Au début, j'avais vraiment eu peur de cet engin, mais finalement j'avais adoré la sensation de liberté que ça m'avait procurée. Un jour, je lui demanderais de m'apprendre à conduire une moto, j'en mourais d'envie. J'enfourchai la moto et pris le casque que me tendait Aaron.

— Que l'aventure commence ! dit-il avant de démarrer sa moto.


C'était un jour d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant