Chapitre I- 1971

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J'ai été amoureuse une seule fois dans ma vie. J'avais dix ans. Le genre d'amour qui dure une semaine parce qu'on a vu le garçon en question tenir la main à une autre fille en sortant de l'école. J'aurais voulu avoir quelqu'un à qui le dire mais le seul ami que j'avais pendant mon enfance, c'était Grant. Et Grant, c'était le garçon dont j'étais tombée "amoureuse". Heureusement, il a quitté l'orphelinat trois semaines après que j'ai commencé à vraiment l'aimer. Malheureusement je n'avais vraiment plus aucun ami. Alors, en colère, je suis allée dans le champ qui était interdit, à coté des dortoirs des filles, et j'ai couru. Tellement couru que je me suis perdue. Et tellement perdue que je ne suis jamais retournée à l'orphelinat de ma vie. Je me doute qu'ils ont dû mettre des tas d'affiches à chaque coin de rue ou qu'ils ont averti les autorités mais honnêtement, je n'en ai jamais rien su parce que j'ai été placée dans une famille d'accueil quelques jours après ma fuite.

On peut dire que j'ai vécu de meilleurs moments dans ma vie que chez ces vieillards qui me nourrissaient à base de soupe et de pain. Mrs. Harris était froide et stricte et me forçait à porter des robes, ce qui ne lui rapportait pas beaucoup d'estime de ma part. Mr. Harris, au contraire de sa femme, était silencieux et calme. Il m'a appris à grimper aux arbres, à chasser, à tirer à l'arc et à supporter Mrs. Harris. Ses leçons quotidiennes égayaient la morosité de mes journées et j'appréciais énormément sa compagnie, il me rappelait ce qui aurait pu ressembler le plus à un grand-père, pour moi. La vieille m'a fait découvrir la musique, point sur lequel elle aurait presque pu mériter mon aimabilité si elle ne m'avait pas taper sur les poignets à l'aide d'un bâton à chaque fausse note sur le piano. Ça ne se passait pas vraiment bien avec elle parce que je n'étais pas "normale", disait-elle, alors ils m'ont gardé par simple pitié pendant quelques mois, jusqu'au jour où un vieux monsieur s'est présenté à la porte avec une lettre à mon nom et a expliqué à mes tuteurs que j'avais été inscrite dès ma naissance dans une grande école en Écosse nommée Poudlard et que j'irai là-bas avant la fin de l'été. Ensuite, il m'a dit que j'avais un don, et pas n'importe lequel. J'avais un don pour la sorcellerie. Et ça peut paraitre étrange mais je n'ai même pas été étonnée. Au contraire, j'ai été soulagée. J'avais enfin la certitude que tout ce qui m'arrivait n'était pas un simple hasard. Tout était devenu clair dans ma tête. La fois où le sol avait cédé sous Casey Cooper, à l'orphelinat, quand elle m'avait dit que je risquais de casser le plancher à cause de mon poids, quand j'étais restée un peu trop longtemps en lévitation dans les airs lors d'une chute du haut d'un arbre ou encore quand j'avais fait brûler mon dortoir rien qu'en frôlant l'interrupteur.

Ma tutrice a frôlé le malaise après les mots du vieux sorcier, mais encore une fois, Mr. Harris est resté calme. Il n'a pas semblé surpris le moins du monde. Il m'a même accompagné acheter mes fournitures à la fin juillet, à Diagon Alley et m'a conduite à la gare le jour de la rentrée.

Je m'étais souvent posé la question, depuis la venue du vieux sorcier, si Mr. Harris en était un, lui aussi. Il me comprenait d'avantage que sa femme et que les filles de l'orphelinat.

Rentrée 1971
  J'ai imaginé mon premier jour des centaines et des centaines de fois, me demandant si j'allais me faire des amis, si jamais ils allaient se rendre compte qu'ils s'étaient trompé sur moi et que, finalement, je n'étais pas comme eux. J'ai passé mes vacances à lire des tas et des tas de livres sur la sorcellerie, le monde des sorciers, les formes de magies, les créatures magiques et les sorciers et sorcières célèbres. Le pire, c'est que j'ai l'impression que tout ça n'a servit à rien, étant donné que parler de Magie Noire ou de Vampires, ce n'est pas la bonne approche pour se faire des amis.

Alors je fonds en larmes en plein milieu de King's Cross, le 1er septembre 1971, devant tout le monde. Et mon tuteur me serre dans ses bras. C'est plutôt gentil, sur le moment, même si ça me gêne un peu. Il m'aide ensuite à transporter ma malle à travers la gare jusqu'à l'espace entre la voie 9 et la voie 10. Et c'est là qu'il me chuchote à l'oreille: "Cours, et ferme les yeux juste avant de heurter le mur. Ne t'arrêtes surtout pas, compris, p'tite? C'est juste de l'autre côté." Il est déjà en train de partir quand je me retourne. Là, plus aucun doute: il est comme moi. C'est dommage, je me dis. Il aurait dû me parler avant, j'aurais pu savoir que je ne suis pas seule. Je lui parlerai en rentrant pour les vacances.

The Moon Will Be Beautiful [OC x James Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant