WHISPERS T3 The Whisper of my past [Terminée]

11 | Arzhel

— On ne peut pas être sûr que cela se déroule en ce moment même, remarqua Aslander.

Je me frottai le menton. J'étais pourtant sûr que ce que voyait Nokomis était un lien direct avec la personne. Elle avait vu Elijah et Amalia avant que ceux-ci n'arrivent. Donc, elle n'était pas dans une temporalité différente de la nôtre lorsqu'elle voyageait de cette façon. Un pressentiment me taraudait. Thatcher avait toujours été dans la limite de l'acceptable en termes de loyauté. Et si, à l'époque, Aslander avait souhaité faire bonne mesure, je ne souhaitais plus le laisser à cette place-là pour rassurer les anciens.

Je regardai les trois immenses écrans devant moi, ceux de mon bureau. Il y avait plusieurs reportages sur les Seekers, et des nouvelles très régulières sur les personnes prises en charge sur les côtés, ou qu'on pouvait trouver encore dans certains coins très reculés ou personne n'allait. Il semblait même que d'après Lothar et ses Grifters, les camps de Terra cachaient à présent bien plus que des lycans, ils abritaient aussi des Seekers. Comment apparaître neutre dans cette prise en charge si certaines se cachaient de nous par peur ?

— Je pense que ça déroule exactement au même moment que nous parlons actuellement, le corrigeai-je.

— Alors, dites-moi Conseiller, grogna Aslander, comment destituons-nous un Koning ?

— En le poussant à l'erreur, soufflai-je.

Aslander maugréa quelque chose, mais je me penchai par-dessus mon bureau pour appeler Thatcher. Il allait forcément se trahir n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas garder chez lui la Prima impunément, au nez à la barbe de tous.

— Parfois, je suis content de ne pas être ton ennemi, marmonna mon Kaizer.

Je haussai un sourcil à son encontre, mais déjà Thatcher répondait. Son visage apparut, toujours avec cette petite dose de suffisance qui me poussait à lui en vouloir. Toujours plus. Parce qu'il connaissait des secrets que je ne savais pas encore.

Je détestai ne pas avoir deux coups d'avance sur un ennemi.

Encore plus quand cet ennemi était un membre de la Couronne qui aurait dû sacrifier sa vie pour le peuple. Pour Aslander. Au lieu de ça, il nous trahissait.

— Empereur, Conseiller, nous salua-t-il.

Je fis la moue et frottai ma barbe que j'avais taillée ce matin. Nokomis semblait encore se remettre de sa visite au refuge et de toutes ces personnes qui lui avaient demandé de l'aide.

— Thatcher, répondit Aslander.

— Je ne crois pas avoir reçu tout ce que je t'ai demandé, dis-je avec un profond dédain. Je crois me rappeler de l'avertissement que je t'avais donné si tu ne faisais pas ton travail correctement.

Le seul avantage que nous possédions en cet instant, c'était le fait que Nokomis nous ait dit où se trouvait la Prima. Nous aurions pu attaquer immédiatement. Nous aurions pu soumettre Thatcher à notre volonté. Mais quelque chose me disait que si nous tentions ça, nous allions nous heurter à bien plus qu'une muraille.

— Conseiller, reprit le Koning, je me permets de vous rappeler que j'ai beaucoup de travail ici. Et que les papiers seront en chemin vers vous dès ce soir.

— Nous sommes tous occupés d'une quelconque façon, Thatcher, remarqua Aslander.

— J'ai cru voir en effet que parader parmi les Seekers en peine est une de vos priorités en effet.

Je me figeai et l'espace d'un instant, je crus qu'Aslander allait me retenir.

— Dois-je te destituer pour manquement à ton devoir de Koning ? crachai-je. Crois-tu que tu puisses continuer ainsi à nous manquer de respect sans que nous réagissions ? Te crois-tu si intouchable que ça ?