17.1 | Arzhel

489 106 0
                                    


Deity,

Règne d'Aslander Val'endyr.


Je regardai Imriel et Kalén qui dormaient dans mon lit. Collés l'un à l'autre. Je ne les connaissais pas beaucoup, mais je les aimais. Je les aimais parce que Nokomis les avait portés. Elle les avait élevés. Tout comme Edyrm.

Ils avaient été de bons parents.

Et pourtant, je me retrouvais là, coincé devant deux enfants qui n'étaient pas le mien.

Avec ce sentiment que je ne pourrais jamais leur suffire.

Jamais je ne serais leur mère.

Jamais je ne serais leur père.

Ils allaient devoir grandir de la pire façon qui soit.

Sans aide de leurs modèles.

Je déglutis et serrai la couverture qui les recouvrait entre mes poings. J'ouvris ma bouche pour crier, mais rien n'en sortit.

Rien du tout.

Je me levai et m'approchai du balcon.

Le vent souffla et mes cheveux courts volèrent un instant devant mon visage.

Le monde était silencieux.

Plus de Seekers.

Des lycans qui avaient été aux côtés des mauvais dirigeants faisaient demi-tour.

Et mon cœur saignait.

Comme si tout cela ne pouvait suffire à me faire tenir.

— Zhel, souffla la toute petite voix d'Imriel.

J'étais assis sur le bord du balcon, les pieds dans le vide.

La chute ne me tuerait pas.

Mais le couteau que j'avais dans la main, si je réussissais à me trancher la tête, peut-être que cela suffirait.

Il fallait que je m'échappe.

Que je parte.

La main de la petite fille se posa sur mon poignet et je la regardai.

Une partie d'elle me dégoutait.

Parce qu'elle n'était pas de moi.

Jamais elle ne serait de moi.

Alors pourquoi devrais-je être celui qui s'en occupait ?

Cette pensée affreuse fut repoussée par mon lycan.

Souffler, comme une poussière désagréable.

Ils étaient les enfants de Nokomis.

Ils étaient une partie d'elle à laquelle je pouvais désespérément m'accrocher.

Je pivotai et me laissai glisser par terre.

Les larmes sur mes joues, elle les vit. Et elle essaya de les essuyer, mais n'y arriva pas. Alors, à la place, elle se pressa contre mon torse, ses petites mains sur ma nuque, et son corps si fin et délicat.

— Tu ne pars pas toi ? sanglota Imriel dans mon cou.

Comme réveillé par la tristesse de sa sœur, Kalén se réveilla. Il tituba jusqu'à nous et se mit à pleurer lui aussi. Un dans chaque bras, les deux contre mon torse, je les tenais.

Je tentai de les tenir.

Je ne voulais qu'une seule chose, la rejoindre.

Peu importe où elle était.

Peu importe ce que cela me coutait, je voulais partir.

Je réussis à rendormir les enfants.

Je les mis au lit.

Je sortis de la chambre, malgré les demandes de mon lycan pour rester avec les jumeaux.

Ils étaient à présent notre seule raison de vivre.

Alors, il ne fallait pas oublier.

Il ne fallait pas les oublier.

Ni les perdre de vue.

Je poussai la porte de la salle d'entraînement.

Je me dirigeai vers l'épée d'Edyrm.

Je la retirai de son socle et la balançai à l'autre bout de la salle.

Le bruit fut atroce.

Et d'autres armes tombèrent.

Mes genoux heurtèrent le sol.

Comment pouvait-on survivre à ça ?

Pourquoi l'avais-je laissée faire ?

Pourquoi ne revenait-elle pas ?

— Tu devrais voir au-delà de ta peine, murmura la voix de Myrddin.

Je me crispai. D'un seul mouvement, une dague vola vers elle, mais ne la toucha pas. Évidemment. C'était une mage. Une simple dague ne la tuerait pas.

— Tu devrais me remercier plutôt que m'attaquer, tu ne crois pas, Conseiller ?

— Que fais-tu ICI ? hurlai-je. N'en as-tu pas assez fait ? RETOURNE DANS TON ANGLETERRE ! RETOURNE LÀ-BAS !

Son visage heurta presque le mien quand elle me hurla dessus à son tour. Toute sa magie me fouetta la peau et sa cape vola autour d'elle.

— J'AI TOUT SACRIFIE POUR VOUS ! POUR ELLE ! TU ES SI IDIOT !

Sa magie diminua et elle recula. Ses pieds nus frôlèrent le sol de pierre.

Elle pivota à moitié vers moi.

— Si idiot de penser que j'aurais sacrifié la seule personne qui m'appartient, corps et âme.

— Arthur... compris-je.

Anchor.

— Il ne mourra jamais à la place de quelqu'un d'autre. Surtout pas pour aider un peuple qui ne sait utiliser le don qu'on leur a fourni.

Elle parlait des Seekers ?

— Et je tuerais qui que ce soit qui voudra me le prendre éternellement, souffla Myrddin.

Elle disparut sans un mot de plus.

Elle avait créé la Prison.

Elle avait aussi créé les clés qui la gardaient close.

Cela voulait dire qu'un jour, elle l'ouvrirait.

Avec ou sans notre accord.

Nous étions tous damnés. 

WHISPERS T3 The Whisper of my past [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant