Chapitre 11 : Souvenirs

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Pdv du cauchemar

Ça n'aboutira à rien. Cette fille est-elle simplement stupide ? Pourquoi essaie-t-elle de m'aider ?

Elle n'est là que depuis un mois. Pense-t-elle vraiment pouvoir détruire la bête du cauchemar comme ça ? Pouvoir chasser le monstre qui plane autour de moi ?

Foutue gamine rêveuse.

Mais, seulement... Je dois avouer que ce qu'elle m'a montré me plaît. Elle m'avait transmis en quelque sorte ce qu'elle voyait, et je l'avais vu aussi. J'avais vu une parcelle de son rêve.

J'avais pu observer la mer et sa beauté telle qu'elle la voyait.

Bordel, elle me perturbe.

***

« Au revoir Ethan. A la semaine prochaine !

-Ouais, c'est ça. »

Je fermais la porte blanche sur laquelle on pouvait lire « Dr. Boucherie : PSYCHOLOGUE INFANTILE. »

Soupirant, je commençais à marcher à travers le réseau de couloirs de l'hôpital. Encore une fois, cette séance n'avait rien donné. Il ne pouvait pas m'aider.

Me surprenant dans mes pensées, Lynn tourna à l'angle du couloir devant moi, son habituel sourire aux lèvres, et un sac en bandoulière sur l'épaule.

« Coucou Ethan ! dit-elle en m'apercevant, avant de passer à côté de moi sans s'arrêter, continuant sa route. »

Je m'arrêtais net, tandis que j'entendais le bruit de ses pas derrière moi. Une vague idée me traversa, et je lançais sans réfléchir ;

« Lynn, ça te dirait d'aller prendre un verre ? »

Elle se retourna vers moi, l'air légèrement surprise et m'interrogeant du regard, comme pour savoir si j'étais sérieux. Merde. Qu'est ce qui m'a pris de lui dire ça ? Quel con !

« Nathan n'est pas chez lui, continuais-je pour me justifier, et je n'ai rien d'autre à foutre. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi non plus. Ça te dit ?

-Mh, oui, pourquoi pas ? J'allais voir mon père, mais tant pis ça n'a rien d'urgent ! »

Sur ce, elle se rapprocha de moi en souriant. Je suis stupide. Qu'est-ce que j'espère, inconsciemment ? Flirter avec elle ? La séduire ? Impossible. On est bien trop différent. Elle est trop fragile. Même pour un coup d'un soir.

On se mit alors à marcher, moi dans le silence, elle bavardant joyeusement, comme d'habitude. Je n'écoutais pas vraiment ce qu'elle disait, mais le ronronnement de ses paroles m'apaisait. Un peu.

« On va s'asseoir là-bas ? »

Je suivais du regard la direction qu'elle pointait du doigt. Au bout de la rue se trouvait un petit café, simple et banal, juste à côté de l'école primaire. Aux yeux des autres, c'était un café normal. Pour moi, ce café, c'était l'endroit où mon père et moi nous nous arrêtions presque tous les soirs, lorsqu'il venait me chercher à la maternelle.

« Papa, papa, tu m'achètes un diabolo ici ? S'il te plaît !

-Bien sur mon grand, tu le mérites bien ! Mais pas un mot à ta mère. Si elle apprend qu'on s'est arrêté alors que tu devrais rentrer faire tes devoirs... On est mort ! »

Secouant la tête pour faire disparaître les brides de souvenirs qui me revenaient, j'acquiesçai et suivait Lynn qui courait vers une table en terrasse en riant, son rire faisant presque écho au souvenir de celui de mon père.

Le rêve et le cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant