Chapitre 5 : Je ne crois pas aux rêves

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(tw : violence familiale)

Pdv du cauchemar

Je fixais le plafond.

Aucunes pensées cohérentes ne se formaient dans mon cerveau. J'avais l'impression que mon corps pesait plus d'une tonne, l'impression que quelque chose se tordait dans mes entrailles, et gigotait à l'intérieur de moi.

Je fixais le plafond, et mon esprit devenait un amas de pensées incohérentes.

Comme à chaque fois que j'essayais de m'endormir.

***

Cela faisait déjà quelques temps que la nouvelle était arrivée en ville, et elle me pesait sérieusement sur le système. Pourquoi s'acharnait-elle à vouloir devenir mon amie ? A venir me parler ? Soi-disant, elle m'avait déjà vu quelque part... Ça m'étonnerait, mais bon. Si ça l'amuse d'essayer de retracer des événements qui ne se sont sans doute jamais produit, qu'elle le fasse. Très loin de moi, sans me parler. Sa façon de toujours sauter partout, de toujours rire pour rien, d'être surexcitée et hyperactive... Plus je la regardais, plus elle m'énervait.

« Elle est peut-être juste complètement tarée... »

Un rictus amer déforma mes traits. Quelle ironie. C'est moi qui dis ça ? Je suis sûr qu'entre cette fille et moi, je suis de loin le plus taré.

J'éteignais l'eau de la douche, et sortit en me saisissant d'une serviette. Pour faire plaisir à Nathan, je n'allais pas sécher aujourd'hui, mais c'est bien pour lui que je le faisais. Jetant un œil à la pendule murale, je m'habillais le plus rapidement possible, détestant voir mon corps ravagé. Il me restait encore trente minutes, j'avais le temps.

« Ethan, Ethan, tu es dedans ? Dépêche-toi de sortir ! cria ma mère en tambourinant à la porte fermée à clé.

-Ouais, quinze secondes. »

Je soupirais longuement. Ma mère... Peut-on appeler ça une mère ?

Pour moi, une mère, c'est quelqu'un comme la jeune maman que nous avions croisé l'autre jour au parc. La mienne n'en est pas une. Du moins, elle ne l'est plus.

« Dépêche-toi ! »

La porte se déverrouilla et je l'ouvris à toute volée, passant près de ma mère, tête basse, cheveux devant les yeux, espérant qu'elle se contente de me laisser partir, sans remarques. Peine perdue. Qu'espérais-je de sa part ?

« Décidément, tu es toujours aussi lent. Et il va falloir faire couper cette tignasse, c'est de plus en plus laid. Tu me désespère. »

Je tournais légèrement la tête vers elle, le regard neutre mais brûlant de rage à l'intérieur. Elle était plutôt petite maintenant que j'avais grandi, avait des cheveux bruns, et des yeux gris, des yeux froids et dénués de toute tendresse. D'ailleurs, je comprenais dans un sens. Elle avait la charge d'un enfant suicidaire, avec des troubles psychologiques. Ce n'était pas la joie tous les jours.

« Ta gueule, lui répondis-je. Laisse-moi respirer un peu.

-Alors toi... »

Elle leva la main en prévision d'une gifle, mais je m'éclipsais avant qu'elle ne puisse me frapper. Je me faisais suffisamment de mal tout seul, je n'avais pas besoin qu'elle en rajoute. Me saisissant de mon sac de cours, je sortais sans plus attendre. Tant pis si j'étais en avance, tout sauf rester avec elle.

L'air frais et matinal accompagné d'une fine brume enveloppait la ville, et les rayons timides du soleil perçaient et dansaient dans le léger brouillard. Je crois que ce genre d'ambiance est censée être « jolie ». Mais je ne faisais même plus attention.

Le rêve et le cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant