Le rêve et le cauchemar

Chapitre 25 : Phobique

(tw : deuil, perte d'un proche, accident de voiture)

Pdv du Cauchemar

Même si aujourd'hui n'était pas spécialement un mauvais jour, je n'avais pas besoin qu'il le soit pour paniquer sans aucune raison. A chaque fois, je me sentais ridicule, stupide pour être ainsi affolé alors que rien ne se passait. Cela pouvait arriver n'importe quand : en cours, chez moi, au self, dans la rue, dans un bar ou une boîte de nuit, chez Nathan. Le lieu importait peu et n'empêchait pas la bête d'attaquer et de planter ses crocs dans ma gorge pour m'empêcher de respirer.

Lorsque j'étais entouré de gens, c'était plus difficile. Je voulais juste partir sans que personne ne me regarde, mais la panique me faisait perdre mes moyens et je finissais inéluctablement par me faire remarquer. Seul, je n'avais pas la pression des regards et même si j'avais du mal à me calmer, c'était déjà plus simple et moins humiliant. Avec Nathan, c'était un peu « mieux » - dans la mesure du possible – car il savait comment réagir la moitié du temps. Il avait une présence calme et naturellement apaisante, et en me concentrant sur son rythme de respiration je pouvais ralentir le mien et, sans qu'il ne prononce un seul mot, ça m'aidait à calmer les petites crises. Néanmoins il ne pouvait pas tout le temps être là, il avait autre chose à faire, alors souvent je devais me débrouiller seul.

Enfin, ça c'était avant que Lynn ne débarque.

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J'ai toujours tendance à sauter sur une occasion pour passer du temps loin de chez moi. Quand le monstre le permet – sinon je me cache dans mon lit pendant des heures – je passe tous mes week-ends en ville, seul, avec les autres, je m'en moque. Je veux juste être loin de chez moi, loin de ma mère, loin de la bête qui m'attends dans un des tiroirs de ma chambre. A l'extérieur, malgré les gens, il y a moins de danger.

Hormis celui des voitures.

Nathan le sait, alors quand je suis avec lui il fait attention à prendre des rues exclusivement piétonnes pour se balader. Il faisait semblant de ne pas le faire intentionnellement mais je voyais bien à quel point il réfléchissait à chaque itinéraire et même si ça me touchait, je ne lui faisais jamais remarquer.

Le problème, c'est que les autres ne le savent pas. Alors quand je décide de passer le samedi après-midi avec eux, je ne peux qu'espérer qu'une voiture ne passe pas trop près de moi, ou que personne ne décide de travers la route en courant pour rejoindre l'autre côté.

Cette après-midi était maussade, comme une banale journée de fin d'hiver. Il ne faisait pas beau, il faisait froid, il pleuvait, mais les autres avaient quand même voulu sortir. Pour éviter d'affronter le mauvais temps, on avait rejoint le mini centre commercial de notre petite ville et on traînait dans l'espace culturel. Yros, Eros, Sam et Lena étaient du côté des jeux vidéo, Alex et Jeanne des mangas, Nathan et Lynn des romans et moi je traînais vaguement entre les étagères, regardant sans vraiment voir.

« Ethan ? Tu en penses quoi ?

-Huh ? »

Tiré de ma contemplation silencieuse, je me retournais vers Yros qui me montrait deux jeux de PlayStation, visiblement en plein dilemme. Je les observais en faisant semblant de m'y intéresser mais sans même comprendre la différence entre les deux. Deux jeux de guerre avec des zombies, un truc du genre.

« Franchement ? Les deux ont l'air pareil.

-Non, celui-là a des meilleurs graphismes ! Mais l'autre a une meilleure maniabilité. Ça change toute l'expérience de jeu ! »