Chapitre 3 : Un air de déjà-vu

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(tw : mutilation)

Pdv du cauchemar

« Ta gueule... »

Roulant sur moi-même en me débattant avec la couverture, j'abattais une main rageuse sur mon portable qui venait de se mettre en route. La journée commençait bien. A peine réveillé, j'étais déjà de mauvaise humeur et je n'avais aucune envie d'aller au lycée. Sérieusement... Pourquoi suis-je obligé d'y aller ? Ça ne me sert à rien de toute façon. Je vais demander à Nath' s'il ne veut pas sécher avec moi. De toute façon il aura trop peur que je fasse une connerie pour me laisser seul.

Baillant, je me levais lentement, avant de sortir de mon lit et de me diriger vers la petite salle de bain à l'étage. Je tentais de faire barrage à toutes les pensées négatives, en me vidant la tête, comme me conseillait tous les psychologues.

Je me passais simplement la main dans les cheveux teints pour les coiffer, après m'être habillé et d'avoir, comme toujours, enfilé un des sweats à capuche et à manches longues qui ne me quittait jamais. Mes bras brûlaient férocement sous le tissu, mais je m'en moquais. Cette douleur me faisait me sentir vivant. Je sortais ensuite avant d'aller saisir d'une pêche à peine mûre dans la cuisine, mordant dedans pour pouvoir noter sur le tableau que j'ai mangé.

C'est son nouveau truc à ma mère ça. Elle a été obligée, par les psychologues, de faire un tableau de la semaine, où sont notés tous les repas, et je devais y noter ce que je mangeais. La plupart du temps, il n'y avait que des mensonges d'écrit dessus.

J'ouvrai la fenêtre afin de jeter ma pêche à peine entamée au creux des buissons. Je n'ai pas faim. Je n'ai jamais faim. Toutes les filles avec lesquelles je couche me demande toujours pourquoi j'ai un corps si fin et si musclé. Si seulement elles savaient.

« Qu'elles deviennent anorexiques, elles comprendront plus rapidement. »

Un long soupir énervé s'échappa d'entre mes lèvres. Énervé contre qui ? Contre moi-même, je crois.

Je remontais dans ma chambre minuscule, pour y saisir mon sac déjà prêt et mes écouteurs, avant de sortir de chez moi sans même chercher à voir si ma mère est réveillée. Je n'ai aucune envie de la voir, et elle me ferait encore une remarque désobligeante. Je la hais vraiment parfois.

Une fois dehors, je lançais mon lecteur de musique et m'enfonçais les écouteurs dans les oreilles avant de monter le son à fond, me coupant du monde et sentant déjà la bête de mes cauchemars se faufiler dans le sillage de mon ombre.

***

« Nath ? Hey, Nathan, viens. »

Mon meilleur ami qui m'attendait comme à son habitude devant la grille tourna la tête vers moi. Il était blond, avec de grands yeux marrons très souvent soulignés d'eyeliner et de mascara. Il avait un style très... particulier. Un style bien à lui, mélange de gothique et de punk. Il se dirigea vers moi en me reconnaissant, son habituel carnet noir à reliures dorées dans la main. Nathan est aussi un poète. Un poète extrêmement doué, je crois bien, même si je n'y connais carrément rien.

« Qu'est-ce qu'il y a, Ethan ?

-Tu sèches avec moi ? lui proposais-je.

-Oui, si tu veux, de toute façon on ne fera rien de très important en cours aujourd'hui. Allons y.

-Merci. »

Il me fit un léger sourire, que je lui retournais. Depuis pas mal de temps déjà, il est le seul qui a le droit à mes sourires. Le seul qui parvient à décrisper mes lèvres.

Le rêve et le cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant