Chapitre 13 : Bouleversements

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(tw : violences physiques, cauchemar)

Pdv du Cauchemar

Pourquoi elle cherche ? Pourquoi elle continue ? J'ai beau être le pire des salauds avec elle, elle revient, comme un foutu boomerang, encore et encore. Je vais la terrifier. La terroriser, la faire fuir loin, très loin de moi. Je n'ai pas d'autres choix, à ce point-là.

Est-ce qu'elle a peur ? Je l'espère vraiment. Elle en a l'air, en tout cas. Tandis que je resserrais ma prise sur ses poignets si fragiles et que j'approchais mon visage du sien, elle détournait le regard, les lèvres entrouvertes. Je n'arrivais pas à me calmer. Je sentais des spasmes traverser mes muscles qui tressautaient de plus en plus, je sentais le pouls de Lynn battre de plus en plus fort, et ma bouche séchait.

« Qu'est-ce que tu fais ? Susurra ma voix rauque et menaçante. Pourquoi tu insistes ? Je ne veux pas de toi Lynn. Sérieusement ! Tu n'arriveras jamais, jamais à rien avec moi. Alors pourquoi ?! Je pourrais te briser là maintenant, tout de suite, et te laisser saigner sur le trottoir ! Tu crois que tu peux quelque chose pour moi ?! Tu n'as que seize ans bordel, alors pourquoi ?! »

Je haletais, déglutissant avec peine, ma mâchoire crispée m'empêchant de continuer. Elle me regardait maintenant. Ses yeux ne m'avaient jamais paru si intenses. Mais je n'arrivais pas à déterminer ce que signifiait son expression.

Lentement, je sentais sa main glisser de mon emprise, remuer, tenter de se dégager. Alors que je levais le poing pour l'abattre sur son visage, elle me prit de court. Sa paume fraîche se posa sur ma joue brûlante et, sans me quitter des yeux une seule seconde, elle répondit à mes questions qui ne souhaitaient pas de réponses :

« Ethan, je te l'ai déjà dit... Je veux t'aider... »

Et elle sourit. Simplement. Un sourire plissant ses yeux, un sourire emplie d'une tendresse que je n'étais pas digne de recevoir. Un sourire que je n'étais pas digne de voir.

J'avais l'impression que mon corps s'était immobilisé. Ou était-ce mon cœur ? Mes bras étaient retombés le long de mon corps, ballants, et Lynn frottait maintenant ses poignets marqués de traces rouges. Et son sourire. Qui était encore là, éternellement. A quel moment sa main avait-elle quitté mon visage ?

A quel moment arrêtera-t-elle de sourire ? Je n'en savais rien. Je n'étais plus conscient de rien... Et deux larmes brûlantes roulèrent sur mes joues. Quatre. Six. Puis un flot ininterrompu.

« Ethan... ? »

Merde. Je pleurais, devant Lynn, qui avait enfin perdu son sourire pour laisser place à l'inquiétude. A ce moment-là, je ne savais ce qu'il m'avait pris. Mais j'avais commencé à fuir. J'avais tourné les talons et j'étais parti en courant, aveuglé par mes propres larmes et bousculant sans ménagement quelques passants qui m'insultaient. Des sanglots commençaient à agiter mes épaules, et à étrangler ma gorge. Le flot ne tarissait pas.

Devant Lynn et sa tendresse, je fuyais.

Devant Lynn et son sourire, je pleurais.

***

Dis-moi maman, pourquoi ? Pourquoi tu me regardes plus ? Pourquoi tu me laisses tout seul ?

Dis-moi maman, même si tu n'étais pas beaucoup présente avant, pourquoi tu l'es encore moins ? C'est parce que papa est parti ? Parce que tu te retrouves toute seule le soir ? Pourquoi tu pars souvent, où tu vas ? Quand tu rentres, tu ne sens pas bon, c'est bizarre, et on dirait l'odeur de la bière de grand père... Maman, pourquoi tu ne m'aimes pas ? Je fais des cauchemars la nuit, je t'appelle tout le temps parce que j'ai peur, mais tu ne viens jamais ! Mais moi, j'ai besoin de toi maman ! Pourquoi tu me tapes ? Ce n'est pas ma faute si papa est plus là ! Moi aussi je l'aime papa ! Je ne voulais pas ! On était heureux avant, même si tu m'aimais moins que papa, tu ne me tapais pas et puis je n'étais pas tout seul, et on allait faire des trucs, on allait au cinéma parce que papa il adorait ça, et à chaque fois maman tu m'achetais une sucette, tu me prenais dans tes bras quand je commençais à m'endormir devant le film, dis pourquoi maman ! J'ai fait une bêtise ? Ce n'est pas moi qui a cassé le vase de mamie, je te le jure ! Je suis désolé si tu as vu que j'ai marché sur le tapis avec mes chaussures sales ! Mais tu m'aimes plus à cause de ça ? Dis-moi maman, dis-moi s'il te plaît ! Je te promets d'être sage ! Je ne ferais plus jamais de bêtises ! Tu me fais mal, arrête, tu es méchante ! Tu me fais peur ! Moi je t'aime maman...

Le rêve et le cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant