Percy était sorti, aujourd'hui. Pour la première fois depuis...
Et bien, il ne savait pas vraiment, mais cela faisait définitivement un bout de temps que le soleil n'avait pas dardé ses rayons dorés sur lui.
Monsieur Brunner habitait loin de tout, sur le bord d'une route nationale presque déserte en béton abîmé – Percy ne savait même pas qu'il y avait une campagne en banlieue de New York – entre les craquelure de la routes couvertes de fleurs tombées et les étendues sans fin de terre vierge qui semblaient se jamais s'arrêter, ou connaitre de limites.
Le début du mois d'août avait apporté avec lui cette atmosphère chaude et douce, et un puissant vent du sud, qui soufflait et faisait s'agiter les feuilles des premiers arbres de la forêt qui bordait la nationale.
Quand il avait exprimé le vœu de sortir, monsieur Brunner ne s'y était pas opposé – en même temps, pourquoi l'aurait-il fait – et lui avait même proposé de prendre un livre dans sa bibliothèque pour s'occuper pendant qu'il était à l'extérieur. Comme à son habitude, il n'avait posé aucun interdit, aucune limite.
C'est comme ça que Percy s'était retrouvé avec The Song of Achilles sous le bras et deux cahiers – celui qu'il avait gardé de sa première escapade, et un autre qu'il avait discrètement subtilisé au nez et à la barbe de son professeur qui était alors ostensiblement plongé dans l'observation de tranches de livres de cuisine – sous son pull.
Sa peau avait pâli, après presqu'un mois à passer ses journées enfermer dans sa chambre, accroupi sur le rebord de la fenêtre, et le soleil pesait lourd sur ses épaules. Ses chaussures presque trouée foulaient le béton brûlant dans un bruit régulier qui calmait ses pensées. Il fallait qu'il pense à en acheter d'autres, tout en sachant pertinemment que, un, il n'en avait pas les moyens et deux, il aurait oublié dans environ douze minutes.
Il avait tort. Marcher avec des chaussures trouées était désagréable et son cerveau lui intima de s'en débarrasser quarante-sept secondes plus tard. Ce qui n'était pas forcément l'idée du siècle quand on savait que le béton était brûlant et les pieds de Percy, tout sauf insensibles à la chaleur.
Il décida de remettre ses chaussettes Bob l'Éponge en essayant de se convaincre qu'il n'y avait pas d'homme plus sexy que lui dans les parages.
En fait, à part Monsieur Brunner – qui n'avait d'ailleurs pas l'utilité de chaussettes ou de chaussures – il n'y avait pas d'hommes du tout, dans les parages.
C'était donc seulement Percy, ses chaussettes Bob l'Éponge, une ode à l'homosexualité dans la Grèce antique et son swag, en plein milieu de rien du tout.
Sans oublier les deux cahiers que Monsieur Brunner l'avait laissé voler dans sa bibliothèque.
À bien y réfléchir, le swag de Percy avait déserté l'aventure à la seconde même où il avait enlevé ses chaussures et gardé ses chaussettes.
Donc, seulement Percy, ses chaussettes, l'essence même du mot « gay » et le butin d'un vol tout sauf discret.
Tout seul au bord de la forêt.
Et comme ils décidèrent – Patrocle était le seul à s'être prononcé contre – qu'ils n'avaient plus rien à perdre, ils s'enfoncèrent dans la forêt.
C'est à peu près à ce moment-là que Percy décida d'arrêter de parler au petit Patrick l'étoile de Mer brodé sur son talon.
Pas que quiconque puisse l'entendre, mais comme disait Sid de l'Âge de Glace : « Les arbres ont des oreilles. »
Il décida de s'enfoncer un peu entre les arbres, pas trop pour ne pas se perdre, mais juste assez pour être hors de vue de quiconque passerait par là.
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Game Over [PJO AU] [EN RÉÉCRITURE]
Fanfic« Ici, vous incarnerez un dieu, un demi-dieu, ou une créature mythologique pacifique. » Un chuchotement, un sourire, le tapotement d'un clavier. Ici, la nuit, personne ne dort jamais. Percy a douze ans, une famille en vrac et les yeux détruits par...