Prologue.

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Le son du tonnerre le réveilla et dès lors, retentit le son de la pluie qui faisait office de bruit de fond. L'extérieur semblait froid lorsqu'il regarda par la fenêtre. Alessandro aimait la pluie. Il y avait une sensation, un sentiment qu'il ne parvenait pas à s'expliquer dans ce phénomène naturel. Il était à l'aise avec la mélancholie que les moments pluvieux avaient l'art de faire ressortir en lui. Les nuages étaient gris, hurlant et déversant leurs larmes glacées sur la terre. Comme il les comprenait. L'atmosphère était semblable à son intérieur : gris, sombre, froid et plein d'eau. Il esquissa un sourire de façade pour lui-même et alla se doucher.

Il fallait sortir de cette chambre, son dernier rempart de paix, pour replonger dans son train-train habituel : le cauchemar. L'unique moyen d'y survivre était le déni. Le déni total et intersidéral sans aucun espoir. Oublier un événement dès lors qu'il était passé, chasser la tristesse de son esprit dès lors qu'elle se manifestait. C'était jusque-là, avec les moyens disponibles, la seule façon de subsister en enfer. La fuite n'était pas une option et se suicider était beaucoup trop douloureux. Qui plus est, il avait au moins quelqu'un sur qui compter dans tout ce bazar. Il se devait d'être fort pour lui car il était le seul qui pouvait comprendre ce qu'il vivait. C'était leur histoire à tous les deux et ils s'étaient jurés que seule une mort tragique et involontaire pouvait réussir à les séparer.

Il descendit les escaliers du manoir, l'air impassible. Plus vite il affronterait cette journée et plus vite il retournerait se coucher. L'endroit était décoré d'une façon si riche et si raffinée, dommage qu'il n'y ait que la mort et la désolation qui règnent entre ces murs. Il longea le couloir, contemplant les œuvres d'arts hors de prix comme s'il les voyait pour la première fois. Cette journée ne lui disait rien qui vaille. Ça sentait le sinistre plus que d'habitude. Il s'apprêtait à prendre le virage qui le conduirait à la cuisine lorsqu'un des hommes postés comme garde lui fit signe de faire demi-tour. Il comprit que des ordres avaient été donnés. La journée commençait bien ! Il arriva enfin devant la porte imposante de la salle à manger et inspira un grand coup avant d'actionner la poignée couleur or style époque contemporaine. La pièce était éclairée et spacieuse. Il vit que son père et ses exécuteurs étaient déjà attablés et mangeaient. Si on lui disait que l'on faisait le bacon de son paternel avec de la chaire humaine cela ne l'étonnerait pas plus que ça. Ce type était capable de voir ses enfants mourir sans ciller d'un poil.

Son regard croisa celui de son frère assis le plus loin possible de leur père et il prit place à côté de lui.

—Ça va ? Lui demanda son grand-frère en l'examinant rapidement du regard.

Alessandro hocha la tête.

—Et la camée du siècle ? Demanda-t-il à son tour.

—Sûrement qu'elle a le nez dans la poudre.

Cette affirmation ne l'étonnait même plus.

—Pourquoi c'est ici que tu manges ?

—Parce qu'il l'a voulu. Je comptais manger en cuisine avec Poncia répondit le plus âgé.

—Tu crois qu'il va nous donner un examen ? Demanda Alessandro un peu anxieux.

Cette journée sentait les problèmes.

—C'est comme ça qu'il prend son pied, répondit-il en haussant les épaules avant de se remettre à manger.

—C'est le cas de le dire,dit Alessandro.

—Vous avez l'air de si bonne humeur mes fils ! J'adore vous voir comme ça, dit  l'homme assis en bout de table avec un sourire malicieux.

Oh non!

Les seigneurs de Malte Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant