Les seigneurs de Malte Tome 2

31. Lesso

Après une bonne séance de footing et un appel conférence avec mes fratelli, je décide de rentrer chez moi. Cela fait près d'un an que je vis à Montréal et j'aime cette ville. Je n'avais jamais pensé m'établir ailleurs et je compte bien retourner à Malte un jour mais ma relation avec Iris nécessitait que je reste ici pendant un moment. Je l'ai fait pour nous et je ne m'en plains pas. C'était la bonne chose à faire. De plus, je me suis pris d'affection pour cette ville qui se trouve être complètement aux antipodes de là où j'ai grandi.

En pensant à ma belle rousse, je m'arrête dans une pâtisserie pour lui prendre les gâteaux qu'elle préfère puis je reprends la route. Mon Apple Watch indique 8:00. Elle doit être réveillée maintenant. Je pense à sa réaction lorsqu'elle découvrira les douceurs que je lui apporte et cela me tire automatiquement un sourire. Elle me rend heureux. Cette femme a fait de moi un homme nouveau sans que ce changement de me débecte. Je n'aurai jamais cru dire toutes ces conneries un jour mais c'est réel.

J'arrive dans le hall et m'arrête un instant pour regarder les lieux où il y a un an, j'étais debout en face d'elle prête à la laisser me tuer ne serait-ce que pour avoir une chance de gagner son pardon. Cela a pris du temps mais nous sommes inséparables depuis et elle est tellement casse-pieds et capricieuse que je sais qu'il n'y a qu'avec cette femme que je veux cohabiter.

Je prends l'ascenseur alors que Dancing in the moonlight de King Harvest joue dans mes oreilles.
J'arrive chez nous, souriant seul à cause de cette bête petite phrase. Elle n'est pas dans le salon ni dans la cuisine car il me semble qu'elle n'a pas fait son café.
Je me dirige vers la chambre pour réveiller cette marmotte, tapant du pied à cause de la musique, célébrant ma bonne humeur.

J'entre dans la pièce et trouve ma chérie complètement décontenancée alors qu'elle décolle son portable de son oreille. Elle me regarde mais je sais qu'elle ne me voit pas. Épuisée d'un coup, elle prend place sur le lit alors que je viens directement m'accroupir en face d'elle, arrachant mes écouteurs de mes oreilles durant l'action.

—Que se passe-t-il perla mia ?

Ses yeux se gorgent d'eau à l'instant. La seconde d'après, ils entament déjà une chute sur son beau visage. Elle tremble légèrement et l'expression de son faciès me tort les organes à l'intérieur de ma poitrine.

—Tesoro pourquoi tu pleures ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle éclate en sanglots et crie de toutes ses forces. Je suis face à un spectacle qui me dépasse. Elle explose d'une douleur dont la profondeur se rend palpable dans toute la pièce. Elle a mal. Pourquoi ma femme a-t-elle si mal?

Je me lève promptement et la prends dans mes bras. Je me demande comment me racheter pour une faute que je n'ai pas commise. Je sais que ce n'est pas moi, je ne lui ai rien fait mais je suis confus. La voir dans cet état me tord le cœur et peu importe le poids qu'elle porte, j'aurai voulu le prendre pour elle. J'ai peur de ne rien pouvoir faire comprendre et cela m'entaille l'âme.

En moins de cinq secondes elle se trouve sur mes genoux et j'essuie ses larmes. Elle ne me parle pas, elle n'y arrive pas. Je me contente de la calmer et de lui dire que je suis là. Les points d'interrogations fusent dans ma tête alors que je regarde le visage de ma perle rougi par les pleurs.

Je caresse ses cheveux doucement et continue d'empêcher les larmes de progresser sur sa peau. Elle pousse un long soupir et respire durant quelques secondes.

—Il est mort, dit-elle.

Mon cœur rate un battement.

—Qui donc ?

Son père ? Santo cielo...

—Mon oncle. Il a succombé à un accident cardio vasculaire, dit-elle difficilement.