26. Lesso

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Je me débats alors que je suis escorté jusqu'au jacuzzi en face duquel mon père m'attend, debout avec sa cane en bois à tête de faucon. Dès que je l'aperçois, je cesse automatiquement de m'agiter. Cela ne me servira à rien d'autre qu'à perdre mon énergie. Il est tranquillement installé dans son costume taillé sur mesure, épousant sa cruauté à la perfection. Le sourire sinistre qu'il m'adresse ne me dit rien qui vaille. Comment a-t-il fait pour me retrouver ? Que va-t-il me faire cette fois ?
On me demande de tendre les poignets pour me les lier avec une corde qui me brûle la peau. Quel niveau de l'étang de la mort mon père a-t-il débloqué cette fois-ci ? Où sommes nous ? Où est Din ?

Quelques minutes après cela, les gardes me font m'asseoir au bord du jacuzzi avant de m'attacher les chevilles. Les sbires de Sylvano agissent méthodiquement sans laisser transparaître la moindre émotion humaine. A croire qu'on les paie pour être des cyborgs. Sylvano pourrait leur ordonner de m'égorger et de m'enterrer dans le jardin qu'ils s'exécuteraient sans broncher.

A quoi ressemble le vrai monde ? N'est-ce donc que ça ?

Ils me font m'asseoir dans le bassin alors que l'eau est légèrement chaude. Le stress me monte à la gorge, ne sachant pas à quoi m'attendre de cet exercice des ténèbres. Les gardes de mon père s'éloignent tandis que je m'affaire à tenter de défaire mes liens. N'importe quoi peut apparaître dans ce bassin. Mon père est excentrique, indigne de confiance et peu fan de l'ordinaire alors je crains que...

La température augmente soudainement, me piquant légèrement l'épiderme. Je regarde autour de moi et me rends compte que tout est sombre. Je ne suis plus dans un jacuzzi mais dans une énorme... cocotte ? Je suis en train de me faire cuisiner ?

L'eau chauffe, ça me brûle. Je retiens des cris de douleur alors que ma peau se détache de moi.

J'entends des voix qui me hurlent aux oreilles que je ne suis rien, je ne vaux rien, je mérite de mourir. Je ne peux pas mettre mes mains sur mes oreilles car mes poignets sont liés.

J'essaie de hurler mais je n'y arrive pas.

Mon père se présente devant moi et me sourit.

Père...

Il ne compte pas m'aider. C'est lui qui m'a mis là.

Il... Il ne m'aime pas...

Il ne m'a jamais aimé...

Je fermes les yeux et étouffe mes sanglots alors que l'eau devient bouillante.

Je sens deux petites mains fraîches s'emparer de mes liens et tenter de les défaire. J'ouvre les yeux et tombe sur Iris. Ses cheveux, je les reconnaîtrai entre mille. Elle est dans l'eau avec moi, en train de chercher à me libérer. Sa peau est rouge, elle est en train de brûler pour m'aider.

Je veux parler mais aucun son ne sort de ma bouche.

Iris... Non...
Ne brûle pas pour moi.

Regarde-moi Iris.
Je t'en supplie regarde-moi.

Comme si elle entendait les prières de mon cœur, elle lève la tête vers moi et alors que je m'attends à me perdre dans le vert de ses yeux, je remarque avec effroi que ses yeux sont crevés. Elle me sourit tristement alors que je fixes ses globes percés.

Les seigneurs de Malte Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant