Chapitre 2

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Mandos. Dieu des morts, valar qui guide les âmes des défunts vers la porte au-delà de laquelle le repos les attends. Celui qui peut, avec l'accord des autres Valars, redonner la vie à ceux qui le méritent. Si peu de gens en Terre du Milieu peuvent citer le nom de chaque divinité, moins encore sont ceux a connaître le privilège de celle-ci. La résurrection.

- C'est impossible, Gandalf.

Elrond et Glorfindel refusent de croire les mots du magicien. Le Seigneur d'Imladris fait les cents pas sur le sol de pierre blanche du bureau. Les multiples tapis, la lumière tamisée et l'atmosphère sereine de la pièce où trônent de nombreux ouvrages éclairés par des bougies et des lanternes l'aident a se concentrer. Ses pensées sont tiraillées entre les mots du pèlerin gris et sa crainte des êtres du Mordor. Lui demander d'accepter simplement une telle vérité, comment Gandalf pût-il seulement le conçevoir? Il jette un regard a Glorfindel.

L'elfe sylvain se tient sagement au fond de son fauteuil, ses cheveux long et blonds étalés sur ses épaules, aussi immobile qu'une statue. Elrond se doute que son ami contient toute sa colère et sa haine envers le seul sujet a pouvoir encore lui inspirer de telles émotions.

- Pourquoi les Valars porteraient de l'attention à une enfant de Morgoth ? Demande ce dernier avec dédain.
- Parce qu'ils ont vu ce que vous refusez de voir !

Le blond détourne le regard comme pour illustrer. Gandalf poursuit.

-Vous savez que ce que je vous raconte est vrai ; Laurelin est tombée lors de la bataille des cinq armées, j'ai vu son corps de mes propres yeux, et les Nains l'ont enterré dans une tombe jumelle à celle de Thorin. Durant son voyage, elle a rencontré Mandos, et lui et les Valars ont débattu afin de savoir ce qu'ils devaient faire d'elle.

L'auditoire du magicien l'écoute à peine. Comme à chaque fois qu'il vient débattre d'un sujet important. L'Istari soupire longuement avant de reprendre.

- Regardez-la.

Pas de réaction.

- Regardez-la !

L'insistance du magicien est agaçante à leurs oreilles pointues, aussi finissent-ils par accepter.
Les deux se tournent vers la fenêtre pour jeter un coup d'oeil rapide à l'enfant, en train de se promener dans les jardins recouvert du voile de la nuit, trempant ses petits doigts dans l'eau froide d'un bassin.

- Oubliez tout ce que vous savez d'elle, tout ce que les circonstances vous ont enseigné sur les siens, et regardez-la elle, et elle seule. Oubliez son aura, oubliez le Mordor, et regardez l'enfant ! Elle n'est en rien différente des nôtres, si ce n'est qu'elle n'a plus aucun lien ou presque avec sa famille, si tant est qu'elle en eût une ! Il reprend son souffle et ajoute, bougon. Mandos lui-même n'a pas pu y remédier.

Si les mots du pèlerin gris n'ont guère d'impact sur l'elfe blond, ils en ont dans l'esprit du brun, qui se décide enfin à accorder de l'attention à l'enfant. Rien n'émane d'elle sinon la tristesse et la mélancolie.

- Qu'attendez-vous de nous, Gandalf ? Demande le maître d'Imladris qui ne détache plus ses yeux d'elle.
- Formez-la.
- Pardon ? S'étouffe presque Glorfindel. 
- Vous m'avez très bien compris. Enseignez-lui tout ce qu'elle ignore, apprenez-lui a employer le Quenya, a contrôler ses dons... Faites de Laurelin une véritable elfe. 

Ce nom... Il est vrai qu'elle se prénomme ainsi, désormais.

" Le précieux nom d'un des arbres jumeaux... C'est une véritable insulte d'appeler cette enfant ainsi ! Et cette requête... ! "

Laurelin IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant