La Lune brille.
Sous son éclat blanc vif, le rebord des collines se découpe, net et franc, comme le rebord d'un verre brisé. Le miroitement de l'eau et la caresse du vent sont les seuls a rompre la délicatesse de ce moment. Ça, et le gallopement des chevaux.
- Aurait-je crû un jour voyager en ces terres, ou rien ne se passe jamais ?
- Et pourtant, Seigneur Thranduil, vous voilà en ma compagnie, sur les routes de la Comté !Mithrandir laisse s'échapper un rire franc et sec, sa pipe d'une main et les rennes de son cheval dans l'autre. Le Seigneur elfe se contente d'un fin sourire, puis détourne les yeux, n'en revenant toujours pas d'avoir accepté de laisser sa garde en Imladris pour partir seul avec le magicien.
Il faut dire que Gandalf s'était montré particulièrement insistant.
Jamais le vieux magicien n'aurait autorisé que la paix et la quiétude de la Comté soient dérangés par une troupe de cavaliers elfes, fût-ce celle d'un roi. Les Hobbits sont des êtres simples, heureux d'être ignorés du reste du monde, et se plaisant à ne pas se mêler d'affaires d'autrui. Assommé par le flot d'arguments et les sermons de Gandalf, l'elfe résolut de laisser sa garde en retrait à la frontière de ce plat pays, ou "Quartier Est", comme l'appellent les locaux. Sobrement vêtu, drapé dans une cape verte, le roi redécouvre les sensations des routes de terres et le balancement dû au trot de sa monture.
Il ne peut s'empêcher de se remémorer sa jeunesse, ses voyages et ses aventures. Un peu comme son fils aujourd'hui.
Ce temps lui manque, mais la paix de son royaume mérite bien quelques sacrifices.Il chasse de telles pensées de son esprit, se concentrant sur son objectif actuel. Une question le taraude :
- Pourquoi vous suis-je aveuglément, au juste ? J'aurais plus gagner à prendre la route d'Erebor tout de suite.
- Et le temps que vous y arriviez, Laurelin sera déjà repartie et vous ne saurez où. Croyez-moi, vous avez bien plus à gagner en m'accompagnant là où je vous mène.
- Laurelin... J'ai la sensation qu'elle est à la fois toute proche, et en même temps si loin.
- C'est, d'une certaine manière, le cas. Apprendre son retour parmi les vivants vous a rendu un souffle d'espoir que vous aviez perdu. Mais à vouloir la retrouver à tout prix, vous vous rendez compte combien le monde est vaste. Pour être tout-à-fait honnête, Seigneur Thranduil, j'ai l'impression que vous entamez là un très long voyage.
- Et je ne m'arrêterais pas avant de l'avoir retrouvée.
- Oh, je ne parle pas que de Laurelin, savez-vous ? J'ai le sentiment que ce voyage pourrait vous réserver bien plus que la poursuite de cette jeune Elleth ; des épreuves auxquelles vous n'avez encore jamais été confronté en sept mille ans d'existence, ou sinon trop peu. Et vous aurez besoin d'aide, de conseils... Et d'un petit peu de tempérance.
- Et j'ai la sensation qu'un certain magicien gris ne sera jamais bien loin. Ou bien arrive-t-il toujours au moment opportun ?
- Ah ! C'est bien probable !
- Ce que vous évoquez, c'est ce que procure chaque quête, Mithrandir. J'ai déjà connu bien pire.
- Certes. Mais croyez-moi, vieil ami ; Bon nombres d'épreuves vous attendent, et la pire chose qu'il puisse vous arriver durant votre marche est de ne rencontrer personne. Voyager et parler avec d'autres races que la nôtre est ce qu'il manque à bon nombres de puissants sur cette terre. Et même à un certain Istari...
VOUS LISEZ
Laurelin II
FanfictionLe Roi sous la Montagne est mort. Fili lui a désormais succédé après avoir enterré son oncle et la petite princesse d'Erebor. Les conflits n'ont plus lieux d'être, et pourtant, un grand mal est entrain de se réveiller dans le fin fond du Mordor. L...