Laurelin II

Chapitre 9

La maison du régent de Dale. Située sur les hauteurs de la ville, l'endroit est garni d'objets brillants, de tableaux et de beau mobilier. Comme pour s'assortir à cette décoration généreuse, plusieurs individus haut-placés discutent autour de plusieurs bouteilles de vin vides ; trois hommes et un elfe. L'humain le plus âgé se lève et annonce.

- Messieurs, je crois que nous avons fait le tour. Si vous n'y voyez pas d'inconvénients, nous pouvons clore la réunion ici.
- J'en conviens, Maître Bard. De plus, il commence à se faire tard. Confirme le propriétaire des lieux.
- Merci de nous avoir reçu à nouveau, Éorl. Seigneur Legolas, je suppose que vous n'allez pas rester très longtemps à Dale ?
- En effet. Je ne viens que pour régler des affaires mineures, cette réunion mise à part. Je pense repartir après-demain.
- Qu'il est triste que vous ne restiez pas plus longtemps. Avoir le prince de la Forêt Noire est un privilège rare, j'avais espéré que nous pourrions discuter. Dit calmement Éorl, toujours assis, sirotant une tasse de thé.
- Je suis navré mais je ne peux m'attarder.

Pendant que deux des hommes de Dale rassemblent leurs documents et finissent leurs verres, le troisième fixe le prince elfe. Ne le quittant pas des yeux, il s'interroge à son sujet depuis son retour dans la cité, sur ses projets futurs, sur son parcours et ses connaissances.
Une fois le moment venu, et en bon hôte, il raccompagne ses invités à la porte et les salue poliment. La nuit est tombée et le vent frais fait frissonner le vieux Bard qui profite d'une dernière conversation sur le pas de la porte.

- Seigneur Legolas, je suppose vous êtes hébergé par les Nains ?
- Non. Je ne suis plus vraiment le bienvenu à Erebor. Je ne sais pas où-

- Que dites-vous de passer la nuit ici ? J'ai une chambre d'ami, si vous le souhaitez. Cela nous donnera plus de temps pour discuter. L'invite poliment Éorl avec un engouement prononcé qui déstabilise légèrement le blond.

- Veuillez excuser l'enthousiasme de notre ami, c'est un érudit avide de culture elfique. Intervient Bard en posant sa main sur l'épaule de son ami. S'il sait tout ce qu'il y à a apprendre sur notre cité, il ne cesse d'accroître ses connaissances dans d'autres domaines ; elfique, astronomie, nainien, histoire gondorienne...

- Le savoir est ma plus grande richesse.
- Vous devriez voir sa bibliothèque, je n'ai jamais vu autant d'ouvrages réunis au même endroit.

- Rares sont les hommes à autant se consacrer à l'étude, en particulier celle des cultures d'autrui. J'accepte volontiers votre offre. Répond le blond aux deux complices.

- Formidable ! Je vais en apprendre plus sur la culture des elfes. Certes, je sais déjà bon nombre de choses sur Mirkwood, mais pas autant qu'un authentique résident de ces bois augustes. J'ai tant de questions a vous poser !

Sans se soucier d'une réponse, il part dans la pièce du fond avec enthousiasme, sûrement pour préparer sa chambre au seul invité restant ce soir. Legolas n'a jamais été témoin d'autant de joie à l'idée de parler avec lui. Le prince lui-même n'est pas friand de grandes discussions et souhaite se reposer, mais c'est quelque chose de si rare qu'il se voit mal lui refuser ce caprice.
Bard s'avance près de lui, appuyé sur sa canne.

- Essayez de trouver le temps de vous reposer. Parti ainsi, il peut tenir toute la nuit.
- J'y veillerais. Bonne nuit Maître Bard.
- Merci Seigneur Legolas. Je sais que je ne vous reverrai pas avant votre départ, alors je vous souhaite d'avance une bonne route. Prenez soin de vous.

Le vieux Maître de Dale, celui que l'on surnommait le Tueur de dragon, part sur ces mots en s'appuyant sur sa troisième jambe faite de bois. Qu'il est curieux pour l'elfe de se remémorer ce surnom en voyant combien l'humain est devenu inoffensif.