𝐋𝐎𝐕𝐄 𝐘𝐎𝐔; 𝐋𝐎𝐕𝐄 𝐌𝐄 [boy's love]

Et nous, alors ?

Mon meilleur ami se pince les lèvres, ferme un instant ses paupières avant de les ouvrir et de reprendre une profonde inspiration. Puis il émet un gémissement de gêne avant de passer ses mains sur son visage et d'y cacher ses yeux. Alors je réalise soudainement. On venait de faire l'amour. Chose pour laquelle mon meilleur ami se donnait avec facilité et envie. Chose qu'il estimait "merder" quand ça n'allait pas et quand il trouvait refuge dans les effusions amoureuses. Mon cœur s'alourdit de plus belle. Pourquoi se dénigre-t-il autant ? Pourquoi culpabilise-t-il à chaque fois qu'il dérape ?

― J'ai adoré ça, m'avoue-t-il dans un souffle, les yeux à nouveau fixés au plafond.

Bordel.

― Moi aussi, lui confiai-je avant de comprendre qu'il savait tout de moi, depuis le début. Tu savais ? Tu étais au courant de mes sentiments ?

Il acquiesce doucement en silence.

― Pou-Pourquoi tu n'as rien dit ?
― Parce que tu ne m'as rien dit non plus, me répond-t-il doucement en reportant son attention sur moi. Je me suis dit que tu n'étais pas encore prêt à m'en parler.

Tout est confus, encore. Il savait. Ce qui veut dire que depuis le début, je ne savais pas cacher mes sentiments. Mon cœur n'arrête pas de tambouriner dans ma poitrine. Il me fait mal... Je n'en peux plus, je veux que ça s'arrête. Ma gorge laisse place à une énième boule qui me prend de court. Si je parle, j'aurai la voix nouée. Si je parle, je vais me mettre à pleurer. Bordel, mais qu'est-ce que j'ai ? Qu'est-ce qui m'arrive ? C'est le fait de ne plus être fort devant lui qui me fait réagir comme ça ? Le fait de m'être livré à lui, corps et âme ? Le fait de l'aimer ?

Aimer. Alors j'ai un déclic et ne peux m'empêcher de chercher ses yeux bruns qui m'envoûte, à chaque instant.

― Mais... commençai-je après une hésitation, et pour ton guitariste ?
― J'ai rompu avec lui, tu le sais.

Alors pourquoi tu as couché avec lui ?

― C'est bien pour ça que je disais que j'avais merdé, reprit-il avant que j'aie pu avoir le temps de répliquer.
― Y'a pire comme connerie que de faire l'amour.

Est-ce que je viens réellement de dire ça, alors que moi-même, je me reprochais nos effusions quelques minutes plutôt ? Le pensais-je vraiment, ou disais-je cela pour rassure mon meilleur ami ? Non, en fait, il y a bien pire dans la vie que faire l'amour.

― Pas quand tu utilises le sexe pour oublier.

J'ai encore merdé, hein ? Sa question revient me hanter subitement. Alors en recollant les morceaux, je comprends ce que voulait dire mon meilleur ami quand il disait j'ai merdé ou j'ai fait une connerie. Ce n'était pas l'acte en soi, mais la raison pour laquelle il pouvait se donner à quelqu'un qui n'était pas honnête. Ce que je comprends.

Et nous alors ? Mes yeux s'embuèrent de larmes instantanément. Pourquoi il faut que je dramatise au juste ? Je sais qu'il fait ce qu'il peut et les efforts considérables qu'il a fait depuis le collège sont nombreux. Je ne peux pas lui en vouloir ni exiger de lui de se débarrasser de son cœur noir de jais. S'il y a bien une personne qui sait combien il a souffert et le nombre de fois où il s'est relevé, c'est bien moi. Et pourtant, pour une raison inconnue, là tout de suite, en cet instant je déteste cette situation.

― Si je suis ta logique, me risquai-je avec la voix tremblante, nous deux c'était pour...
― Pour de vrai, me coupe-t-il, lui aussi la gorge nouée. Nous, ça n'a rien à avoir avec mes aventures. Nous c'est pour de vrai.

Je ne pensais pas que mon cœur serait capable de subir un nouveau choc.