2 - Après le calme

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Musique : Zella Day - Wonderwall (cover d'Oasis)


Iris est réveillée brusquement par sa mère qui la secoue vigoureusement :

- Ça va ma puce ? Tu semblais en train de faire un cauchemar.

Sa voix est suave, son odeur est rassurante. Doucement, elle caresse les cheveux mordorés de sa fille en la regardant d'un œil inquiet.

- Oui, t'inquiète maman.

Dubitative, elle la regarde un instant tandis qu'Iris s'assoit. Peu convaincue mais obligée d'abdiquer, Caroline, sa mère, se lève finalement. Elle secoue frénétiquement son pantalon, pourtant immaculé, -par habitude sans doute-, avant d'affirmer :

- Je vais m'atteler au repas de ce soir. Je pensais te faire des lasagnes. Qu'en dis-tu ?

Les yeux de sa mère la regardent attentivement en attendant une réponse. Iris, subitement, se sent oppressée, comme si le repas de ce soir conditionnait son existence. Elle ne se sent pas à sa place. Peut-être ne l'a-t-elle jamais été ? Elle voit, dans l'azur des yeux de sa mère, la détresse. Elle tente de s'occuper l'esprit, la moindre petite occasion est bonne à saisir, en l'occurrence, ici, cuisiner pendant des heures. Sous le regard insistant de celle-ci, Iris finit par hocher la tête. En réalité le repas de ce soir lui importe peu. Ces derniers temps rien ne lui importe en fait. Mis à part lui.

- C'est parfait, maman. Iris ajoute en se relevant.

Elle sourit à sa fille puis se dirige vers la cuisine. Pourtant, elle s'arrête brusquement à quelques mètres de l'embrassure de la porte.

- J'allais oublier. J'ai invité Jamie ce soir.

Face au regard désapprobateur de sa fille, elle continue et argumente :

- Je sais, je sais. Mais je l'ai croisé au supermarché hier. Il a été si prévenant. Il m'a même aidé avec mes courses. C'est un gentil garçon, tu sais.

Iris ne dit rien, mais elle n'en pense pas moins. Jamie était un de ses camarades de classe au lycée. Il a toujours beaucoup aimé la jeune-femme, qui elle, demeurait inerte et indifférente face à ses avances. Intérieurement, Iris souffle, est déjà exaspérée face à la perceptive d'une soirée avec lui mais elle se tait, pour faire plaisir à sa mère. Cette dernière, face au silence de sa fille, finit enfin par se rendre à la cuisine.

- Dis-moi si tu as besoin d'aide maman.

Iris maugrée tout en regardant sa mère s'évertuer aux fourneaux. Elle a le profil parfait de la ménagère. Tablier, chignon ordonné. Seuls ses cernes et son visage creusé détonnent. Elle est déjà en pleine préparation mais s'arrête un instant. Derrière le petit bar qui sépare la cuisine et le salon, elle voit sa mère sourire franchement face à la phrase de sa fille. Son sourire s'éteint progressivement au gré du temps et à cet instant Iris donnerait tout pour la voir sourire, un peu plus longtemps.



    Passé 19h30, Iris entend la sonnette retentir. Elle peste mais finit, quelques minutes plus tard, par descendre dans le salon. Sur le canapé en velours vert, sont installés sa mère, son père, Carl, qui n'a même pas eu le temps de desserrer sa cravate, Jamie et sa mère, Anita, récemment devenue veuve. En pleine discussion, la jeune-femme n'ose pas les déranger et les observe, mutique, près de la porte. Finalement, c'est Jamie qui la remarque, son visage s'illumine et il lui sourit. Il se lève rapidement vers la jeune-femme qui n'a qu'une envie ; celle de fuir.

- Eh, ça va toi ? Tu ne viens pas avec nous ? l'alpague-t-il de questions.

« Garde ton calme, Iris » ne cesse-t-elle de se répéter, « fais des efforts ». Exaspérée, elle lui répond pourtant courtoisement. Au fond, elle sait que Jamie est un bon garçon. Quater back au lycée, il avait un franc succès auprès des filles et même auprès des garçons. En fait, tout le monde aimait Jamie Baker. Beau, musclé, gentil, intelligent, il est indéniablement charmant. Pourtant, Iris n'était pas intéressé par ce dernier, malgré ses avances appuyées. Elle, elle préférait un autre brun aux yeux marrons. Désormais renfermée et seule, la jeune-femme demeure une source d'attraction pour le jeune-homme qui ne semble pas vouloir lâcher l'affaire malgré la fac et l'éloignement de la vie. Elle a toujours eu du mal à comprendre. Pourquoi elle ? Elle, qui est si basique, presque ennuyante. Elle se fond dans l'horizon avec une aisance folle. Elle a toujours fait partie du décor, jamais de la pièce principale.

Le vent sur ma peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant